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Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Pouvez-vous nous parler de vous en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
On est un duo de dessinateurs réunis autour de notre passion pour le Japon. Olivier a fait des études d’art et Cécile de japonais, ce qui nous a permis d’y vivre à l’occasion d’un échange universitaire en 2009.
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Enfant, quel lecteur·rice étiez-vous et quels étaient vos livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupé une place de choix ?
Nous avons eu la chance que nos bibliothèques familiales aient été bien fournies. Nos parents sont des lecteurs de BD depuis toujours et, enfants, nous avons pu ainsi nous plonger dans les œuvres de Hergé, Franquin, Tardi, Moebius… Les BDs nous faisaient rêver, et c’est toujours le cas !
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Devenir auteur.ice de BD, était-ce un rêve de gosse ? Un auteur en particulier a-t-il fait naître votre vocation ?
C’est en effet le métier que nous avions tous deux en tête depuis l’enfance. Petit détail amusant, à notre rencontre, nous nous sommes rendu compte que la première dédicace que nous avions reçu enfants était la même : le tome 1 de Mangecoeur de Jean-Baptiste Andreae. Nous étions tous deux fasciné par la magie et la poésie qui se dégageaient de cette œuvre. Et la beauté de ses couleurs à la main n’a cessé de nous inspirer.

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Comme je vous comprends ! Cet artiste st tout juste incroyable :
Quelles sont selon vous les grandes joies et les grandes difficultés du métier ?
Les grandes joies c’est de débuter (l’excitation des premières idées, le storyboard…) et terminer (recevoir les premiers exemplaires, rencontrer les lecteurs...) un projet. Les grandes difficultés, c’est… un peu tout ce qui est au milieu. Quand on est en plein projet, les tâches peuvent paraître assez répétitives et les jours se ressemblent. Il faut de la patience et de l’endurance pour venir à bout d’un projet. Pour cette raison, on essaie d’avancer vite et de ne jamais passer plus d’un an sur chaque livre.
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Comment est née votre passion pour le Japon ?
Comme beaucoup, ça a commencé avec la découverte de la culture japonaise – films, romans, mangas et films d’animation – mais c’est réellement en habitant sur place qu’on a développé un intérêt plus profond et que l’envie de partager cette expérience et de raconter des histoires est née.

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Comment est née l’idée du Tokyo Mystery Cafe, restaurant atypique sur lequel repose votre nouvelle série ?
A l’époque où nous habitions en Bretagne, la propriétaire de notre appartement nous avait parlé d’un de ses amis, un ancien crêpier, reconverti en détective. La légende dit que, de temps en temps, entre deux enquêtes, il n’hésitait pas à ressortir son matériel pour préparer des crêpes à ses amis. L’anecdote était amusante et nous est resté en tête. Sans doute cela a-t-il donné naissance à ce restaurant de Tokyo dont le patron s’improvise aussi détective privé.
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Comment avez-vous imaginé le trio (quatuor même si on ajoute Watson !) de détectives du Tokyo Mystery Cafe?
On voulait un trio transgénérationnel pour que tous les lecteurs puissent s’identifier. On les a construits pour qu’ils contrastent : le jeune étranger idéaliste, la collégienne geek renfrognée, le quinquagénaire excentrique et dépassé par les nouvelles technologies. L’idée, c’était qu’ils apportent chacun leur regard sur les thèmes abordés. Quant à Watson, c’est un peu la mascotte de la bande, mais il sait aussi se montrer utile quand les circonstances l’exigent.

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Comment concevez-vous l’apparence de vos personnages ? Nahel, Soba et le cuisinier-détective (je n’arrive pas à retrouver son nom !) sont-ils passés par différents stades avant de revêtir les apparences qu’on leur connaît ?
Le personnage de Nahel nous a été inspiré par de jeunes dessinateurs qui viennent nous voir en dédicace et qui ont un peu le même profil. Ils viennent avec leur porfolio sous le bras et nous racontent leur rêve d’aller travailler au Japon. On a essayé d’imaginer la suite…
Au final, le personnage le plus complexe a été le Patron. On avait une image très précise en tête dès le début du projet mais il a fallu faire de nombreuses recherches pour ses vêtements. On s’est donc penché sur le travail de designers japonais qui mixent influences américaines et vêtements traditionnels japonais.

