Le plus vieux souvenirs de Tanycia remontent à ses deux ans… Elle se trouvait au milieu d’une salle aux dalles recouvertes de sang au milieu d’un pentacle où gisait un cadavre ensanglanté à chacune de ses branches sous le regard froid et accusateur du Dieu Sombre entouré de ses créatures infernales… La peur qu’elle lue dans les yeux des soldats lorsqu’ils se posèrent sur elle lui fit comprendre qu’elle était une abomination…

Sa vie ne fut longtemps qu’errance, sa mère entretenant la peur d’un dragon terrifiant lancé sur leurs traces… Alors qu’elle grandissait, sa nature de bâtarde d’humaine à moitié Aëldr’Aar se révélait… Ce fut d’abord ses yeux verrons puis ses oreilles dont la forme se modifia subtilement alors que se révélaient des capacités surhumaines…

Après bien des drames, elle fut recueillie par la Compagnie du Loup Gris qui lui appris le métier des armes… Le sang des Aëldr’Aar qui coulait dans ses veines pouvait s’avérer être un atout précieux pour la troupe des Libres-Lames qui offraient leur service aux plus offrants… Mais la sinistre malédiction attachée à ceux de sa race semblait la poursuivre, où qu’elle aille…

Après un premier tome très réussi qui mêlait le destin de plusieurs personnages hauts en couleur et nous immergeait dans un univers de dark fantasy fascinant, Nicolas Jarry nous propose de suivre le destin tragique et sublime d’une demi-Aëldr’Aar qui, après avoir caché sa véritable nature, va s’affirmer et l’assumer, contrainte par les événements qui semblent donner raison aux rumeurs de malédiction entourant ceux de son sang…

La première séquence impressionne et donne d’emblée le ton, sombre et sanglant, de ce second opus… Et malgré une petite période d’insouciance, le destin tragique de Tanycia finira par la rattraper… En faisant de la gamine la narratrice de sa propre histoire, Nicolas Jarry parvient comme de coutume à nous en esquisser un portrait saisissant, celui d’une petite fille élevée dans la peur d’un dragon qui ne manquera pas de la rattraper pour la tuer… Le rythme soutenu de la narration rend la lecture aussi immersive que captivante et la montée en tension s’avère savamment orchestrée, avec cette histoire d’amour contre-nature qui offre une étrange respiration au récit… Tout en développant sa passionnante histoire, le scénariste densifie son univers comme il avait si bien su le faire dans le premier opus, un univers foisonnant qu’on devine tentaculaire, dense et cohérent…

Vax signe comme de coutume un travail saisissant… Son trait nerveux met en scène le récit épique et tragique de Nicolas Jarry, nous offrant des planches dynamisées par des cadrages audacieux et percutants. Ces derniers soulignent la noirceur du propos et mettent joliment en image l’implacable destin de Tanycia que l’on voit évoluer au fil de l’histoire et qui va voir sa vie plus d’une fois bouleversée alors que son mystérieux passé lui sera dévoilé… Soignant tout particulièrement les ombres et la lumière qui amorcent une danse macabre autour de l’héroïne, Silvia Fabris signe des couleurs somptueuses qui se marient fort bien avec le dessin de Vax dont on a pu apprécier le travail dans le premier opus de Guerres & Dragons, du même Nicolas Jarry…

Après un premier tome sombre et entraînant qui levait le voile sur un univers fascinant, Nicolas Jarry est de retour pour un nouvel arc narratif, plus sombre et plus tourmenté encore que ne l’était le précédent…

Lorsqu’elle était âgée d’à peine deux ans, Tanycia fut retrouvée au milieu de cadavres sanguinolents disposé aux cinq branches du pentacle dont elle occupait le centre… Le regard que l’on posait sur elle lui firent comprendre qu’elle était maudite… Durant des années, sa mère et elle furent sur les routes pour fuir le « dragon » qui en voulait à sa vie… Et s’ils connurent quelques instants de bonheur lorsqu’ils se fixèrent dans une petite bourgade, ils furent de courtes durée… Elle fut recueillie par Compagnie du Loup Gris où on lui enseigna le métier des armes… Mais son funeste destin n’allait pas tarder se rappeler à elle…

Finement orchestré, le scénario de Nicolas Jarry est somptueusement mis en image par le trait acéré de Vax tandis que les couleurs de Silvia Fabris posent avec art l’atmosphère sombre et tourmentée qui baigne le récit… Tout en déroulant un scénario entraînant, l’auteur développe par petite touche l’univers d’Empires qu’on devine tentaculaire et foisonnant… Empires est un univers de dark-fantasy aussi intrigant que captivant et il nous tarde de lire le troisième opus…

Si je ne m’enfuyais pas, je serais morte avant la fin de l’hiver.Tanycia