Comme son titre l’indique, ce troisième opus de La Couronne de France est consacré à François Ier et Henri IV, deux figures importantes de la monarchie française, Jean-Pierre Pécau faisant l’impasse sur les règnes d’Henri II, François II, Charles IX et Henri III qui sont néanmoins évoqués mais marquèrent moins durablement l’histoire de France… D’ailleurs, à bien y réfléchir, le choix de ses deux monarques dont l’un voit le pays basculer dans la guerre de religion tandis que l’autre va y met un terme avec son fameux Edit de Nantes, s’avère plutôt cohérent… Autre point commun entre les deux rois : ni l’un ni l’autre n’étaient destinés à régner et seuls les aléas de l’histoire les ont conduits à monter sur le trône de France…

François Ier est sans doute l’un des monarques les plus connu en tant qu’archétype du roi-chevalier de la Renaissance… 1515 est sans doute la date de bataille la plus connue du grand public, tant et si bien qu’elle éclipse la retentissante défaite de Pavie dans la mémoire collective… Mais son ordonnance de de Villers-Cotterêts qui fit du français la langue officielle du royaume, son adoubement par le célèbre chevalier Bayard qu’on disait sans peurs et sans reproches, son amitié avec Léonard De Vinci que l’imagerie populaire a fait mourir dans ses bras font pour beaucoup partie de ces images d’Epinal qu’on nous a inculqué sur les bancs de la communale. Bien sûr, la vérité est tout autre et le scénariste écorne sans vergogne l’image du souverain, dépeignant un roi plus intéressé par l’art, la gloire et la gaudriole que par la conduite les affaires de l’état, faisant de son fidèle Bayard un chevalier certes courageux mais assez bas de plafond qui charge dès qu’il le peut bille en tête sans véritable stratégie ou sens tactique… Comme de coutume, un homme travers les tomes et époques, l’énigmatique Maître Jacques, charbonnier, peut-être ancêtre des fameux carbonari qui existèrent bien avant l’unification de l’Italie ou les tentatives de renverser la monarchie après la restauration sous le nom des « bons cousins charbonniers »… Cela apporte une touche presque fantastique à l’ensemble sans jamais perdre de vue la véracité historique…

Le personnage de Henri de Navarre qui n’était lui non plus nullement destiné à régner fait aussi partie des grandes figures de l’histoire de France, sans doute parce qu’il semblait véritablement soucieux de pacifier et d’apaiser un royaume trop longtemps déchiré par la guerre civile sous fond de guerre religieuse. Très porté lui aussi sur la gaudriole, il se montre néanmoins fin politique et son courage galvanisa ses troupes qui pouvaient, au cœur de la bataille, se rallier à son fameux panache blanc… Il allait néanmoins être lâché un triste jour de mai 1610 par ce mystérieux homme en noir qui semble vouloir infléchir la marche de l’histoire pour donner plus de pouvoir au peuple… Si le bon roi Henri servit un temps ses dessins, tant et si bien qu’il lui sauva par une fois la vie, ce dernier manqua à sa parole, ce que Maître Jacques ne lui pardonna pas…

Somptueusement édité, avec ce dos toilé bleu France et cette somptueuse couverture de Maître Ugo Pinson, l’album réunit donc deux récits tous deux mis en images par l’honorable Roberto Jorge Viacava. Si les décors sont parfois minimalistes, la colorisation de Bertrand Denoulet les met joliment en valeur tandis que les personnages s’avèrent graphiquement pour le moins convaincants car assez conformes à l’image qu’on se fait d’eux…


Jean-Pierre Pécau poursuit ses enthousiasmantes chroniques de l’histoire de la couronne de France avec deux monarques emblématiques parmi les plus connus du grand public : François Ier et Henri IV…

Ni l’un ni l’autre n’étaient pas destinés à régner et si l’un incarne dans l’imagerie populaire l’archétype du roi-chevalier de la Renaissance et vit durant son règne s’amorcer les guerres de religion, l’autre reste le roi qui a mis, provisoirement, un terme aux guerres de religions qui déchiraient le royaume… Ecornant sans vergogne l’image d’Epinal, François Ier est décrit comme un monarque plus soucieux de sa gloire et de la gaudriole que des intérêts du royaume. Sous la plume du scénariste, Henri IV reste ce monarque soucieux du bien de son peuple, désireux de ressouder son royaume, dû-t-il pour cela renoncer à sa foi et se marier…

Jean-Pierre Pécau confère à son récit une dimension presque fantastique avec ce mystérieux Homme en Noir, ce Maître Jacques qui traverses les tomes et les époques, et qui semble désireux d’infléchir le cours de l’Histoire en conférant plus de pouvoir au peuple… M’est avis qu’il prendra part à la Révolution lorsque l’heure sera venue, et combattra âprement la restauration avec ses « bons cousins charbonniers »… Le dessin épuré de Roberto Jorge Viacava porte avec efficacité le récit de ces deux règnes qui met en lumière des évènements moins connus qui s’avèrent on ne peut plus passionnant… Ce troisième tome s’avère tout aussi passionnant que l’étaient les deux premier et a bénéficié du même soin en matière d’édition et du formidable travail de l’impressionnant Ugo Pinson pour la somptueuse illustration de couverture…

- Et bien mes amis, il me semble qu’il ne me reste plus qu’une seule chose à faire.
- Sire… Si vous abdiquez… Qui vous parle de ça, cousin. Je vais signer le traité de Charles.
- Vous ne pouvez pas livrer la France ainsi !
- J’ai dit que j’allais le signer, pas que j’allais le respecter.
- Mais alors Sire, vous serez parjure, aucun roi de France n’a jamais été..
- Parjure, mais libre !dialogue entre François Ier et ses compagnons d’infortune