Eté 1911. Le journaliste Ange Leca n’est plus que l’ombre de lui-même et se morfond dans une villa du Cap Corse appartenant à son vieil ami Démétrius. Ayant appris que sa Némésis, Clouët des Pesruche se pavanaient au bras d’une jeune italienne de dix-neuf ans, son hôte le pousse à rejoindre New-York pour tenter de retrouver Emma, la femme qu’il aime et dont la cruelle absence lui cause tant de tourments…
Sur place, il est hébergé par César, fils de l’ancien associé de Démétrius, qui travaille pour Pinkerton et qui aurait besoin d’aide pour démêler une bien ténébreuse affaire : il a été engagé par Monsieur Blackstone pour retrouver sa fille, Adèle, mariée à un certain Robert Newcomb et qui posa enfant pour le célèbre William Henry Huddle… Or, ledit tableau vient d’être vendu aux enchères à prix d’or et l’employeur de César affirme qu’il ne peut s’agir que d’un faux, sa fille ne pouvant s’être débarrassé de ce trésor familial… Mais Adèle et Robert Newcomb sont introuvables, de même que le vendeur du tableau… Entre temps le père d’Adèle est, littéralement, mort d’inquiétude et César souhaite régler l’affaire au plus tôt…
Aidé de Ray, le fils de César et vendeur de journaux qui connaît New-York comme sa poche, Ange Leca va enquêter sur cette sombre affaire tout en tentant de retrouver la trace d’Emma sans se douter que l’une et l’autre affaire allait lui donner bien du fil à retordre…

Après un premier tome particulièrement réussi, tant scénaristiquement que graphiquement, c’est peu dire que nous attendions la seconde enquête d’Ange Leca… Et, comble de bonheur, les talentueux scénaristes nous proposent deux enquêtes entremêlées, sombres et tortueuses à souhait qui nous entraîneront dans les tréfonds de l’âme humaine…
Comme on pouvait s’en douter, Tom Graffin et Jérôme Ropert s’appuient sur une solide documentation pour tisser leurs deux récits entremêlés, ces deux affaires sordides qui toutes deux aller conduire à un monstre, donnant corps au titre de l’album… Car chacune de ces enquêtes font référence à des tueurs en série glaçants et méconnus, l’un d’eux ayant le vernis de la respectabilité et une occupant une place privilégiée au sein de la haute société newyorkaise, rendant ses crimes perpétrés derrière les murs d’une vénérable institution plus abominables encore… Difficile d’en dire plus sans gâcher le plaisir de la lecture mais sachez qu’un passionnant dossier vient éclairer la carrière criminelle de ces deux serials killers et que chacune des enquêtes s’avère aussi prenante qu’entraînante…
Ecrit à quatre mains, le scénario nous immerge avec force dans le New-York caniculaire de l’été 1911. Avec Ray comme guide, on découvre un ville tentaculaire et foisonnante gangrénée par la mafia…

Des ruelles interlopes aux salons cossus, c’est une mégapole bouillonnante de vie qui s’offre à nos yeux et le saisissant travail de Victor Lepointe la fait revivre de façon particulièrement bluffante. Le dessinateur possède un sens du cadrage confondant qui nous donne la mesure de la cité et l’on peut admirer quelques bâtiments remarquables de la ville, tel le fameux Flatiron Building, le New York Building, le Bowery ou le Pont de Brooklyn enjambant l’East River… Il parvient à retranscrire l’âme de la ville qui devient, comme dans tout polar, un personnage de l’histoire à part entière. Son découpage est lui de haute tenue, avec un saisissant travail sur les cadrages qui dynamisent l’action. Son trait sensuel et délicat parvient donner vie à chacun de ses personnages par un travail soigné sur leurs attitudes ou leurs expressions, d’Ange Leca en passant par Clouët des Pesruche, Démétrius, César ou Ray… sans oublier Clemenceau ! Mais si les planches de l’album sont aussi somptueuses, sans doute est-ce parce que Victor Lepointe sculpte la lumière avec maestria, l’éclairage de chacune des cases ayant été savamment travaillée pour accentuer la dramaturgie de la scène…

Après un premier tome particulièrement enthousiasmant, nous attendions avec impatience le retour du journaliste Ange Leca et de son fidèle Clémenceau, tandem d’enquêteur évoquant Tintin et Milou dans une version plus tourmentée…
Poussé par son vieil ami Démetrius qui l’hébergeait, Ange Leca sort de sa torpeur pour rejoindre New-York et où il espère retrouver Emma dont l’absence le fait si cruellement souffrir… Là-bas, il devra porter assistance à César, enquêteur chez Pinkerton, qui peine à résoudre une bien étrange affaire : engagé par Monsieur Blackstone pour retrouver sa fille qui a mystérieusement disparu avec son époux après avoir vendu aux enchères le portrait qu’avait fait d’elle le célèbre William Henry Huddle… Aidé par Ray, le fils de César qui connaît New-York comme sa poche, Ange Leca va mener cette ténébreuse enquête tout en tentant de retrouver la femme qu’il aime…
Tom Graffin et Jérôme Ropert signent un scénario rythmé et captivant mêlant deux enquêtes finement ciselées s’appuyant chacune sur une solide documentation historique qui donne toute sa densité et sa crédibilité à l’histoire et nous immerge avec art dans le New-York bouillonnant et foisonnant du début du siècle. S’appuyant sur des faits divers retentissants, les deux affaires s’avèrent aussi glaçantes que passionnantes, les auteurs parvenant à rendre fluide leurs élucidations tout en déroulant ce fil rouge qui traverse les deux tomes de la série… L’album est une nouvelle fois mis en scène pas le trait sensuel et élégant de Victor Lepointe dont les compositions nous immergent avec force dans cette mégapole tentaculaire. Nous sommes une fois de plus tombés sous le charme de ses lumières envoûtantes qui confèrent à ses planches une beauté saisissante… Monstres américains est un album passionnant qui ravira les amateurs de récits policiers bien ficelés… Le prochain tome de la série devrait nous conduire à Londres pour un nouveau face à face entre le journaliste et Clouët des Pesruche…
- Je peux venir avec toi chez Bunting ?
- Ah ah ! Vois ça avec tes parents.
- Je crois que vous aurez du mal à vous en débarrasser.
- Stella…
- Ange ne connaît pas New-York, laisse au moins Ray le guider.
- Je serai prudent. Reposez-vous un peu, je prends le relais.
- On prend le relais !dialogue entre Ray, Ange, Stella et César