Quelle étrange idée, pourrait-on se dire, en voyant sur les étals un album consacré à Laurel et Hardy, duo comique né au temps du cinéma muet que les jeunes générations ne connaissent sans doute même pas de nom… Et pourtant…

Pour moi qui ne suis plus tout jeune mais qui n’était néanmoins pas ncore né lorsque Stan Laurel est parti rejoindre son ami dans le firmament, évoquer Lauret et Hardy, c’est un générique qui me revient en mémoire et des après-midi passées en famille devant le petit écran, à cette époque qui semble si lointaine où la télévision réunissait encore les familles… De la nostalgie donc… Mais cet album solidement documenté de Gianluca Buttolo m’a furieusement donné envie de faire découvrir à mon tour Stan et Olivier dans leurs histoires irrésistiblement burlesques…

Pourquoi ? Parce que la structure narrative est tout d’abord brillante… Loin de nous raconter une banale biographie du duo comique le plus célèbre du cinéma qui a connu le tour de force de séduire le public avant et après l’arrivée du cinéma parlant, l’auteur use d’un biais savoureux et pertinent qui lui permet de donner la parole à un Arthur Stanley Jefferson devenu vieux et qui raconte ses souvenirs à un petit garçon désireux de faire un exposé sur lui… Car, figurez-vous que le bonhomme qui prenait soin de répondre aux lettres qu’il recevait, était dans l’annuaire et répondait lui-même au téléphone, tel l’appel de ce petit bonhomme à qui il va répondre… Les questions du gamin sont transmise par un texte en blanc sur fond noir, à la façon des intertitres du cinéma muet… Le récit de Stan Laurel est baigné d’une douce mélancolie, d’une tendresse poignante qui nous touche et nous émeut plus que de raison…

On voit Stan Laurent affronter plus d’une fois Hal Roach à propos des contrats qui ne leur convenait pas ou plus et vouloir lui imposer certaines choses sans jamais vraiment y parvenir… Mais c’est surtout l’amitié de ce duo qui semblait en être le moteur, leur complicité à la vie leur permettant de donner le meilleur d’eux même à l’écran, brodant autour d’une thématique ou d’un scénario qui pouvait tenir sur le quart d’une moitié d’un ticket de métro, tel ce « Piano » qui était tout à la fois le titre et le scénario d’un de leurs courts métrages, leur génie comique et leur sens de l’improvisation faisant le reste…

Si le récit est mené de main de maître par un Gianluca Buttolo très inspiré et particulièrement habité par son sujet, son trait épuré et son sens de la composition font merveille… Truffant son récit d’anecdotes savoureuses ou surprenantes, il retranscrit avec finesse la complicité et l’amitié unissant Olivier et Stan et cet humour si singulier qui faisait le charme de ce duo comique… La mise en scène de l’album s’avèrent tout à la fois fascinante et inventive, contribuant à distiller cette émotion qui vous prend et vous transporte dans l’ombre de ces grandes figures du cinéma… Rares sont les biographie dessinée qui permettent une telle rencontre avec un artiste tant et si bien qu’une fois l’album refermé, on a l’étrange impression de venir tout juste de raccrocher le combiné après de longues heures de conversation avec le passionnant Stal Laurel, la lettre refermant l’album s’avérant quant à elle tout juste bouleversante…


Gianluca Buttolo signe une bouleversante et fascinante biographie dessinée de l’un des plus célèbres duos du cinéma : par Stan Laurel et Olivier Hardy…

Né alors que le cinéma était muet, ces deux artistes ont su se renouveler et comptent parmi les rares figures à avoir poursuivi leur carrière avec l’avènement du parlant… S’appuyant sur une solide documentation et utilisant un biais narratif ingénieux qui fait d’un Laurel vieillissant le narrateur de l’histoire : figurant dans l’annuaire, l’artiste est appelé par un gamin désireux de faire un exposé sur le duo qu’il formait avec Hardy, ses questions étant posée par le truchement d’intertitres évoquant ceux du cinéma muet…

Truffé d’anecdotes, remarquablement bien écrit et mis en scène avec une inventivité graphique saisissante et une poésie tendrement mélancolique, ce Laurel et Hardy est un véritable concentré d’émotion teinté d’une douce mélancolie qui donne furieusement envie de se replonger dans l’un ou l’autre de leurs courts métrages où leur complicité et leur amitié se voyait à l’écran…

- Toi, Seth, tu regardes Laurel et Hardy explorer le monde et ses écueils.
- Mais nous, en réalité, nous sommes la pointe d’un iceberg, le fruit d’un immense travail, invisible aux yeux du public.dialogue (imaginaire) entre Hardy et Laurel