 _pl3.jpg) _pl2.jpg) _pl1.jpg) 19 Mai 1514, la chapelle du château de Saint-Germain-en-Laye. Le mariage de Claude de France, héritière du Duché de Bretagne, et le jeune François d’Angoulême se marient tandis que chacun porte le deuil d’Anne de Bretagne, mère de la mariée, morte quelques mois plus tôt…
Cette cérémonie marque le deuil de la promesse faite par Anne à son père, François II, Duc de Bretagne : conserver l’indépendance de la Bretagne et ne jamais l’assujettir à la couronne de France… Pourtant, Anne s’efforça toute sa vie d’être fidèle à cette promesse. Eduquée pour régner, elle défia la puissance de Charles VIII en refusant d’appliquer le Traité du Verger, en se faisant sacrer Duchesse en la Cathédrale de Rennes le 10 février 1489 et en se montrant fine diplomate en épousant Maximilien d’Autriche…
Mais le sort l’obligea à pactiser avec l’ennemi, à faire casser son mariage, jamais consommé autrement que symboliquement, pour épouser le Roi de France, son second fils à venir devant devenir Duc de Bretagne à son décès… A sa mort, la Bretagne était toujours indépendante… Mais le mariage de sa fille avec François d’Angoulême, mariage auquel Anne s’opposait avec véhémence, allait la rattacher pour toujours au Royaume de France…
Si Anne de Bretagne conserve toujours une place à part dans le cœur des bretons, elle n’en a pas moins marqué l’histoire de France par son caractère affirmé, plus même peut-être que ses deux royaux époux. Si le sort ne s’était pas tant acharné sur ses enfants, dont beaucoup moururent précocement, qui sait quel aurait alors été le destin de la Bretagne ?
_pl2.jpg) Bertrand Galic s’empare du personnage haut en couleur de cette femme qui fut deux fois Reine de France pour en tisser un portrait saisissant. L’idée de démarrer son récit avec le mariage de Claude de France et François d’Angoulême qui scelle le destin de cette Bretagne si chère à Anne s’avère être un biais narratif ingénieux qui confère d’emblée un relief saisissant à l’ensemble, montrant comment le combat d’une vie se voit réduite à néant tandis que la promesse d’Anne à son père ne lui aura pas survécu… Le scénariste enchaîne alors avec la narration de l’histoire d’Anne, de la mort de son père à son décès… On y découvre une femme de pouvoir, éduquée pour cela par son père désireux d’en faire son héritière, quand bien même les usages le lui interdisaient. On sent la passion de l’auteur pour son sujet et son amour pour cette Terre de Bretagne, amour qu’il partage avec son dessinateur dont bon nombre d’album se rattache à cette Bretagne historique ou légendaire…
Gwendal Lemercier nous livre comme de coutume un remarquable travail, nous entraînant dans cette Renaissance dont Anne semble être la parfaite incarnation. Sa reconstitution des décors s’avère remarquable, de même que sa façon de mettre en scène cette femme de tête qui entendait bien ne pas se laisser dicter d’ordres par les hommes, fussent-ils rois de France… Son découpage et sa mise en scène s’avèrent tout aussi pertinents, jusqu’à cette dernière case, bouleversante, où l’on voit un chancelier de Montauban vieillissant déposer le reliquaire contenant le cœur d’Anne de Bretagne dans le tombeau de ses parents.
Comme le veut la coutume de cette passionnante collection, l’album s’achève sur un dossier qui vient compléter la lecture. Rédiger par l’historienne Claire l’Hoër, ce dernier revient sur la vie de la dernière duchesse de Bretagne dont le destin fut inextricablement liée à celui de cette terre qu’elle aimait tant…
_pl3.jpg) Tous deux bretons, Bertrand Galic et Gwendal Lemercier font d’Anne, fille de François II et dernière duchesse de Bretagne, un personnage de bande-dessinée… Quoi de plus naturel vu qu’elle a tout de l’héroïne de roman !
Sur son lit de mort, François II, Duc de Bretagne, fait promettre à sa fille, Anne, qu’il désigna comme héritière, de tout faire pour que la Bretagne ne tombe sous le giron de la couronne de France. Instruite et éduquée pour régner, elle provoqua Charles VIII en se faisant sacrer duchesse et en épousant Maximilien d’Autriche… Mais, pour préserver sa chère Bretagne de la convoitise du roi, elle devra néanmoins se résoudre à l’épouser…
Ayant toujours une place à part dans le cœur des bretons, Anne de Bretagne est aujourd’hui peut-être plus connue peut-être que les deux rois qu’elle fut contrainte d’épouser. Cette princesse de la Renaissance incarne pour beaucoup l’esprit même de la Bretagne, libre et indépendante, même si ce rêve mourut avec elle, scellé par le mariage de sa fille, Claude, au futur François Ier. La structure du scénario, qui s’amorce sur le funeste mariage, confère un relief tout particulier à l’histoire tandis que le dessin de Gwendal Lemercier immerge avec finesse le lecteur dans cette période trouble qui vit reprendre le conflit entre le Duché de Bretagne et le Royaume de France, quelques années à peine après la fin de la Guerre Folle… Avec cette Anne de Bretagne, les deux auteurs esquisse le portait fascinant d’une femme qui ne le fut pas moins...
- Je veux que vous reniez nos accords avec la France, signés sous la contrainte Le traité du Verger ne doit jamais s’appliquer, vous entendez ? Jurez-le moi, je vous en supplie !François II, Duc de Bretagne
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