L’action se déroule dans un petit village du nord de la Finlande… Peu après la guerre, on voit débarquer un inconnu qui a racheté le vieux moulin délabré pour le retaper et le remettre en route… C’est peu dire que Gunnar Huttunen est bien accueilli, les habitants se réjouissant de pouvoir payer les bardeaux moins chers qu’auparavant et nombreux sont ceux qui ont répondu à son invitation de partager un repas…
Mais le meunier a un petit défaut : à la moindre contrariété, il se réfugie dans les bois pour hurler à la lune, empêchant les villageois de dormir… Le fait est qu’il n’a plus toute sa raison et le médecin est bien vite persuadé qu’il est totalement fou et nombreux sont ceux qui désirent l’envoyer à l’asile… Il n’y a guère que le policier du village, le facteur et la conseillère rurale, Sanelma Käyrämö, qui le soutiennent envers et contre tous… Cette dernière est d’ailleurs amoureuse de lui, de sa liberté même si elle sait bien que c’est folie que d’aimer un fou…
Après la Forêt des renards, le Meunier Hurlant est le second roman de l’écrivain finlandais Arto Paasilinna, adapté par l’inénarrable Nicolas Dumontheuil…
Une fois encore, le personnage principal s’avère quelque peu atypique, voir totalement fou, et par la même très attachant… Mais sa folie sera révélatrice de celle des hommes qui, sous prétexte de protéger leur petit confort, vont s’efforcer pointer le comportement singulier du meunier et tout faire pour qu’il soit enfermé, arbitrairement et sans autre forme de procès que de le déclarer fou…
Nicolas Dumontheuil, l’auteur très talentueux de Qui a tué l’Idiot, du Roi Cassé ou de l’Impudence des Chiens (pour ne citer qu’eux) s’empare de la matière du roman pour en signer une fascinante et jubilatoire adaptation. Son interprétation du meunier fou s’avère on ne peut plus touchante… Car s’il a clairement l’esprit un peu dérangé et exprime ses émotions en hurlant, Gunnar Huttunen n’en reste pas moins bougrement intelligent et débrouillard… Généreux, prêt à rendre service, à se faire soigner même, il est indéniablement attachant et sa folle idylle avec la pétillante Sanelma qui sert de fil rouge à l’histoire s’avère tout aussi poignante… A travers ce récit baroque et joyeusement déjanté, le romancier et le scénariste pointent les travers de nos sociétés mesquines, conservatrices et conformistes qui ne supportent de voir des marginaux s’évertuer à vouloir être libre, quitte à ne cheminer qu’en dehors des sentiers battus, et qui ont de plus l’outrecuidance d’être heureux…
Le trait semi-caricatural de l’artiste fait une fois de plus merveille. Chacun des protagonistes de cette improbable histoire sont dotés d’une trogne d’une expressivité saisissante… Personnage sauvage et exubérant, son Gunnar Huttunen porte joliment ce récit alors qu’on tombe comme lui sous le charme troublant de la belle Sanelma Käyrämö… L’amitié entre le meunier et le facteur, eux aussi en décalage avec le conformisme exigé par la société finlandaise, est dépeinte avec force de détails tragiquement truculents tandis que l’asile, décrit avec un humour féroce, est une critique en règle contre ces établissements où l’on enfermait tant les malades mentaux que ceux qui était trop différents de leurs concitoyens… De nombreuses séquences sont absolument irrésistibles, telle celle où Gunnar dialogue avec Jésus planté sur sa croix… La nature sauvage et foisonnante si chère à Arto Paasilinna est retranscrite de façon saisissante, la faisant apparaître comme le paradis terrestre, par contraste à la folie furieuse qui règne au village… Sanelma et Gunnar semblent y évoluer tel Adam et Eve, pouvant y vivre leur amour sans honte, loin du regard des villageois… et c’est peu dire que leur bonheur fait plaisir à voir !
Un vent libertaire souffle sur ce roman graphique baroque et jubilatoire signé par le talentueux Nicolas Dumontheuil dont chaque nouvel album est un enchantement…
Alors qu’ils se réjouissaient de la venue de Gunnar Huttunen qui, après l’avoir remis en état relance le moulin de leur petite bourgade, les habitants vont vite déchanter… Lorsqu’il est envahi par une émotion trop intense, le meunier ne peut s’empêcher de hurler, empêchant les villageois de dormir et troublant leur morne quotidien… Dès lors, ils n’ont plus qu’une lubie : le faire interner… Heureusement il pourra compter sur l’aide de Sanelma Käyrämö, la conseillère rurale, dont il est tombé éperdument amoureux…
Porté par le dessin truculent et follement expressif qui caractérise son œuvre, Nicolas Dumontheuil signe une savoureuse adaptation du roman éponyme de l’écrivain suédois Arto Paasilinna… On y découvre un jeune homme exubérant mais attachant, gentiment fou et épris de liberté qui va se heurter au conservatisme d’une petite bourgade finlandaise dans laquelle il souhaitait s’établir comme meunier… Sa folie sera le révélateur de celle, mieux acceptée, de ces hommes et femmes qui ne semblent pas supporter de le voir vivre en dehors des sentiers balisés…
Oscillant entre drame et comédie grinçante, ce Meunier Hurlant nous offre un récit aux allures de conte envoûtant et bougrement rafraîchissant qui propose un critique en règle d’une société régie par les préjugés et l’arbitraire…
- Avc les projets que tu as, et ton moulin en si bel état, tu pourrais arrêter tes conneries. S’ils m’obligent à t’emmener à l’asile à Simo, le moulin tombera en ruine, fatalement. Ton successeur pourrait bien être pire que toi ! Sans doute ! Les fous ne manquent pas. Surtout venant du sud.
- Il est bien sympathique ce bonhomme. Le plus agréable du village, je crois. Bien qu’il soit policier. Ça donne envie de lui faire plaisir. dialogue entre le policier et le meunier
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