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Shakespeare
De Bruit et de Fureur



Fiche descriptive

Thriller

De Bruit et de Fureur

Tome 1

Philippe Pelaez

Éric Liberge

Éric Liberge

Glénat

4 septembre 2024


17€50

9782344058770

Chronique

Londres, 1605. Alors que la peste fait des ravages, le roi James confie une mission de la plus haute importance à William Shakespeare : retrouver Michael Morrisaw. Cet ancien acteur serait un espion qui menace la monarchie.

Ce nom n’est pas étranger au dramaturge : alors que Morrisaw officiait dans sa troupe, il a disparu en lui volant le manuscrit de Macbeth ! Shakespeare entame une sombre enquête qui commence dans les bas-fonds de Londres, là où l’air est vicié de crime. Il connaît ces endroits pour les avoir fréquentés, mais aujourd’hui tout se trouble.

En proie à de terribles cauchemars, Shakespeare est hanté par la vision obsédante d’un homme qui le suit et le nargue, un homme portant l’horrible masque au long bec de corbeau qu’arborent les médecins de peste. Plus Shakespeare pourchasse cette ombre fantasmagorique, plus sa raison vacille.

Pendant ce temps, Morrisaw continue de semer des cadavres. Cet homme, impossible à retrouver n’existe-t-il que dans la tête de Shakespeare ? Pourtant dans les tavernes, les hommes se souviennent encore de lui. Les absences dont souffre le célèbre dramaturge vont bientôt faire basculer l’homme de lettres dans la folie. Est-il celui qu’il croit être ? Où est le manuscrit volé et qui est donc à l'origine de Macbeth, de Roméo et Juliette et d'Hamlet ?
un chef d'oeuvre!


To be or not to be Shakespeare ?
De Bruit et de Fureur, planche du tome 1 © Glénat / Liberge / Pelaez1605. Alors que la peste fait des ravages dans les ruelles crasseuses de Londres et qu’il œuvre secrètement avec Guy Fawkes à un retentissant attentat contre le Parlement, par le truchement de Stonewall, son émissaire, le roi James confie à William Shakespeare, une mission d’importance : retrouver Michael Morrisaw, qui fut un ancien acteur de sa troupe et dont les activités d’espion représenteraient une menace pour la couronne.

Contraint par la demande insistante de son protecteur, Shakespeare se met à traquer celui qui fut son ami et qui l’a quitté en lui volant le manuscrit de Macbeth… Son enquête l’entraîne dans les bas-fonds de la capitale qu’ils avaient jadis fréquenté ensemble, rencontrant leurs connaissances communes qui pourraient aiguiller ses recherches.

Hanté par de terrifiants cauchemars et d’inquiétantes visions, le dramaturge sent sa raison vaciller. Qui est cet énigmatique personnage arborant le costume des médecins soignant la peste et qui semble le connaître mieux qu’il ne se connaît lui-même ? Comment expliquer ses absences et ses souvenirs qui semblent si confus ? Qui est ce Shakespeare dont se souvienne ceux qui l’ont côtoyé et qui lui ressemble si peu ?


De Bruit et de Fureur, planche du tome 1 © Glénat / Liberge / Pelaez
dans l’esprit torturé et tourmenté du Barde d'Avon
Philippe Pelaez impressionne par sa boulimie scénaristique, son talent confondant, sa capacité à explorer de nombreux genres et à travailler avec des dessinateurs virtuoses dont le style colle parfaitement à son propos… S’emparant du fascinant personnage de William Shakespeare, ce de Bruit et de Fureur voit le prolifique et talentueux scénariste associer sa plume aux pinceaux fascinant d’Eric Liberge dont le formidable travail sur le Suaire ou La Guerre des Paysans nous a tout particulièrement bluffé.

Le personnage du dramaturge élisabéthain n’a pas fini de faire couler l’encre et de fasciner ses admirateurs… Comment l’auteur de pièces majeures peut-il être aussi méconnu ? Comment expliquer toutes ces zones d’ombres l’entourant et qui ont alimenté les fantasmes et fait courir les bruits les plus fous sur cet auteur dont on ne possède quasiment aucun écrit ? C’est dans ces zones d’ombre, ténébreuse mêmes, que s’engouffre le scénariste, pour tisser un récit qui entraîne le lecteur aux portes même de la folie du dramaturge… Le lecteur découvre un William Shakespeare tourmenté, doutant de son identité même, avec des personnages qui l’ont croisé et lui renvoie une image qui ne semble pas être celle qu’il a de lui-même… Ses certitudes se lézardent, son identité même semble être sujette à caution… Qui est-il ? Quel acte terrifiant a-t-il bien pu commettre pour souffrir à ce point et douter de sa nature profonde ? Quelle relation entretient-il avec Christopher Marlowe qui semble être resté dans son ombre avant de mourir dans une prétendue querelle d’ivrognes ? Bagarreur, espion, homosexuel et hérétique autant que faussaire, Marlowe est un personnage tout aussi trouble que le fut Shakespeare et de récentes recherches laissent à penser qu’ils ont collaborés sur plusieurs œuvres du Barde d'Avon…

