Corinne, retraitée, a pris pour habitude de se promener dans son quartier pour prendre l’air et s’évader d’un quotidien trop routinier auprès d’un mari trop casanier qui n’aime pas être bousculé dans ses petites habitudes…

Par hasard, elle tombe sur Marthe, une amie qu’elle a perdue de vue depuis plusieurs années et dont la vie est très différente de la sienne. Libre et émancipée, Marthe mène sa barque comme elle l’entend, côtoyant des amis hauts en couleurs et passant avec eux de bons moments, plein de légèreté et d’insouciance…

Et si Corinne saisissait cette occasion pour être enfin déraisonnable et entamer une nouvelle vie ?

S’inscrivant dans le même mood que le bouleversant et revigorant Soixante printemps en hiver d’Ingrid Chabbert et Aimée De Jongh, l’âge de déraison va voir un vieille dame coquette qui s’est trop longtemps laissée enfermée dans un quotidien routinier s’ouvrir à nouveau à la vie…

Tout en douceur, l’écriture de Dounia Georgeon met en scène une femme attachante et bouleversante de justesse et de simplicité. Difficile de dissocier le scénario du dessin tant l’un et l’autre apportent à l’histoire et participent à esquisser le portrait de Corine, mettant joliment en scène ses émotions et ses questionnements… L’osmose entre le texte et le dessin est telle que les silences en disent long sur le ressenti de cette dame qui va découvrir que, même si le temps a fait son ouvre, la vie est là, qui lui tend les bras…

Epuré et généreux, le dessin généreux de Pascal Michel (Pascal M., donc) s’avère tout simplement touchant. A l’instar de l’autrice, le dessinateur porte sur chacun des personnages un regard plein de tendresse et de bienveillance. On se sent bien en leur compagnie et on apprécie tant de passer quelques instants avec eux qu’on aimerait pouvoir partager un verre avec eux. Difficile de ne pas être impressionné par le découpage, la pertinence de ses cadrages et la fluidité de sa narration qui lui permettent de faire passer une foule d’émotions, même dans les planches muettes, par la justesse de la posture, par un sourire ou un regard…

L’âge de déraison est un hommage à la vie qui se poursuit, malgré le temps qui passe et fait son œuvre…

Sans s’en rendre compte, Corine s’est laissée enfermer dans la routine du quotidien auprès d’un mari trop casanier. Que partagent-ils si ce n’est le même appartement ? Sa rencontre avec Marthe, une amie qu’elle avait perdue de vue et qu’elle retrouve libre et émancipée allait lui ouvrir les yeux. Corinne n’a certes plus vingt ans mais encore de belles années devant elle… Pourquoi ne les vivrait-elle pas, pleinement ?

Il y a une réelle osmose entre l’écriture simple et touchante de Dounia Georgeon et le dessin généreux et épuré de Pascal Michel qui portent tous deux un regard plein de tendresse et de bienveillance sur leurs personnages. Difficile de ne pas être impressionné par la maîtrise graphique et narrative de ces deux auteurs qui signent pourtant leur tout premier album…

- Ah, vos discours de ménagères ! Aujourd’hui, le célibat devrait être reconnu comme une norme sociale, point.
- Solidarité, je suis des vôtres maintenant.
- Quand ça l’arrange, celui-là.
- Avec Anouk, on luttera jusqu’au cercueil !extrait page 26