Fiche descriptive Roman Graphique Romuald Giulivo Jakub Rebelka Jakub Rebelka 404 Editions 404 graphic 26 octobre 2023 24€95
9791032405123 Chronique Le dernier jour de Howard Phillips Lovecraft Autobiographie hallucinée |
Providence, 15 mars 1937. Rongé par la maladie et souffrant de malnutrition, le Maître de Providence est en passe de rendre son dernier soupir, seul, dans une sordide chambre d’hôpital. Dans les couloirs décrépits, un homme insiste pour voir cet homme qui se considère comme un auteur raté et revendique la vacuité de sa vie et de son œuvre : Randolph Carter… Cet homme, personnage récurent des nouvelles d’Howard Phillips Lovecraft et que beaucoup considère comme l’alter ego de l’auteur lui-même, va provoquer le mourant, lui jeter à la face ses belles théories et ses idées nauséabondes pour savoir s’il se renie, au seuil de la mort… Carter sera le premier d’une longue liste de fantômes qui vont défiler dans la chambre de l’écrivain, de celle qui fut et demeure son épouse puisqu’il n’a jamais signé les papiers du divorce, en passant par ses illustres prédécesseurs, ces auteurs avec qui il entretint une relation épistolaire ou ceux que son œuvre a influencé et inspiré, sans oublier Nyarlathotep lui-même… Est-ce les effets de la morphine qui seule apaise ses maux ou les délires d’un homme torturé qui vont pousser Lovecraft dans ses retranchements alors qu’il avance vers l’abîme du néant ? Pourquoi tous semble pousser l’auteur à écrire sa grande œuvre, celle qui fera de lui un écrivain reconnu… un ouvrage somptueux et halluciné à la croisé des mondes Alors qu’il était considéré de son vivant comme un auteur raté, d’Howard Phillips Lovecraft a profondément marqué la littérature horrifique et fantastique de son empreinte, s’inscrivant dans la lignée d’un Edgar Allan Poe ou d’un Arthur Machen et inspirant durablement des générations d’auteurs, tels Stephen King, Alan Moore ou Neil Gaiman qui apparaissent dans les visions hallucinées et hallucinantes de l’auteur agonisant.Si, s’inscrivant dans l’esprit des écrits de l’auteur, le scénario de Romuald Giulivo s’avère en tous points fascinant, c’est d’abord le formidable travail graphique de Jakub Rebelka à qui l’on doit notamment La Cité des Chiens (sur un scénario de Yohan Radomski) qui impressionne, force l’admiration et donne furieusement envie de son plonger dans la lecture vertigineuse de ce roman graphique atypique, aussi fascinant et somptueux que sulfureux et dérangeant… La couverture seule est une véritable œuvre d’art, avec ce titre rehaussé d’or qui apparait et disparait selon l’éclairage et sa tranche finement enluminée… Les planches de l’album s’avèrent tout aussi magnifiques, nous entraînant dans des territoires fantasmatiques que seul le Maître de Providence avait osé fouler, nous offrant des visuels écartelés entre les hallucinations d’un mourant dans lesquels se télescopent la réalité et ses créations et des bribes diffuses de son existence tourmentée… Le trait hypnotique et tourmenté conjuguées aux couleurs hallucinées de l’artiste donne corps à la poésie sombre et onirique de Lovecraft de façon saisissante, le fond et la forme se rejoignant dans un chaos vertigineux et pourtant parfaitement maîtrisé… Le scénario de cet album envoûtant s’avère tout aussi fascinant que l’est le dessin. S’appuyant sur une solide documentation, l’auteur a su tisser un récit passionnant qui a tous les atours qu’aurait pu avoir une biographie rédigée Lovecraft lui-même au crépuscule de sa vie, cette grand-œuvre que les personnages se succédant à son chevet le pousse à écrire… Ce faisant, Romuald Giulivo compose un portrait sans concession de cet écrivain tourmenté, sans faire l’impasse sur son racisme, sa misogynie ou son antisémitisme mais rend aussi justice à son style envoûtant et à son génie, incompris de son vivant… Des extraits du journal réel ou fictif d HPL viennent ponctuer le récit, augmentant la dimension fantastique de l’album et ancrant l’histoire dans le réel tandis que les planches la font glisser vers le fantastique halluciné, dans le style caractéristique l’écrivain… Amateurs de l’œuvre tentaculaire de Lovecraft, ne passez pas à côté de ce récit troublant et fantastique qui, s’ancrant dans le réel et glisse imperceptiblement vers les abîmes terrifiants tous droit sortis de la plume et de l’imaginaire tourmenté du Maître de Providence… Alors qu’il agonise dans une chambre de l’hôpital de Providence, Howard Phillips Lovecraft, shooté à la morphine pour atténuer la douleur, reçoit la visite de Randolph Carter, cet alter ego de papier qu’il a si souvent mis en scène dans ses nouvelles… Il n’est que le premier de ses nombreuses connaissances qui vont le pousser à rédiger l’œuvre de sa vie qui lui ouvrira les portes de la postérité… Dans un style évoquant celui de l’écrivain américain, Romuald Giulivo compose ce qui aurait pu être l’autobiographie de Lovecraft, entremêlant sa vie à des motifs puisé dans son univers horrifique et foisonnant mis en scène par les pinceaux hallucinés de l’impressionnant Jakub Rebelka qui nous livre des planches somptueuses et immersives de toutes beauté… Véritable expérience narrative et visuelle, ce dernier jour de Howard Phillips Lovecraft est une réussite tout à la fois chaotique et parfaitement maîtrisée qui rend un hommage saisissant à cet écrivain qui ne connut le succès que post-mortem et qui a influencé tant de grandes figures de la littérature fantastique… - C’est une mauvaise blague, n’est-ce pas ?! Vous ne croyez quand même pas que je vais avaler cela ? Il n’y a rien là-haut. Rien que le vide. Les créatures horrifiques, les civilisations inconnues, c’est bon pour ces satanés lecteurs de Weird Tales… C sont des chimères, des fantasmes puérils…
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