Depuis des siècles, le fabuleux trésor d’Atahualpa a fait tourner bien des têtes et nombreux sont ceux qui perdirent la vie en espérant l’exhumer… Les rumeurs affirment que le parchemin de Valverde pourrait les y conduire… Mais ce dernier est en possession d’un prêtre qui ne le cédera que contre deux mille onces d’or…

Pour obtenir cette somme, Laureen et Doug s’enfoncent dans la jungle péruvienne pour extraire l’or d’une rivière, espérant échapper aux soldats qui patrouillent et traquent les orpailleurs sauvags… Parmi les hommes engagés par Doug se trouve celui qui avait tenté de violer la jeune femme… Impossible de faire confiance à lui comme aux autres… D’ailleurs, Doug lui-même n’est pas en reste… S’il a emmené Laureen dans cette région inhospitalière, c’est qu’il avait une idée tordue derrière la tête…

Nourri de l’expérience de Philippe Esnos, authentique chasseur de trésor, l’éclectique Jérôme Felix tisse un récit d’aventure âpre et rugueux particulièrement captivant qui vaut tant pour la reconstitution minutieuse de la chasse au trésor que pour les personnages authentiques et le déroulé de l’histoire…

Car le scénariste à qui on doit notamment l’Héritage du Diable, un Pas vers les étoiles ou [url= http://sdimag.fr/index.php?rub=0&art=Affiche_Fiche&aff_param=2&ID=5549#4001]Jusqu’au dernier[/ur] s’amuse plus d’une fois à prendre le lecteur à contre-pied, en esquissant le portrait d’une bande de fripouilles prêtes à tout pour s’enrichir et d’une jeune femme qui ne rêve que d’endosser son rôle de mère en pouvant, grâce à ce trésor, enfin pourvoir aux besoins de sa fille…

Le personnage de Doug, qui donne par ailleurs son nom à l’album, s’avère complexe et tortueux à souhait… Froidement calculateur, il apparait un temps comme un parfait salopard prêt à tout pour mettre la main sur le mythique trésor d’Atahualpa… Mais, sous ses airs de baroudeur dur et impitoyable se cache un Homme… de ceux qu’on ne rencontre pas deux fois dans une vie, comme aurait pu le dire le Jack Beauregard de Mon nom est Personne, chef d’œuvre de Tonino Valerii… On appréciera la construction narrative qui évite avec art l’écueil de l’happy-end tout en proposant une fin cohérente et délicieusement mélancolique et poétique…

Le dessin réaliste de Xavier Delaporte renforce de façon saisissante la dramaturgie du récit, nous entraînant dans des lieux dangereux et inhospitaliers où la mort rode… Les montagnes d’Atahualpa en deviennent un personnage qui écrase tout un chacun de sa présence menaçante, voire malsaine… Comme si la nature elle-même s’était érigé en gardien de ce trésor maudit… Au diapason de l’histoire, Les couleurs sombres et inquiétantes de Sébastien Bouet renforcent cette atmosphère lourde et pesante…

Jérôme Félix et Xavier Delaporte referment leur récit d’aventure aussi authentique qu’entraînant…

Etayé en enrichi par ses échanges avec Philippe Esnos, véritable chasseur de trésor, le diptyque s’avère joliment construit, prenant plus d’une fois les lecteurs à contre-pied dans le déroulé de l’histoire comme dans le comportement de ses personnages. Occupant les devants de la scène, Doug s’avère complexe et tortueux à souhait. Ce personnage singulier confère au récit une composante humaine forte ainsi qu’une dimension poétique et romanesque.

L'or du bout du monde est une série qui séduira sans nul doute les amateurs de chasse au trésor…

- Fallait vraiment le tuer ?
- Si j’avais eu la moindre hésitation, les autres nous auraient aussitôt massacré pour partir avec l’or.dialogue entre Laureen et Doug