Arizona, 1871. Une bande d’outlaws attaque une diligence, massacrant sans vergogne cocher et voyageurs. Seul un adolescent échappe au carnage et décide de profiter de l’occasion pour endosser l’identité du neveu d’une des victimes.

C’est sous le nom d’Edward G. Pump qu’il est accueilli par le shérif de Blackville qui lui ouvre les portes de la maison. Grâce à son charme, il fait succomber la femme et la fille de l’homme de loi qui finissent bien vite dans son lit. Il va peu à peu tisser sa toile dans la petite ville pour s’assurer un avenir radieux, perçant les secrets de ceux qui ont le malheur de lui tendre une main charitable et s’en servant sans vergogne pour servir ses desseins et son ambition…

Mais l’arrivée d’une cousine du véritable Edward G. Pump allait probablement contrecarrer ses plans pourtant bien huilés…

Avec cette nouvelle série, Rodolphe s’empare d’un personnage historique, un certain Friedrich Trumpf, plus connu sous le nom de Frederick Trump, grand-père de l’actuel président des Etats-Unis d’Amérique… L’album ne cherche pas à retranscrire la vie de cet immigré allemand qui quitta son pays pour échapper au service militaire et qui fit fortune durant la ruée vers l’or en gérant restaurants, hôtels et… maison de passes… Le scénariste s’inspire librement de sa vie pour tisser une fiction mettant en scène un opportuniste, séduisant escroc prêt à tout pour faire fortune… Ce faisant, il créé un anti-héros cynique et calculateur qui endosse le métier de barman, personnage présent dans de nombreux western mais qui n’avait jamais eu l’honneur, jusqu’à présent, d’occuper le devant de la scène…

Ayant les apparences d’un jeune homme bien sous tous rapports, Edward G. Pump est dépeint comme un vil opportuniste qui n’hésite pas à endosser l’identité d’un mort, à trahir l’homme qui lui a sauvé la vie et qui l’accueille sous son toit, à feindre l’amitié par intérêt ou à falsifier un testament pour détourner un héritage… bref, un sale type prêt à tout pour accroître son influence et sa fortune… Menteur, calculateur, manipulateur… Toute ressemblance avec un président existant n’est peut-être pas le fruit du hasard… bien au contraire ! Bien que porté par un personnage aussi malsain qu’antipathique, le récit s’avère aussi entraînant que parfaitement maîtrisé… On voit le jeune Pump construire patiemment son avenir, profitant de toutes les opportunités qui s’offrent à lui, exploitant les faiblesses de ceux qui ont le malheur de croiser sa route… L’arrivée impromptue de la cousine du jeune homme dont il a usurpé l’identité laisse augurer une suite plus nerveuse encore et si on espère qu’il sera prochainement démasqué, sans doute ne faut-il pas trop y compter… Avoir fait de Pump le narrateur de sa propre histoire nous permet de mieux cerner le bonhomme, de comprendre sa façon de penser et ses motivations, esquissant le portrait saisissant d’un parfait salopard à l’apparence d’ange…

Après l’envoûtant et dérangeant Je suis un autre, Radcliff ou l’aventureux Naufrageurs, Laurent Gnoni retrouve Rodolphe pour signer ce western singulier. Comme bien souvent, le dessinateur adopte un style très différent de ses précédents albums pour mieux servir le récit qui lui est confié. Son trait et son encrage s’avèrent des plus élégants et ses cadrages incisifs portent avec force cette histoire, de même que sa mise en couleur pour laquelle il a su trouver un subtil équilibre entre classicisme et modernité. La couverture est quant à elle magnifique et l’on sent que derrière cette gueule d’ange sa cache un homme froid et déterminé…

Après des albums remarquables et remarqués tels le troublant Je suis un autre ou l’aventureux Naufrageurs, Rodolphe retrouve le talentueux Laurent Gnoni pour signer un western singulier mettant en œuvre un homme froid et calculateur librement inspiré de la vie de Frederick Trump, grand-père de Donald, l’actuel président des Etats-Unis…

Seul rescapé d’une attaque de diligence, un jeune homme va adopter l’identité du défunt neveu d’une des victimes et devenir Edward G. Pump. Recueilli par le shérif, il va partager la couche de sa femme et de sa fille, commençant à tisser patiemment sa toile sur la ville de Blackville pour assoir son influence et faire fortune…

Bien que porté par un opportuniste ne reculant devant rien, le récit s’avère aussi captivant qu’entraînant. Mensonges, manipulations, abus de faiblesse et trahison sont au menu de ce premier opus donnant le premier rôle à un tenancier de bar bien trop ambitieux pour être honnête. Le trait élégant de Laurent Gnoni sert remarquablement ce récit de Rodolphe, tout comme ses cadrages incisifs et ses couleurs subtiles… Abandonnant cet anti-héros en bien fâcheuse posture, il nous tarde de lire la suite de ce western bougrement original… Rodolphe est décidemment un remarquable conteur… et Laurent Gnoni un dessinateur très talentueux !

Oui, c’est bien ce jour-là que je suis devenu Edward G. Pump. Du nom de ma malheureuse tante Clémentine… qui repose aujourd’hui au cimetière principal de notre bonne bourgade.Edward G. Pump