Dans la salle commune de l’EHPAD, le personnel s’active pour fêter les cent ans d’Allan Karlsson, l’un de ses pensionnaires… Mais le bonhomme qui a voyagé toute sa vie et croisé Truman, Oppenheimer, Churchill, Franco, Staline, de Gaulle et Mao n’a guère envie de finir ses jours à l’EHPAD…

Allan Karlsson décide de fuguer et de partir sur les routes en charentaise… Par un étrange concours de circonstance, il se retrouve en possession d’une valise appartenant à des malfrats et contenant 50 millions de couronnes… Autant dire qu’ils vont tout faire pour retrouver leur pactole !

Au fil des rencontres, Allan, inculte et apolitique, va se souvenir de celles qui ont émaillé sa vie, alors qu’il était sans le savoir dans les coulisses des grands évènements du XXe siècle…

Taillefer et Grégoire Bonne s’emparent du roman à succès du romancier suédois Jonas Jonasson (par ailleurs adapté au cinéma en 2014 par Felix Herngren) pour en signer une savoureuse adaptation…

Il y a indéniablement un petit air de Forest Gump chez ce vieil homme qui a traversé l’Histoire et côtoyé les grands de ce monde et même bousculé sa marche sans en avoir vraiment conscience… Fugueur centenaire, il allait se retrouver traqué par la mafia et meurtrier involontaire alors qu’il allait faire des rencontres impromptues avec des personnages totalement décalés, à commencer par Julius qui, pour d’obscurs raisons d’héritage a passé sa vie à faire des études sans jamais les terminer… Ce qui s’avère être un atout de taille lorsqu’on est en cavale, traqué par des malfrats et qu’on doit s’occuper d’un pachyderme…

Le récit est rythmé par de savoureux flashbacks où l’on voit le désormais centenaire rencontrer des personnages emblématiques du XXe siècle que l’on découvre sous un jour nouveau, dans des situations joyeusement barrés… Mention spéciale à Staline, un brin dépressif, et à l’irrésistible Frère d’Enstein avec qui Allan allait passer quelques années, d’abord au goulag puis sur une plage indonésienne…

Comment ne pas être impressionné par la capacité de Grégoire Bonne à se renouveler à chaque album, changeant radicalement de style et de technique pour servir au mieux le récit. Adoptant un trait semi-caricatural épuré, le dessinateur de Quatre jours de descente et de la Demi-double femme met en scène des personnages délicieusement expressifs qui apportent tout son peps à l’histoire alors que sa mise en couleur permet de s’y retrouver alors que le récit oscille entre présent et passé… Moderne et inventif son découpage s’avère des plus percutants, renforçant le comique de situation du scénario et rendant la lecture on ne peut plus fluide…

Après avoir été adapté au cinéma en 2014 par Felix Herngren, le best-seller déjanté de Felix Herngren est transposé en bande-dessinée par Taillefer et Grégoire Bonne…

Alors que le personnel de l’EHPAD prépare son centième anniversaire, Allan Karlsson décide de se faire la malle… Volant une valise sur un coup de tête sans savoir qu’elle contenait 50 millions de couronnes appartenant à des malfrats, il s’embarque dans le premier bus en partance pour n’importe où… Au cours de sa cavale, le centenaire va faire de nombreuses rencontres, devenir un tueur involontaire et se remémorer sa vie au cours de laquelle il côtoya d’éminents personnages du XXe siècle et bouleversa sans s’en rendre compte le cours de l’Histoire…

L’histoire rocambolesque de ce centenaire fugueur, voleur occasionnel, tueur involontaire et artificier compulsif s’avère totalement barrée et l’on se laisse entraîner par ce scénario déjanté écrit par un scénariste et un dessinateur très inspirés dont les talents complémentaires donnent naissance à un album aussi rafraîchissant que jubilatoire.

- Je m’appelle Allan, j’ai cent ans et je viens de fuguer en volant une valise.
- Un voleur de cent ans. Tu dois avoir faim.
- Et soif !dialogue entre Allan et Julius