★★★★☆ Pour la France
Les Compagnons de la Libération, planche du tome 6 © Bamboo / Mounier / Le NaourJuin 1940. Alors que son père avait nommé à Bordeaux à la tête d’une division d’infanterie coloniale, que la France venait de perdre la guerre et qu’il s’apprêtait à passer le concours de l’Ecole Navale, Hubert Germain rend copie blanche. Il ne peut se soucier de son destin personnel alors que l’avenir de la France est en jeu.

Après avoir hésité entre l’Afrique du nord et l’Angleterre, il décide de gagner Londres avec une poignée de camarades. Là, il croise par hasard son parrain, le général Paul Legenthilhomme qui le convint de participer à une opération contre la Syrie et le Liban pour faire basculer ces territoires du côté de la France Libre.

Il participera à la fameuse bataille de Bir Hakeim comme chef de section antichars, résistant en infériorité numérique à l’Afrika Korps de Rommel puis à celle d'El Alamein avant de prendre une part active à la Campagne de Tunisie et celle d’Italie, de participer à la prise de Monte Cassino puis au débarquement en Provence.


l’engagement d’un jeune homme de vingt ans pour la liberté et l’honneur de son pays
Signé par Jean-Yves Le Naour, cet album consacré à Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération encore en vie, s’avère particulièrement émouvant. Les Compagnons de la Libération, planche du tome 6 © Bamboo / Mounier / Le NaourOn y suit l’homme, au crépuscule de sa vie, nous raconter sa guerre qu’il relate une passion toujours intacte. Alors que bon nombre de ses pairs, jusqu’à son propre père, avait suivit le Maréchal Pétain et abandonné la France à l’Allemagne nazie, il fit partie des rares qui, prenant conscience que c’était le destin de la France qui se jouait, abandonna le confort de ses études pour gagner la France combattante.

Chargé en émotion, son témoignage s’avère particulièrement poignant et les allers retours entre la guerre et l’époque contemporaine lui permettent tout à la fois de parler de chacun de ses batailles mais aussi de prendre le recul nécessaire pour analyser à postériori son ressenti et parler des motivations qui étaient siennes alors. Avec pudeur et une modestie confondante, il parle de ces rencontres déterminantes qui ont jalonné sa vie de combattant, avec comme point d’orgue l’émouvante cérémonie du 5 octobre 2019 qui vit les officiers de Saint Cyr de la promotion « les Compagnons de la Libération » rendre un hommage appuyé à Hubert Germain qui leur passe en quelque sorte le flambeau… Le dossier complétant l’album revient sur les combats de ce résistant de la première heure et complète son édifiant portrait.

Dessinateur de l’Ambulance 13 qui, sur un scénario de Patrick Cothias et Patrice Ordas nous entraînait au cœur de la Première Guerre Mondiale, Alain Mounier signe une fois encore un album historique très réussi. Son trait délicat et ses aquarelles subtiles font la part belle à l’émotion tout en retranscrivant avec force la fureur des combats. Les Compagnons de la Libération, planche du tome 6 © Bamboo / Mounier / Le NaourIl souligne avec art les doutes qui pouvait légitimement assaillir Hubert Germain avant qu’il ne monte au combat tout en mettant en avant sa force de caractère et la passion qui l’animait.

Des 1 061 hommes et femmes décors de l’Ordre des Compagnons la Libération, Romain Hubert était le dernier…

Né le 6 août 1920 à Paris, il s’engagea très tôt dans les Forces Françaises Libre, sacrifiant son destin individuel à celui de la France. De Bir Hakeim au débarquement en Provence en passant par Monte Cassino et El Alamein, Romain Hubert raconte ce que fut sa guerre et son engagement.

Mis en scène avec force par le dessin et les aquarelles d’Alain Mounier, le récit solidement documenté de Jean-Yves Le Naour s’avère d’autant plus poignant que c’est Romain Hubert lui-même qui, arrivé au soir de sa vie, nous le raconte, avec une conviction toujours intacte.


Serais-je à la hauteur ? Être un chef, ce n’est pas avoir des galons, c’est donner l’exemple. Je devais prouver que j’en étais capable à mes supérieurs, à mes hommes… et à moi-même. Hubert Germain
Chronique by Le Korrigan