Monastier, vingt-deux septembre 1878. Robert Louis Stevenson a 28 ans lorsqu’il décide de traverser les Cévennes accompagné d’un âne qu’il baptiste Modestine…

Il espère tirer de ce voyage matière à un livre… Dormant sous ces mêmes étoiles qui avait éclairé la révolte des camisards dont l’histoire rythme son voyage, faisant de riches rencontres, découvrant des paysages somptueux, il se laisse griser par la liberté…

Mais, alors qu’il noue une étrange relation avec cet âme rétive qui rechigne bien souvent à avancer, Stevenson est hanté par le départ de Fanny Osbourne, artiste américaine avec qui il a vécu durant près de deux ans une histoire d’amour et qui a décidé de rejoindre son époux…

Durant les douze jours et les quelques deux cent kilomètre que durèrent le voyage, Robert Louis Stevenson s’astreignit à écrire chaque matin le compte rendu de son périple de la veille à travers les Cévennes… C’est à partir de ces notes, complétées par des recherches ultérieures sur l’histoire des camisards, protestants de la région qui se sont soulevés suite aux persécutions qui suivirent la révocation de l’Edit de Nantes, que le jeune homme rédigera son fameux voyage…

Nombreuses sont les raisons qui ont poussé l’auteur de l’Île au Trésor, de l’Etrange ces du Dr. Jekyll et M. Hyde ou de Le Maître de Ballantrae à entreprendre ce voyage sur ce chemin désormais emprunté par les randonneurs, avec ou sans âne, désireux de marcher sur les traces de Stevenson et de sa Modestine… Mais sans doute fut-ce son amour pour Fanny Osbourne qui le poussa sur les chemins cévenols, comme le souligne le captivant scénario de Christian Perrissin. Car, tout en décrivant le trajet emprunté par le jeune homme à la santé fragile tel qu’il le relata dans ses écrits, le scénarist évoque sa relation avec l’artiste américaine, de leur complicité naissante à leur amour contrarié par un mari réclamant le retour de son épouse… en passant par la relation houleuse entre Stevenson père et fils, ce dernier menaçant de lui couper les vivres s’il ne revenait pas à Edinbourg… Chargés émotionnellement, ces souvenirs et les rencontres qui émaillent sa route esquissent en creux un portrait de l’écrivain écossais touchant et plein d’humanité…

Les lavis délicats de Michaël Sterckeman parviennent à saisir l’âme des Cévennes que Stevenson avait si bien su retranscrire dans son Voyage avec un âne dans les Cévennes. Ses pinceaux souples et élégants prêtent vie à ceux dont Stevenson croise la route, donnant à chaque rencontre un relief tout particulier. Et si ses paysages s’avèrent de toute beauté, c’est la façon dont l’artiste souligne les émotions et les états d’âme de l’écrivain-voyageur qui rendent la lecture de cet album si poignant…

Christian Perrissin et Michaël Sterckeman s’empare du livre éponyme de Robert Louis Stevenson pour nous conter son périple à travers les Cévennes en compagnie d’un âne…
Le vingt-deux septembre 1878, Stevenson et Modestine quitte Monastier pour gagner Alès… Le voyage devait durer douze jours et couvrir près de deux cent kilomètres. Chaque matin, l’auteur s’astreignait à consigner dans son carnet le récit du voyage de la veille, dans l’idée dans tirer matière à un livre…

Le scénariste a su trouver un subtil équilibre entre les dialogues et les récitatifs qui reprennent des fragments du texte originel. Mais s’il nous raconte en détail les Cévennes tel que Stevenson les a découvertes et les rencontres qu’il a fait chemin faisant, Christian Perrissin revient sur les raisons qui ont poussé l’écrivain écossais à entreprendre ce voyage : cette histoire d’amour contrariée avec Fanny Osbourne, artiste américaine marié et de dix ans son aînée… Les somptueux lavis de Michaël Sterckeman et l’élégance de ses compositions nous entraînent dans les sentiers sinueux et escarpés de ce massif que de nombreux randonneurs empruntent depuis, sur les traces de Stevenson et de Modestine…

Voyage avec un Âne est un album touchant, lumineux et plein d’une humanité revigorante…

Je rendis grâce à dieu d’être libre d’errer, libre d’espérer, libre d’aimer.Robert Louis Stevenson