Suite à son best-seller, le très médiatique écrivain Brieg Mahé vient d’être récompensé du Prix Eugène Brillant… Lors de la conférence suivant la remise de prix, il annonce à ses admirateurs et aux journalistes qu’il a pour ambition d’écrire le roman policier ultime : un huis clos à énigme à faire pâlir Agatha Christie elle-même !

Pour créer ce qui sera son chef d’œuvre, il décide de se retirer du monde en passant quelques jours le mythique phare d'Ar-Men situé au large de l’Île de Sein et surnomme « l’enfer des Enfers »… Pour stimuler sa créativité, il invite cinq personnalités : une cinéaste férue de polar, un grand connaisseur de l’œuvre d’Agatha Christie, un auteur de polar aigri, un commissaire retraité et un ancien gardien de phare…

Mais bientôt, la réalité va rattraper la fiction : Brieg Mahé disparait corps et bien avant que l’un des invités ne soit retrouvé mort dans son lit…

Après Belle-île en père et Paul Gauguin - Portrait de l'artiste au Christ jaune, le tandem Patrick Weber / Nicoby se reforme pour un délicieux huis-clos qui joue avec les code du genre pour mieux surprendre le lecteur…

Le cadre s’avère des plus intéressant pour pousser le huis-clos à son paroxysme : une poignée d’individus jetés sur l’Ar-Men et privés de tous moyens de communications avec l’extérieur alors qu’une tempête menace d’isoler plus encore le phare… Ensuite, la personnalité caricaturale de ces personnages hauts en couleurs, tous liés de près ou de loin au polar, si on excepte l’ancien gardien de phare… Il y a tout d’abord cette réalisatrice au talent reconnu qui a adapté de nombreux polar au grand écran mais qui n’a jamais lu un livre de Brieg Mahé et qui a la fâcheuse tendance à paniquer dès que la tension monte d’un cran… Il y a ce féru de l’œuvre d’Agatha Christie qui connaît son travail sur le bout de doigts et ne manque pas d’y faire référence et ce commissaire qui semble s’ennuyer ferme depuis sa retraite ou cet insupportable romancier d’une ironie mordante et au sarcasme facile… Quant à leur hôte, il s’avère tout aussi insupportable, par son orgueil et sa prétention démesurée… L’ancien gardien de phare contraint de rester à terre depuis la modernisation des phares est quant à lui un peu en retrait, presque effacé… Mais sans doute est-il la seule personne normale et équilibrée du groupe…

Dans la plus pure tradition des murders-party, les invités vont se retrouver à enquêter sur de tragiques événements, d’une disparition pour le moins inquiétante jusqu’au premier cadavre, alors même que le coupable est très certainement parmi eux… Les références à « la Reine du crime » distilleront plus d’une fois le doute dans l’esprit du lecteur quant au déroulé des événements…

Le twist final s’avère quant à lui délicieusement inattendu, nous proposant une résolution savoureuse et un épilogue des plus mordant…

Le dessin charbonneux de Nicoby souligne à merveille cette ambiance oppressante qui va crescendo au fil des pages. Ses cadrages audacieux renforcent ce sentiment, rappelant l’exiguïté du phare, personnage à part entière de l’histoire. Les décors épurés et la façon dont il met en scène les personnages évoque par moment une pièce de théâtre et servent joliment les dialogues percutants de Patrick Weber… Sans artifices mais bougrement efficace, la colorisation de Kness est parfaitement raccord avec l’histoire…

Patrick Weber retrouve Nicoby avec qui il avait signé Belle-Île en père ou l’envoûtant Gauguin - Portrait de l'artiste au Christ jaune pour signer un polar porté par un délicieuse mise en abîme…

Lors de la cérémonie de remise de prix pour son dernier best-seller, le médiatique romancier à succès Brieg Mahé annonce qu’il va se lancer dans l’écriture du roman policier ultime, un récit à même de faire pâlir Agatha Christie elle-même ! Pour se faire, il va inviter une poignée de personnages, cinéaste, romancier, commissaire retraité et spécialiste de l’œuvre de Christie à passer quelques jours, coupé du monde, dans le phare d'Ar-Men, « l’enfer des Enfers »… Mais lorsque leur hôte disparait et que l’un d’eux est retrouvé mort, la tension monte d’un cran…

Délicieusement alambiqué et habilement raconté, le scénario de Patrick Weber joue avec les codes du polar en général et du huis-clos en particulier pour mieux happer le lecteur et le surprendre jusqu’à un final aussi ébouriffant qu’inattendu. Le trait charbonneux de Nicoby et les couleurs de Kness servent joliment ce polar où la réalité rattrape et dépasse rapidement la fiction… Edité en (presque) poche à prix modique, ce polar pourrait bien être un compagnon idéal pour les vacances qui s’annoncent…

- Je vais être honnête monsieur Mahé.
- Appelez-moi Brieg et surtout, soyez honnête, c’est justement ce que j’attends de chacun de vous.
- Ok, Brieg : je n’ai lu aucun de vos livres.
- Je m’en doutais.
- Pourquoi ?
- Sinon, vous l’auriez adapté au cinéma. Moi, j’ai vu tous vos films.
- Touché ! Combien serons-nous ? Et qui avez-vous convoqué ?
- Convoqué ? Je dirais plutôt invité ! Nous serons cinq au total, et je ne vous dis pa encore qui. C’est plus fort que moi, j’ai le suspens dans le sang.dialogue entre Amélie Williams et Brieg Mahé