Sortant de l’hôpital où elle est venue visiter sa mère, souffrant de troubles de la mémoire, Thania Northwood prend un autostoppeur à bord. Marko est SDF, sans emploi et sans voiture, il se rend à Cheyenne pour y retrouver un ami… Thania et Marko vont se retrouver à s’envoyer en l’air dans un motel…

Si Thania n’est pas ce qu’elle pense être, Marko Gregorian n’est pas ce qu’il dit être… Il travaille comme tueur dans une mystérieuse organisation et son job consiste à traquer et éradiquer les cibles qu’on lui désigne… Marko est un chasseur de vampire…

Mais, après avoir étudié méticuleusement le dossier de Thania, Marko comprend qu’elle n’est pas un prédateur et ne peut se résoudre à la tuer, devinant ainsi traître à son camp… Un second tueur est envoyé pour détruire Thania… et tuer Marko…

Le scénario du prolifique et talentueux Eric Corbeyran nous entraîne dans une réalité alternative où les vampires, créatures de la nuit par excellence, existent…

Le récit est centré sur deux personnages : le chasseur et sa proie… Compte tenu de la suite de l’histoire, l’introduction pose avec finesse le personnage de Thania que le lecteur découvre comme un femme un peu paumée qui ne tient debout que grâce aux cachetons qu’elle ingurgite en lieux et place des repas… Lorsqu’elle croise l’autostoppeur, on sait d’emblée, par une mise en scène et un découpage impeccable, que l’homme n’est pas là par hasard et qu’il ne lui veut pas nécessairement du bien, comme cela sera très rapidement confirmé… Marko est un chasseur, et Thania un vampire…

Cette présentation des personnages contraste étrangement avec la couverture où le reflet dans la flaque de sens semble désigner Marko comme étant un vampire, poussant le lecteur à s’interroger tant sur sa véritable nature que sur le rôle qu’il prétend tenir… Trouble accentué par le père vampirique de la jeune femme qui porte un masque inquiétant voilant en partie son visage… L’envoi d’un second tueur qui mettra à jour la trahison de Marko et distille le doute sur ses motivations au sein de l’organisation dont le siège est au Vatican accentue le malaise et promet un second opus riche en rebondissement : est-il celui qui a fait naître Thania aux ténèbres ou suit-il un but plus personnel où Thania ne serait qu’un pion pour lui faire approcher les vampires américains ? Quoi qu’il en soit, ses révélations vont donner un tout autre sens à la scène d’ouverture de l’album qui s’avère au final plus bouleversante encore qu’on le croyait…

Signant à ma connaissance sa première bande-dessinée publiée en France, le dessinateur brésilien Alex Shibao fait montre d’un indéniable talent… Son sens de la composition et des cadrages dynamisent l’action et contribuent à poser l’atmosphère inquiétante de chaque séquence de l’album dans un esprit très cinématographique. Les couleurs de Alex Shibao et son travail sur les ombres et les lumières mettent en joliment valeur mettent en valeur le trait réaliste de l’artiste.

Eric Corbeyran amorce avec la Marque un récit vampirique captivant qui joue avec art des codes du genre pour créer un récit tout à la fois haletant et intrigant…

Lorsque Thania Northwood, représente pharmaceutique à la dérive prend en stop Marko Gregorian, elle ignorait que ce dernier était là pour la tuer… Chasseur de vampire, il a été envoyé sur le continent américain pour mettre un terme à sa trop longue existence… Mais son dossier et son amnésie faisant qu’elle ignore tout de sa véritable nature font que Marko ne peut se résoudre à la tuer. Subodorant une trahison, l’organisation à laquelle il appartient envoie sur place un second tueur pour régler leur cas à tous deux…

Joliment construit, le scénario peut sembler de facture classique mais des éléments font tiquer le lecteur, lui donnant furieusement envie d’en découvrir la suite. On appréciera la façon dont le prolifique et talentueux scénariste parvient à poser ses personnages et à dérouler son récit tout en donnant l’impression d’avoir développé un background étoffé qui vient enrichir l’histoire. Signant son premier album publié sous nos latitudes, le dessinateur brésilien Alex Shibao fait montre d’une saisissante maîtrise de la mise en scène tandis que son trait réaliste colle parfaitement à l’atmosphère de ce diptyque…

- J’imagine que c’est un moment complqué. On s connaît à peine… Vous êtes en droit de douter de moi
- Non… au contraire… Nous sommes suffisamment étrangers pour que je vous croie… Mais c’est comme… comme si un gouffre venait de s’ouvrir sous mes pieds.dialogue entre Marko et Thania