La défaite de Stalingrad sonne le glas des ambitions du IIIe Reich qui vit ses dernières heures… Promu directeur du collège où il officiait jusque-là comme professeur, Karl Stieg apprend que son collègue, Herr Klein, pourtant âgé, est mobilisé…
Karl et les clients du café Chez Adolf pressentent bien que Hitler ne déposera pas les armes et s’apprête à entraîner dans sa chute l’Allemagne tout entière… Ils en arrivent même à espérer que les fameuses « armes secrètes » tant attendues ne soient qu’un mensonge de plus, sans quoi la guerre se poursuivrait encore longtemps…
Alors que russes et américains convergent vers Berlin, Karl Stieg est, comme il le pressentait, mobilisait à son tour… Il reçoit avec d’autre une formation militaire express, apprenant à marcher au pas et à faire semblant de tirer avec une arme antichar pour ne pas gaspiller les munitions… Partant pour défendre Berlin sans avoir pu faire ses adieux à sa chère épouse, il songe bien se faire la malle à la première occasion, ne voyant pas l’utilité de mourir pour une cause perdue et à laquelle il n’a jamais vraiement cru…
Rodolphe et Ramón Marcos referment donc leur récit nous contant la vie d’une poignée d’allemands, tous clients de Chez Adolf, brasserie rebaptisée ainsi en hommage du Führer lors de son accession au pouvoir…
Reprise en couverture, l’analogie de Hitler avec le joueur de flûte de Hamelin s’avère des plus pertinente, avec sa politique jusqu'au-boutiste qui ne fera que précipiter l’Allemagne au fond de l’abîme, comme le flûtiste chasseur de rats entraîne dans la rivière les enfants de la ville pour qu’ils s’y noient…
Et, alors que le troisième Reich marche inexorablement vers son terme, le discret professeur Karl Stieg qui, avant-guerre, se gardait bien de se mêler de politique, avait fini par prendre prudemment la carte du parti nazi pour ne pas être inquiété, ne peut que constater le désastre dans lequel se trouve son pays… Avec la fin annoncée du régime, il préfère dégrafer l’insigne nazi qu’il portait à la boutonnière, conscient d’avoir fait une erreur en se laissant porter par les évènements… A travers son histoire et celle des hommes et des femmes que ce dernier côtoie, Rodolphe complète son saisissant portrait de la société allemande dans une ambiance fin de règne avec ce quatrième et dernier tome… Raconté à hauteur d’homme, son scénario nous immerge dans leur quotidien alors que l’Allemagne avance peu à peu vers la défaite pressentie par tous… Tandis que la peur de l’arrivée de l’armée rouge et de leurs cortèges d’exaction, réels ou supposés, s’installe peu à peu, chacun espère l’arrivé prochaine des américains…
Comme cela se fait au cinéma, la post face de l’album, esquisse en quelques mots la vie des principaux protagonistes de l’histoire une fois celle-ci achevée… Cela apporte une délicieuse note de crédibilité à l’ensemble, renforçant l’illusion que ce récit est inspiré de faits réels…
Rehaussé par les couleurs délicates de Dimitri Fogolin, le dessin semi-réaliste de Ramón Marcos est encore et toujours particulièrement efficace. Les attitudes parfois théâtrales de ses personnages et leurs expressions délicieusement surjouée confèrent une note d’humour et de légèreté au récit. Le dessinateur fait montre d’un savoureux sens de la mise en scène, témoin cette délicieuse séquence sur l’une des dernières vagues de mobilisation où l’on voit de vieux bonhommes aprpendre virtuellement le maniement des armes est une petite merveille de composition…
Rodolphe et Ramón Marcos parachève leur portrait touchant de cette poignée d’allemand ordinaires fréquentant la brasserie Chez Adolf, de l’avènement au pouvoir d’Hitler jusqu’aux jours suivants sa chute…
Alors que la bataille perdue de Stalingrad a sonné le glas du IIIe Reich, Karl Stieg, désormais directeur du collège où il officiait en tant que professeur, pressens que Hitler ne déposera pas les armes et entraînera l’Allemagne dans l’abime… Mobilisé malgré son âge, comme beaucoup alors que la guerre s’acheminait vers son terme, il reçoit un ersatz de formation militaire avant de partir pour le Berlin pour en défendre les ruines… Ayant assez peu envie d’aller mourir inutilement pour le Führer, il projette de s’échapper à la première occasion…
Le dessin semi-réaliste de Ramón Marcos met en scène de façon théâtrale ce récit qui, dans ce quatrième et dernier opus, dépeint avec finesse et humour le joyeux bordel qui régnait alors que les américains et les russes faisaient route vers Berlin… Les amateurs d’histoire et de personnages ordinaires joliment campés devraient apprécier cette petite visite Chez Adolf…
Le malheur n'était donc pas une fatalité ?Karl Stieg