Le 27 novembre 1095, prenant acte de l’exaspération des pèlerins, le pape Urbain II lance un appel à la croisade pour délivrer la Terre Sainte lors du Concile de Clermont. Convaincu par Pierre l’Ermite, Godefroy de Bouillon, Vassal de l'empereur Henri IV, sera l’un des premiers grands seigneurs d’occident à répondre à l’appel…

Quittant la Lorraine en août 1096, il compte traverser la Hongrie pour rejoindre Constantinople. Mais le souverain de Hongrie, las des exactions commises par les troupes du croisé dévoyé, le Comte Emich, qui sèment avec ses soudards la mort et la désolation dans son royaume au nom de Dieu, lui refuse le passage. Cet homme sulfureux prétend être le dernier empereur annoncé dans l’Apocalypse de Saint-Jean, celui par qui viendra l’Antéchrist qu’affrontera le Seigneur à Jérusalem pour qu’advienne le règne des élus de Dieu. Godefroy s’engage à ramener au roi de Hongrie la tête d’Emich en échange de l’autorisation de traverser le pays… En défiant celui qui prétend être craint de Satan lui-même, Godefroy est confronté à ses propres doutes et à sa part d’ombre qui le hante et le tourmente…

Alors que les croisés sont en route pour délivrer la Ville Sainte, Godefroy de Bouillon, qui sera le premier souverain chrétien du royaume de Jérusalem, est arrêté aux portes du Royaume de Hongrie. C’est cet épisode méconnu que se propose de nous raconter Rudi Miel, scéariste de Buonaparte et de Libertalia (avec Fabienne Pigière) et de Pompéi…
S’il s’appuie sur des évènements et des personnages historiques, le déroulé de la traversé du royaume de Hongrie par l’armée de Godefroy de Bouillon n’en reste pas moins largement romancé pour en accentuer la dramaturgie et faire de la confrontation entre le seigneur croisé et Comte Emich le point d’orgue de l’album. Si, malgré sa participation probable au sac de Rome de 1084, Godefroy reste dans l’image populaire l’incarnation du croisé, le Comte Emich paraît comme étant sa parfaite antithèse, un exalté fortement influencé par les écrits mystiques de Saint-Jean et qu’on soupçonne d’avoir massacré de nombreux juifs d’Allemagne… Rien se semble attester l’affrontement entre ces deux figures de la Première Croisade mais le scénario n’en reste pas moins efficace et entraînant, la lutte de l’un contre l’autre permettant de mettre en lumière les tourments probables de cet homme appelé à régner sur le royaume de Jérusalem…

Après avoir participé à plusieurs albums collectifs (Dieppe, Bruxelles, Histoires incroyables des Jeux Olympiques, Histoires incroyables du Tour de France…), Théo Dubois d'Enghien signe seul, pour la première fois, les dessins d’une série. Et le fait est qu’il fait montre d’un certain sens de la mise en scène, campant des personnages convaincants et immergeant le lecteur dans cette époque troublée qui a vu plus d’une fois la Papauté et le Saint-Empire s’opposer violemment.
Avec ce second opus consacré au personnage historique de Godefroy de Bouillon, Rudi Miel et Théo Dubois d'Enghien nous racontent les péripéties qui émaillèrent la route de l’armée croisée vers Constantinople…

Arrivé aux portes de la Hongrie, Godefroy se voit refuser le passage à son armée par Coloman le Bibliophile, souverain de Hongrie, échaudé par les exactions et les meurtres perpétrés par le Comte Emich qui prétend être le dernier empereur dont il est fait mention dans l’Apocalypse. En échange du droit de passage, Godefroy promet au roi de Hongrie de lui ramener la tête du croisé dévoyé.

Mêlant faits historiques avérés et fiction, Rudi Miel tisse un récit d’aventure médiéval entraînant ou deux figures que tout semble opposer vont s’affronter : le futur souverain du royaume de Jérusalem et le prétendu Empereur des derniers jours annoncé par l’Apocalypse… Si la confrontation entre Godefroy et Emich n’a sans doute jamais eu lieu, cet artifice narratif permet de mettre en lumière les zones d’ombres du héros de la série, mis en image par un Théo Dubois d'Enghien très inspiré…

- Nous refusons désormais aux soldats du Christ toute autorisationd passage sur notr territoire.
- Et si jamais je vous apportais la tête d’Emich ?
- Cet homme est le diable en personne. Il semble insaisissable.
- La main de Dieu guidera mon épée.dialogue entre Coloman et Godefroy