★★★★☆ La chrysalide d’Ania
L'Assassin des Petits Carreaux, planche de l'album © Delcourt / Oburie / FerlutParis, les années folles. Depuis la mort de son mari qu’elle chérissait, Ania, une jeune exilée russe, vit recluse dans son appartement parisien. Renée, sa voisine, tente bien de l’inciter à sortir et à voir du monde… mais rien n’y fait… Le soir où elle décide de boire du laudanum pour rejoindre son défunt mari, c’est sa voisine qui s’écrase sur les pavés au pied de son immeuble… La police conclus à un suicide mais Ania ne peut l’accepter…

Elle se lance alors dans une dangereuse enquête pour élucider la mort de celle qu’elle considérait comme sa seule amie et qui va l’emmener dans les endroits interlopes de la capitale… Au fil de ses recherches, elle doit se rendre à l’évidence : elle sait bien peu de choses sur sa défunte voisine…


L'Assassin des Petits Carreaux, planche de l'album © Delcourt / Oburie / FerlutDe sa saisissante Lettres d'Agathe en passant par sa troublante Eve sur la balançoire, l’édifiante Pyramide de Ponzi ou l’envoûtant Andersen Les ombres d'un conteur, au fil de ses albums, Nathalie Ferlut compose un univers tout à la fois intimiste et bouleversant…
Une plongée dans le Paris interlope des années folles
Tantôt scénariste, tantôt dessinatrice, l’autrice met en scène avec délicatesse des personnages particulièrement touchants. Et il en est de même avec cet Assassin des Petits Carreaux où l’on va suivre les tribulations d’une veuve dépressive qui, grâce à une enquête pourtant sombre et mouvementée, va reprendre, peu à peu, goût à la vie… Nous entraînant dans le Paris des Années Folles, le scénario s’avère entraînant et riche en révélations sur la victime qu’Ania connaissait finalement bien mal… Entre mensonges et faux semblants, la vérité va péniblement se faire jour, par petites touches…

Les crayons et les couleurs d’Etienne Oburie esquissent l’ambiance si particulière qui baigne l’ensemble du récit. L'Assassin des Petits Carreaux, planche de l'album © Delcourt / Oburie / FerlutMêlant les codes de la BD européenne et japonaise, son trait épuré et faussement naïf retranscrit avec finesse les émotions des différents personnages qu’il anime avec conviction. Le personnage d’Ania, qui vit, littéralement, avec le fantôme de son mari, s’affirme et prend de l’assurance au fil de ses pérégrinations, s’avère tout particulièrement attachant.

L’Assassin des Petits Carreaux est un délicieux polar historique qui nous entraîne dans le Paris interlope des Années Folles.

Construite autour d’Ania, une jeune veuve dépressive d’origine russe, le scénario joliment charpenté de Nathalie Ferlut met en scène des personnages profondément humains qui se révèleront au fil des pages et des péripéties… Le dessin faussement naïf d’Etienne Oburie et ses couleurs délicates contribuent à baigner le récit d’une atmosphère envoûtante alors l’enquête, joliment charpentée, réserve bien des surprises au lecteur……


- Elle ne s’est pas jetée par la fenêtre, je le sais ! Ces gens dehors ne la connaissaient pas ! Elle n’était pas ce genre de personne, vous savez ! Je crois même… Elle devait me parler de quelque chose.
- Que voulez-vous dire ?
- Je ne sais pas : peut-être qu’elle avait rencontré un homme ! Elle voulait sortir hier soir faire la fête et… Vous voyez qu’elle ne s’est pas tuée ! Je dois parler à la police !
- Ne faits pas ça, par pitié ! Pauvre Renée !! Tout st de ma faute.dialogue entre Ania et Léon

Chronique by Le Korrigan