2043. L’eau se raréfie et bouleverse le fragile équilibre de la planète. La Seine est asséchée, les cas de choléra se multiplient et l’état s’apprête à rationner l’eau drastiquement.

Danseuse prodige, la jeune Lupi brûle d’annoncer à sa maman que, malgré son jeune âge, elle a été admise à l’Opéra de Paris… Mais les pénuries poussent sa mère à vouloir quitter Paris et la France pour retourner au Mexique où sa fille est née et où elle a vécu plusieurs années… Même s’il elle ne veut pas partir alors qu’elle accède à son rêve, Lupi n’a guère le choix… Accompagnées de Frida, une amie de sa mère, la jeune fille prend le premier vol pour Cancún et le départ est d’autant plus déchirant que sa mère, ne possédant qu’un passeport français, ne peut embarquer, le Mexique refusant tout ressortissant étranger à cause de la crise climatique…

Après bien des déboires, Lupi et Frida arrivent à l’Hacienda de son père qu’elle trouve abandonnée et envahie de somptueux papillons… Espérant l’arrivée prochaine de sa mère Lupi va renouer avec ses racines et peut-être découvrir les mystérieuses raisons de la disparition de son père…

Un nouveau titre de la collection Métamorphoses s’achète les yeux fermé… avant de les ouvrir en grand pour s’en mettre plein les mirettes… Et cette Hacienda aux Papillons ne déroge pas à la règle tant le dessin de la jeune Clémence Collignon est une petite merveille de beauté et de poésie…

Formée aux Gobelins où elle est à présent professeur, son sens du cadrage et du découpage rendent la lecture de l’album on ne peut plus fluide. Et si son trait est d’une rare élégance, retranscrivant l’émotion de chacun des protagonistes avec une facilité désarmante, son formidable travail sur la couleur s’avère des plus fascinant, de même que sa façon de sculpter la lumière qui vient nimber chaque scène d’une ambiance délicieusement irréelle… Car si, de toute beauté, la couverture accroche l’œil par la qualité de son illustration, par ailleurs joliment mis en valeur par une superbe maquette, les planches de l’album s’avèrent plus belle encore et l’on est entraîné par les états d’âme de cette petite fille contrainte de vivre dans un monde devenu hostile… Délabrée et envahie par les papillons, l’hacienda qui donne son nom à l’album est baignée d’une atmosphère empreinte de mystère et de contemplation qui fait le charme de ce récit initiatique à l’issue duquel on devine que Lupi sortira transfigurée… C’est peu dire que nous avons été bluffé par le talent de cette jeune dessinatrice et je ne peux que vous recommander chaudement de faire un tour sur le site de l’artiste pour en avoir un saisissant aperçu…

Ecrit à quatre mains par Charlotte Girard et Jean-Marie Omont, coscénaristes de L'Île Crocodile et de Lulu et Nelson, ce premier opus de l’Hacienda aux Papillons pose avec finesse le contexte et le personnage de Lupi, danseuse émérite qui en un jour va réaliser son rêve et le voir s’écrouler. Le monde dystopique dans lequel se déroule l’histoire ressemble à s’y méprendre à ce que sera le nôtre d’ici quelques années, puisque nos dirigeant ont décidé que la préservation de notre fragile planète n’était pas un sujet d’importance primordiale. Cela confère au récit une dimension éminemment dramatique puisque l’exil forcé de Lupi en est la conséquence directe. Ce personnage s’avère particulièrement touchant dans le bonheur qui est le sien lorsqu’elle apprend qu’elle est admise à l’Opéra de Paris malgré son jeune âge comme dans le désarroi qui la submerge quand elle apprend qu’elle ne pourra y entrer… Background et personnage principal posé, les auteurs peuvent amorcer leur histoire avec ce retour aux sources et la découverte de l’Hacienda abandonnée où elle pensait pouvoir retrouver son père… Ce père qui n’est qu’une ombre et qui semble être au cœur de trafics louches qui pourrait bien être la cause des ennuis à venir de sa fille…

Les coscénaristes de L'Île Crocodile et de Lulu et Nelson se retrouvent pour signer un nouveau récit entraînant dans la somptueuse collection Métamorphoses…

L’homme a fini par épuiser les ressources de la Terre. Dans Paris comme ailleurs, l’eau est une denrée rare et précieuse. Alors que les cas de choléra se multiplient dangereusement et que l’état s’apprête à imposer de nouvelles restriction, Lilith, la mère de Lupi, décide de quitter la France pour gagner le Mexique où est née sa fille… Comble de malchance, elle annonce sa décision à sa fille le jour où celle-ci, danseuse émérite, a été prise au conservatoire de Paris, malgré son jeune âge… Le départ est d’autant plus déchirant que sa mère ne peut l’accompagner, le Mexique refusant d’accepter sur son sol des ressortissants étrangers. C’est donc en compagnie d’une amie de sa mère que Lupi arrive débarque à Cancún et se met en quête de l’hacienda de son père… Mais elles trouvent celle-ci abandonnée et envahie par de magnifiques papillons…

Si le scénario de ce premier tome s’avère captivant, décrivant avec finesse tant le contexte dystopique que le personnage central du récit, force est de reconnaître que le fascinant dessin de la jeune Clémence Collignon est l’un des meilleurs atouts de l’album. Plein d’élégance, son trait est sublimé par une mise en couleur somptueuse et par un formidable travail sur la lumière que la dessinatrice sculpte avec art. Son sens du mouvement et du découpage s’avère lui aussi remarquable et rendent la lecture de l’album aussi fluide qu’agréable… Superbement édité, collection Métamorphoses oblige, L'Hacienda aux Papillons est un récit jeunesse superbe et intrigant dont il nous tarde de lire la suite…

Tu emmènes ton talent avec toi. Tu pourras t’en servir toute ta vie, où que tu sois.Lilith