Alors qu’il travaillait sur une exposition regroupant les dessins et aquarelles réalisées lors de ses voyages en Afrique de l’Est dans le Vieux Moulin de Charleville-Mézières, Joël Alessandra fait le rêve étrange et pénétrant d’Arthur Rimbaud lui demandant de retrouver son ultime poème, celui qu’il aurait, malade et ruiné, pour Mariam, la femme qui partagea sa vie durant quelques années…

Se remettant péniblement d’une rupture amoureuse, le dessinateur décide de partir sur les traces du poète et de retracer son périple africain où il fut tour à tour explorateur, négociant et trafiquant d’armes…

Après son voyage immobile à l’ombre de Mona Lisa (le Voyageur), Joël Alessandra décide de partir sur les traces évanescentes d’Arthur Rimbaud qui, dit-on, tourna le dos à l’écriture alors qu’il n’était âgé d’à peine dix-neuf ans…

Pour le dessinateur, ce voyage a tout du prétexte pour échapper à un quotidien trop propice au questionnement et à l’introspection. Tout en apprenant le périple d’un poète devenu négociant, le lecteur va suivre les pas de Joël Alessandra, les frontières entre les errances de l’un et de l’autre se mélangeant, se confondant même parfois, brouillant nos certitudes et nos repères. Si l’espace est le même, bien que la modernité soit venue chambouler les paysages africains traversés par Rimbaud, cent cinquante ans séparent l’auteur de l’insaisissable poète dont le trait spontané évoque celui des carnets de voyage…

On se laisse entraîner à la suite de l’un et de l’autre, et l’on se perd avec eux sur les pistes africaines que l’on découvre à travers les dessins envoûtants et les aquarelles somptueuses baignée de cette lumière si caractéristique de cette Afrique de l’est si chère à l’auteur et à même d’inspirer l’un des plus talentueux poète de sa génération. De toutes beauté et chargée en émotions, les planches de l’album sont une véritable invitation au voyage et à la relecture des vers des illuminations ou d’une Saison en Enfer si souvent cité par l’auteur…

C’est dans les pas de l’homme aux semelles de vent que se propose de nous entraîner Joël Alessandra, suivant la trace du poète devenu tour à tour explorateur, négociant et trafiquant d’armes…

Alors qu’il préparait une exposition de ses aquarelles et dessins réalisés lors d’un voyage en Afrique, Joël Alessandra se voit, dans un rêve, demander par Rimbaud de retrouver le poème qu’il avait écrit, malade et miséreux, à Mariam qui partagea un temps sa vie. L’auteur allait entreprendre un voyage en Afrique sur les pas de Rimbaud, pour collecter d’éventuels indices et retrouver ces vers disparus…

Le voyage est comme bien souvent un prétexte pour fuir un quotidien trop pesant et se retrouver, au bout de la route, riches de rencontres et d’explorations de paysages exotiques… Les somptueuses aquarelles et les fascinants dessins de l’auteur nous immergent dans ces terres qu’a jadis foulé Rimbaud et dont les pas semblent avoir laissé des marques chez les descendants de ceux qui ont croisé sa route… Cette même route qu’empreinte Joël Alessandra, à un siècle et demi de distance. La frontière séparant la vie et de l’un et de l’autre s’estompe au fil des pages qui sont une véritable et somptueuse invitation au voyage et à la relecture des vers sublimes et tourmentées écrits par un adolescent épris de liberté… Reprenant une phrase écrite par Rimbaud dans l’une de ses correspondance, Je est un autre est un album somptueux et poétique à côté duquel il serait bien dommage de passer…

Du même désert, à la même nuit toujours
Mes yeux las se réveillent à l’étoile d’argent,
Toujours, sans que s’émeuvent les rois
De la vie, les trois mages, le cœur,
L’âme, l’esprit.un matin, une Saison en Enfer