
Créé le 16 novembre 1940 par le Général De Gaulle pour récompenser ceux qui allaient œuvrer à la libération de la France et de son Empire, l’Ordre de la Libération allait récompenser 1038 compagnons, dont certains le furent à titre posthume, mais aussi cinq communes dont les habitants s’étaient particulièrement distingués dans leur résistance aux forces occupantes : Paris, Nantes, Grenobles, Vassieux-en-Vercors et l’Île de Sein furent celles -là…
Ce huitième tome des Compagnons de la Libération s’intéressent aux hommes et aux femmes de l’île de Sein, racontant un destin collectif au travers celui d’une poignée d’individus. Jean-Yves Le Naour prend le temps de décrire l’atmosphère si particulière qui baigne les îles en général, les îles bretonnes en particulier et l’Île de Sein plus particulièrement… Passionné d’histoire, le scénariste centre son récit sur Fanch, un gamin d’à peine quinze ans qui entend tout d’abord le bruissement de la guerre avant que la victoire de l’armée allemande ne lui paraisse inéluctable… A l’abattement de la défaite aurait pu suivre la résignation…

Mais la crainte que les allemands ne réquisitionnent les hommes valides et l’appel à la lutte lancé sur les ondes par un général inconnu et c’est l’ensemble des hommes en âge de combattre qui vont embarquer à bord de leurs navires de pêche pour gagner l’Angleterre et poursuivre un combat que certains pensaient perdu…
La structure du récit et l’ellipse temporelle séparant l’amorce de la fin de l’album accentue avec force sa dramaturgie et rend le destin de ces hommes et de ces femmes restées sur l’île et obligée d’assurer, seules, la survie de leur famille, plus poignant et leur choix plus admirable encore.
Pour mettre en image ce récit historique, les éditions Bamboo ont fait appel au talentueux Brice Goepfert qui nous a déjà tant fait voyager dans l’histoire avec son
Fou du Roy et
Ninon Secrète (sur un scénario de Patrick Cothias) ou sa remarquable reprise des
Chemins de Malefosse. Son trait réaliste nous offre des visuels saisissant de cette île qui ne ressemble à aucune autre et qui marque durablement celles et ceux qui ont eu la chance de fouler cette terre suspendue entre ciel et mer.

Brice Goepfert parvient à saisir l’humanité de chacun des personnages et à retranscrire avec finesse les tensions entre les jeunes et les vieilles générations et l’élan qui poussera le jeune Fanch à franchir la manche et gagner Londres…
Mille trente-huit personnes ont été fait compagnon du prestigieux Ordre de la Libération, parmi lesquelles une poignée de femme. Mais cinq communes l’ont été pour leur investissement dans le combat pour libérer la France du joug allemand. Parmi elles, l’Île de Sein dont les marins-pêcheurs furent parmi les premiers à répondre à l’appel de ce général inconnu qui allait devenir le leader de la France Libre.
Prenant comme fil rouge un gamin de quinze ans qui allait s’embarquer pour Londres, Jean-Yves Le Naour nous raconte le destin héroïque et méconnu sdes Sénans à qui Tri Yann consacra une chanson romantique et bouleversante… Le dessin réaliste du talentueux Brice Goepfert retranscrit avec sensibilité tant l’atmosphère si particulière qui règne sur l’Île de Sein que l’humanité de ces héros ordinaires qui se sont levés, comme un seul homme, pour poursuivre la lutte…
- D’où venez-vous ?
- De l’Île de Sein mon Général.
- Et vous, d’où venez-vous ? de l’Île de Sein mon Général.
- Et vous ?
- Nous sommes tous de l’Île de Sein, mon Général. Tous les hommes sont partis après avoir entendu votre appel.
- Eh bien, mes amis, aujourd’hui, l’Île de Sein, c’est le quart de la France.dialogue entre le Général De Gaulle et des Sénans