Policier, Tom vient d’être muté au milieu de nulle part, dans un bourg perdu au cœur du Wyoming… Pour son baptême du feu, ses collègues l’envoient régler une querelle de voisinage… simple… en apparence…

C’est ainsi que sa tout croise Rose Shaw, que tout le monde appelle Dirty Rose, une femme qui vit seule dans un mobil home délabré… Pour trop avoir aimé sa liberté, les excès, l’alcool et les hommes, elle semble s’être attiré l’inimitée de tout le comté et tous aimeraient la voir dégager au plus tôt…

Ne comprenant pas trop l’origine de la haine qu’elle suscite, Tom va chercher à l’aider… Même si d’aide, Rose n’a en guère besoin et ne fait rien pour l’endiguer… Elle a l’habitude de régler ses affaires seule… Et c’est bien ce qui inquiète Tom…

Dirty Rose est une mystification… Les premières séquences nous laissent à penser qu’on s’est lancé dans la lecture d’un polar somptueusement mis en aquarelle par un Benoit Blary comme toujours très inspiré… Il n’en est rien… Sans doute est-on plus près du road-movie que du polar… Mais ici point de déplacement le long d’une route dangereuse et semée d’embûches… L’action se déroule aux abords d’un mobile home délabré et branlant perdu au milieu de nulle part… Du western alors peut-être ? Peut-être… Mais pas que… Les vents tourbillonnants du désert soulèvent suffisamment de poussière pour brouiller les pistes et les repères… pour notre plus grand plaisir !

L’écriture ciselée de Marzena Sowa nous immerge avec art dans cette Amérique authentique, profonde, puritaine et hypocrite où deux personnages attachants vont se rencontrer et apprendre à se connaître et peut-être même à s’apprécier, alors même qu’ils étaient appelés à ne jamais se rencontrer… Tom est venu dans ce coin perdu pour fuir la ville que sa fiancée ne supportait plus… Mais, sitôt arrivé, il apprend qu’elle ne le rejoindra pas… Il se retrouve donc seul et tente tant bien que mal de s’acclimater à la vie de cette petite bourgade presque sans histoire, de sortir avec ses nouveaux collègues ou de flirter avec une serveuse souriante… Rose est une paria qui se garde bien de tisser des liens avec le voisinage, bien que certains murmurent qu’elle aurait eu une liaison avec tout ce que la ville compte de mâles, ce qui ne manque pas de lui valoir l’inimitée de leurs femmes… Mais Rose, elle s’en fout… Ce qu’elle veut c’est vivre comme elle l’entend sur ce petit coin de terre dont tous aimeraient la chasser… Tom ne comprend pas pourquoi la police ne fait rien quand son mobil home part en fumée dans un incendie sans doute criminel… Et ne voit pas d’un bon œil que sa tronche circule sur les réseaux sociaux avec un texte suggérant que lui et Rose entretenaient une liaison… Leur rencontre va faire des étincelles… Tom semble bienveillant mais Rose ne baisse pas sa garde, d’autant qu’il est flic… Un flic atypique, sûr, mais un flic quand même…

L’autrice joue avec les figures archétypales de l’Amérique profonde qui vont se mêler et s’entremêler alors que deux chiens vont s’ébrouer dans un jeu de quille et bousculer les habitudes et le quotidien des habitants du cru… Emotions et révélations sont au rendez-vous tandis que la fin se charge d’une cruelle mais sublime mélancolie qui vient justifier le comportement décalé de Rose et son attachement à ce lopin de terre où elle a posé sa maison…

Le magnifique travail graphique de Benoît Blary installe d’emblée cette ambiance si particulière qui fait tout le charme de l’histoire. Ses couleurs fascinantes retranscrivent l’aridité de la région, la beauté et l’immensité des paysages, et l’atmosphère singulière qui règne sur la bourgade où Rose semble attirer toutes les inimités et où chacun semble avoir un compte à régler avec elle… En quelques traits acérés, il esquisse le portrait des habitants du cru, attachants ou horripilants mais si caractérisé que le lecteur semble les croiser en même temps que Tom…

Marzena Sowa et Benoît Blary nous entraînent dans l’Amérique profonde à la rencontre d’une femme singulière que tous surnomment avec dédain « Dirty Rose »…

Sa fiancée ne supportant plus la ville, Tom, policier, a demandé sa mutation dans ce coin paumé dans les plaines de l’ouest américain… Oui mais voilà : il vient d’apprendre qu’elle ne l’y rejoindra pas… Comme s’il le bizutaient, ses collègues l’envoient chez une dénommée Rose pour régler un problème de voisinage… Elle vit seule dans son mobile home, à l’écart de la bourgade et son comportement et sa liberté lui attirent la haine de ses concitoyens… qu’elle méprise ouvertement… Tom va lui tendre la main… Mais Rose n’est pas du genre à accepter d’aide… surtout celle d’un flic !

Porté par les somptueuses aquarelles de Benoît Blary, le scénario ciselé de Marzena Sowa oscille entre polar, western et road-movie immobile. A travers leur récit, les auteurs esquissent un portrait de l’Amérique profonde et mettent en scène des personnages du cru authentiques et crédibles, emplis d’idées reçues et de jugements à l’emporte-pièce… Dirty Rose est au final un récit atypique baigné d’une atmosphère délicieusement oppressante qui louvoie entre les genres pour mieux surprendre le lecteur… une des délicieuses surprises de cette rentrée littéraire…

- Voilà le dossier de Madame Shaw. Ajoute ton rapport.
- C’est une affaire fraîche ?
- C’est toujours frais avec Rose. Enlèvement, braquage, vol à main armée, conduite en état d’ébriété, agressivité envers un agent de police.
- Eh oui, Madame Shaw est un roman en soi… Mal écrit et que personne ne lira jamais.dialogue entre Edith et Tom.