De Bruit et de Fureur, planche du tome 1 © Glénat / Liberge / PelaezSe déroulant dans un contexte historique et religieux pour le moins complexe, le scénario tortueux et torturé élaboré par Philippe Palaez s’avère tout aussi exigeant que fascinant et captivant, brouillant les pistes et les repères pour mieux happer le lecteur et l’entraîner dans l’antre de la folie où Shakespeare semble lutter avec un autre lui-même pour s’achever sur un twist savoureux qui donne toute sa force à cette histoire et l’éclaire d’une lumière… ténébreuse…

Et il y a ce dessin en tous points fascinant d’Éric Liberge qui retranscrit avec finesse les doute et les tourments du dramaturge et nous entraîne dans les bas-fonds londoniens livré au spectre de la peste à la suite d’un insaisissable et inquiétant fantôme semblant jouer à un jeu malsain avec l’enquêteur qui se fait tour à tour chasseur et proie, luttant contre ses démons intérieurs qui menacent de lui dévorer l’âme… L’illustration de couverture où l’on voit Shakespeare, embarqué à bord d’une sombre barque conduite par un mystérieux nocher évoquant la figure de Charon, en proie à une sinistre terreur donne le ton de ce premier opus d’une trilogie dérangeante et troublante. Les compositions de l’artiste s’avèrent comme de coutume fascinantes et l’on se perd à contempler son formidable travail graphique qui pose avec art cette ambiance oppressante et viciée distillée par un scénario diaboliquement vénéneux…

De Bruit et de Fureur, planche du tome 1 © Glénat / Liberge / PelaezScénariste aussi prolifique qu’éclectique et talentueux, Philippe Pelaez s’empare du personnage de Shakespeare pour nous entraîner aux portes de la folie…

Mandaté par le roi James par l’intermédiaire de Stonewall, William Shakespeare doit retrouver la trace de Michael Morrisaw qui fut membre de sa troupe mais aussi et surtout espion et dont les révélations pourraient bien faire vaciller la couronne… Alors qu’il participe activement au complot visant à faire sauter le Parlement, Shakespeare va retourner les lieux interlopes qu’il fréquentait jadis en compagnie de Morrisaw et recroiser les figures d’un passé étrangement diffus qui lui renvoie une image si différente de ce qu’il croit être… Un mystérieux assassin semble suivre son sillage, tuant sans vergogne ceux qui connurent Morrisaw… Tourmenté, Shakespeare semble peu à peu sombrer dans la folie alors que la Peste fait des ravages dans les ruelles de Londres…

S’inscrivant dans une veine littéraire, le scénario de Philippe Pelaez s’engouffre dans les trous béants existant dans la biographie de Shakespeare pour tisser un thriller psychologique délicieusement tortueux où l’on voit le dramaturge perdre peu à peu la raison, hanté par de sordides cauchemars ou traquant un autre lui-même qui se cache derrière le masque inquiétant que portait les médecins lors des épidémies. Sa partition est somptueusement mise en image par les crayons agiles et les couleurs ténébreuses d’un Eric Lieberge particulièrement inspiré et dont le remarquable travail n’en finit plus de nous fasciner au fil des albums…

Ce premier tome de la trilogie De Bruit et de Fureur est un album exigeant mais particulièrement envoûtant qui nous entraîne dans le cerveau dérangé d’un des plus célèbres et, paradoxalement, des plus méconnus, des dramaturges…


- Messieurs, je puis vous affirmer que William n’a pu revoir ce Michael Morrisaw. Car si cela avait été le cas, Morrisaw serait mort. N’est-ce pas William ?
- Je… Je ne comprends pas…
- Voyons, ce Morrisaw ! C’est bien celui qui vous a volé, n’est-ce pas ?
- Il m’a… volé ?
- Votre pièce ! Celle du général écossais qui assassine son roi pour prendre sa place Macbeth ! Vous disiez que c’était votre pièce préférée et que si vous retrouviez ce Morrisaw, vous lui enfonceriez votre dague entre les deux yeux !
- Je ne me souviens pas… Je ne me souviens plus…dialogue entre un conspirateur et William Shakespeare


Le Korrigan




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