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Quel personnage avez-vous pris le plus de plaisir à mettre en scène ?
On aime bien toute la galerie de personnages qu’on a mis en place dans ce premier tome mais s’il fallait choisir ce serait la directrice de la maison de disque. C’est toujours plus amusant de dessiner les méchants. Surtout qu’elle a plusieurs visages et qu’on a essayé de gratter un peu sous le vernis de la femme d’affaire impitoyable pour révéler son humanité.
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Comment s’est organisé votre travail à quatre mains de l’écriture du scénario à la planche finalisée ? Quelles sont les différentes étapes de votre travail et quels outils utilisez-vous ?
C’est une sorte de ping-pong créatif. On commence par échanger des idées puis Olivier écrit le scénario, Cécile dessine le storyboard et les crayonnés. Olivier fait ensuite l’encrage puis Cécile les couleurs. Question outils, pour cette nouvelle série, on voulait pouvoir travailler en voyage (notamment lors de nos repérages à Tokyo) donc on a travaillé sur iPad Pro. On le glisse dans notre sac et on peut dessiner partout : dans le train, à l’hôtel...

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Quelle étape vous procure le plus de plaisir ?
Le storyboard car c’est le moment où tout se joue : on esquisse rapidement les pages et on corrige à la volée. L’histoire prend forme sous nos yeux, c’est assez excitant !
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La couverture de l’album s’est-elle rapidement imposé où est-elle passé par différentes versions avant que le choix ne s’arrête sur celle que l’on connaît ?
Ça a été très compliqué et il y a eu de nombreuses versions. Il fallait trouver une idée qui puisse se décliner sur plusieurs albums et qui porte notre patte tout en s’inscrivant dans le catalogue Dupuis. Heureusement, on a été aidés par Jean-Luc Deglin (l’auteur de « Crapule » aussi chez Dupuis) qui s’est occupé du design du titre et de l’organisation de la couverture. Au final, la couverture est le résultat de nombreux échanges entre nous, Camille (notre éditrice), Jean-Luc et le reste de l’équipe Dupuis. Un vrai travail d’équipe !
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Pouvez-vous en quelques mots nous parler de vos projets présents et à venir ?
On travaille bien entendu sur le tome 2 de
Tokyo Mystery Caféqui se passera dans un nouveau quartier : Jimbocho, le quartier des libraires et des éditeurs, pour une plongée dans le monde de l’édition manga. Ça devrait sortir début 2025.
A côté, on prépare aussi un jeu vidéo dans notre style, entièrement dessiné à la main. Ce sera une histoire d’amour et d’horreur dans un petit village japonais enneigé. On fait tout nous-même (programmation, game design, scénario, graphismes, musique…) donc c’est pas mal de travail mais on espère le sortir cette année aux alentours d’Halloween. On croise les doigts !
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Tous médias confondus, quels sont vos derniers coups de cœur ?
On a adoré la série animée « Samuel » écrite, réalisée et interprétée par Émilie Tronche. Au travers d’épisodes très courts et magnifiquement animés qui racontent la vie d’un pré-ado à la fin des années 90, elle parvient à nous faire passer par tout un spectre d’émotion, du rire aux larmes. Et c’est disponible gratuitement en streaming sur le site d’Arte.
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Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez néanmoins répondre ?
Si c’est possible de nous offrir un voyage à Tokyo pour qu’on avance plus vite sur le tome 2 ? Mais ce sera avec plaisir ! Merci de proposer

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Euh… comment dire… Le temps de gagner au loto et c’est d’accord 
Pour finir et afin de mieux vous connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si vous étiez…
►un personnage de BD : Tintin et Milou
►un personnage mythologique : Le marchand de sable
►un personnage de roman : des Hobbits
►une chanson : La chanson d’Arrietty
►un instrument de musique : un Ukulélé
►un jeu de société : Tokaido Duo
►une découverte scientifique : Le Big Bang !
►une recette culinaire : les crêpes
►une pâtisserie : la gaufre de Liège
►une ville : Tokyo
►une qualité : la gourmandise
►un défaut : la gourmandise
►un monument : Le Ponte Vecchio
►une boisson : la tisane
►un proverbe : « Faut pas pousser mémé dans les orties ! »
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Un dernier mot pour la postérité ?
Merci beaucoup pour cette super interview. Pour les lecteurs qui aimeraient découvrir plus en profondeur notre univers, vous pouvez nous retrouver sur ), sur , ou sur notre page où nous partageons les coulisses de la création de nos BDs et jeux vidéo !
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Un grand merci pour le temps que vous nous avez accordé !