En pleine prohibition et pour sauver leur couvent criblé de dettes et en passe d’être vendu, les sœurs de Saint-Patrick sont entrées dans l’illégalité…
Restaurant un vieil alambic, la congrégation distille un alcool de grande qualité qui trouve rapidement son public… Mais les sœurs ont dû séquestrer le Père Mathew, membre du Ku Klux Klan, tandis que sœur Holly, alias Maureen O’Hara, récemment accueillie comme novice, s’est enfuie avec la recette de la vente de leur première distillation avant d’être rattrapée par son passé : Franck Wallace, redoutable gangster qu’elle a connu dans une autre vie et qui exige des sœurs qu’elles produisent leur divin nectar pour son propre compte…
Pour ne rien arranger, deux agents du Bureau of Investigation viennent sur place pour enquêter sur le meurtre de deux hommes noirs dont le corps a été criblé de balles avant d’être pendus… Entre le Klan qui gangrène la région, les légitimes ressentiments des sœurs envers Sœur Holly qui a trahit leur confiance, la pègre et le Bureau of Investigation, ancêtre du FBI, les sœurs de Saint-Patrick auront fort à faire pour sauver leur couvent…
Signé par Gihef, L’Elixir du Dieu s’inscrit dans la droite ligne du Sister Act d’Emile Ardolino… Mais un Sister Act revisité par Tarantino tant ça défouraille à tout va sur la fin avec cette sœur interlope débarquant dans un couvent pour se mettre quelque temps au vert tandis que le passé et ses accointances mafieuses vont rattraper… S’inscrivant dans un genre assez codifié, le contexte de la prohibition apporte au récit des arômes boisés et de poudre noire particulièrement intéressants…
On retrouve donc Sœur Holly en bien fâcheuse posture dans ce scénario délicieusement alambiqué ( ) riche en surprises et en rebondissements… Tout est clairement réuni pour finir en apothéose alors que le B.O.I., le K.K.K. et la pègre vont se retrouver au cœur d’un couvent qui a toutes les chances de se transformer en champ de bataille… Le scénariste esquisse les portraits de personnages convaincants qu’on aurait aimé connaître davantage mais auquel le scénario qui se poursuit sur un rythme endiablé ne peut donner qu’une place ténue… Mais l’Elixir de Dieu est un récit de genre et le moins que l’on puisse dire c’est que Gihef en maîtrise les codes et la narration, composant un subtil assemblage de polar, de film d’action, de drame et de comédie…
Pour mettre en scène cette histoire de sœurs pas toujours catholiques, de gangsters et de klanistes, Christelle Galland adopte un style semi-réaliste particulièrement pertinent. Reflet de leur caractère souvent bien trempé, les trognes de ses personnages s’avèrent joliment expressives tandis que son sens du cadrage confère à l’ensemble un petit air cinématographique fort à propos, le tout porté par une mise en couleur solide…
Deus Ex Alembicus referme un dytique haut en couleur qui nous entraîne au cœur d’un couvent en faillite dans l’Amérique de la Prohibition…
Pour sauver le couvent Saint-Patrick, les sœurs ont accepté de distiller pour le compte de la pègre, produisant un breuvage de grande qualité. Ancien souteneur de Maureen O’Hara, connue désormais sous le nom de Sœur Holly, Franck Wallace compte bien faire travailler les sœurs pour lui mais tout ne sera pas tout à fait comme prévu… Il faut dire qu’entre le Père Mathew, membre du KKK séquestré par les sœurs, et les deux agents du Bureau of Investigation venu enquêter sur deux meurtres perpétrés par le Klan, la situation s’avère des plus explosives !
Mené sur un rythme effréné par un Gihef très inspiré qui a su trouver un subtil assemblage de polar, d’action et de comédie, l’Elixir de Dieu est mis en scène avec efficacité par le tait souple et énergique de Christelle Galland et sa mise en couleur solide…
S’inscrivant dans l’esprit du Sister Act d’Emile Ardolino revisité par Quentin Tarantino, ce diptyque ravira les amateurs de récit de nones pas toujours très catholiques et de gangsters délicieusement… alambiqués…
- Vous ne pouvez pas porter ça, mon fils, c’est un outrage envers l’Eglise t ss émissaires.
- Ah !Ah !Ah ! Elle est bin bonne, celle-là ! Parce que franchement… Avouez qu’il se passe des choses peu catholiques, ici ! En tout cas, votre curé semble avoir des choses à raconter à qui voudrait l’entendre…dialogue entre la mère Supérieure et Franck Wallace
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