XIIe siècle. A feu et à sang, le Royaume d’Angleterre est gagné par la famine. Malgré la perte de son épouse et de son nouveau-né durant un hiver particulièrement rude, Tom, maître bâtisseur, n’a pas perdu le rêve d’édifier une cathédrale à la gloire de Dieu. Depuis qu’il a échappé à une mort certaine grâce à Ellen, ils ont formé une nouvelle famille et arpentent désormais les routes avec Alfred, son fils, Ellen et son fils Jack, bravant le froid, la faim et la misère sur les routes enneigées du royaume pour trouver un chantier où exercer son art…

Leurs errances les conduit à Kingsbridge où est bâti une cathédrale qui aurait bien besoin de réfection… Mais, faute de moyens, les moines ne peuvent l’engager et ne leur offre l’hospitalité que pour une nuit… Mais dans cette nuit, leur destin va basculer… Un incendie incontrôlable embrase le toit de l’église et l’édifice n’est, au petit matin, qu’un tas de ruines fumantes… En échange du gîte et du couvert et acceptant d’attendre des temps plus cléments pour être réénuméré, Tom propose à la communauté de reconstruire la cathédrale de Kingsbridge…

Alors que les moines vont solliciter l’aide de l’évêque et du roi, certains s’élèvent contre la présence d’Ellen dans l’enceinte du monastère… Tom devra-t-il choisir entre la femme qu’il aime et son rêve de pierre ?

Après la Bombe, album fascinant scénarisé avec Laurent-Frédéric Bollée et mis en image par l’impressionnant Denis Rodier, Didier Alcante s’est attaqué à un monument de la littérature britannique en signant l’adaptation du chef d’œuvre de Ken Follett, Les Piliers de la Terre…

Après un premier tome somptueux et qui nous entraînait en Angleterre dans une époque tourmentée, voici que parait le second opus qui voit Tom arrivait à Kingsbridge, ville autour de laquelle allait, comme le savent les lecteurs du roman, graviter l’essentiel de l’intrigue… Le scénariste chevronné s’empare de la matière du roman pour tisser un récit médiéval rythmé et passionnant. Didier Alcante parvient avec brio reconstituer cette période tourmentée de l’histoire de l’Angleterre suite au terrible naufrage de la Blanche-Nef qui laissa la couronne sans héritier et plongea le royaume dans une guerre civile. Son découpage met en lumière les tensions qui existaient alors entre l’Eglise et la Couronne, politique et religion étant en ces temps lointain inextricablement liés… Les séquences de l’audience du prieur avec l’Evêque et le Roi les restituant de façon particulièrement captivante… Et, tout en exposant le contexte historique aussi richement que le faisait le roman, il nous donne à voir la vie quotidienne des hommes et des femmes de l’époque, qu’ils appartiennent au siècle ou à Dieu à travers le destin de Tom, un modes Maître Bâtisseur qui rêve de construire un bâtiment défiant le temps…

Sublimé par les couleurs fascinantes de Jean-Paul Fernandez, le dessin de Steven Dupré est au diapason du scénario, restituant l’âpreté de l’époque à travers des personnages hauts en couleur sur fond de lutte pour le pouvoir. La passion qui anime Tom exposant les plans du futur édifice et le dilemme qui sera bientôt siens est retranscrite avec force par le trait réaliste du dessinateur du Faucon Déniché. Ses cadrages soignés offrent une amplitude saisissante à ses planches et si certains préféreront les rendus des planches couleur, la version noir et blanc donne toute la mesure du talent de cet artiste qui a clairement franchit un palier avec cette série…

Second opus de la formidable adaptation en bande-dessinée du chef d’œuvre de Ken Follett signé par Didier Alcante et Steven Dupré Le Feu de Dieu entre dans le vif du sujet après le remarquable tome d’introduction…

Après avoir lutté contre le froid mordant, la misère et la faim, Tom le Bâtisseur, Ellen, sa nouvelle compagne, et leurs fils respectifs, Alfred et Jack arrivent à Kingsbridge… La cathédrale du bourg aurait besoin d’être rénovée mais les moines n’en ont pas les moyens et ne peuvent offrir l’hospitalité aux voyageurs que pour une nuit… Mais durant la nuit, un feu embrase la cathédrale qui s’écroule avec fracas… Tom propose ses services pour édifier un nouvel édifice, en échange du gîte et du couvert pour lui et sa famille…Avec l’aide de l’évêque, le prieur va trouver le roi pour lui demander le domaine d’un traître à la couronne dont les ressources suffiraient à financer le chantier…

Utilisant avec finesse la matière du roman de Follet, le scénario envoûtant d’Alcante est porté par le trait réaliste de Jean-Paul Fernandez qui redonne vie à un XII siècle plus que convainquant et à des personnages complexes et habités qui font la richesse de cette fresque médiévale… Il fallait une certaine audace pour se lancer dans son adaptation en BD mais les deux auteurs s’en sortent avec brio…

- Je savais que notre cathédrale était branlante… Mais jamais je n’aurais pensé qu’elle s’écroulerait ainsi.
- Mais comment le toit a-t-il pu prendre feu ?
- Je ne sais pas, c’est… c’est l’œuvre du diable.
- Et si c’était plutôt celle de Dieu ?dialogue page 31