Les pires crapules ont la vie dure. Après s’être enrichit sur le dos des poilus et s’être fait la belle du bagne où il avait été envoyé, Ferdinand Tirancourt échoue au Mexique où il monte une bande de pillard de guerre qui profitent de la confusion pour s’enrichir…
Sa route va croiser celle de José Doroteo Arango Arámbula, plus connu sous le nom de Pancho Villa, traqué à la fois par les troupes américaines du général Pershing pour avoir attaqué Columbus et par l’armée mexicaine. Il propose un marché au révolutionnaire : en échange des lingots de la mine de Palmilla, il souhaite que Villa l’aide lui et ses hommes à rejoindre San Francisco d’où ils gagneront Tahiti…

Ferdinand Tirancourt a traversé la guerre des tranchées, échappé à l’enfer de Cayenne pour gagner un Mexique déchiré par la guerre civile. Le discours de cet opportuniste sans foi ni loi sur la révolution évoque celui de Juan Miranda dans
Il était une fois la Révolution avec sa réplique cinglante sur les gens qui savent lire qui poussent ceux qui ne le savent pas à prendre les armes. Le contexte historique renforce bien évidemment cette filiation, d’autant plus que certaines séquences semblent faire référence à ce fascinant western picaresque de Sergio Leone …
L’histoire concoctée par l’impressionnant Philippe Pelaez est une fois encore remarquablement bien écrite. Sa structure narrative s’avère particulièrement solide, immergeant d’emblée le lecteur dans l’action avant qu’un flashback ne viennent dévoiler les raisons de la présence de Ferdinand Tirancourt au cœur même de la guerre civile mexicaine dont on oublie qu’elle fut contemporaine, en partie du moins, à la Grande Guerre. Le plan tortueux de ce beau salopard lucide, cynique et désabusé, pour pousser Pancho Villa à lui prêter main forte s’avère remarquablement bien orchestré et les scènes d’actions rythmant l’album impressionnante de maîtrise…

J’avoue être une fois encore impressionné par les talents de scénariste de l’auteur qui enchaîne des récits brillants et éclectiques sur un rythme effréné, tels , ou … La fin de l’album laisse augurer un quatrième tome des plus intéressant, alors que Ferdinand se voit contraint de retouner là où tout a commencé… Après avoir été profiteur de guerre, bagnard de guerre, pillard de guerre, finira-t-il comme héros de guerre au vu de la tourne que prennent les évènements ?
En plus d’être un scénariste émérite, l’auteur a le don de s’entourer de dessinateurs talentueux en leur confiant la mise en image de ses histoires. Francis Porcel signe ainsi un nouvel album impressionnant de maîtrise. Très cinématographique, son découpage est d’une redoutable efficacité, immergeant à chaque séquence le lecteur au cœur de l’action. Le casting est tout juste parfait et personnages fictifs ou historiques sont tous plus convaincants les uns que les autres. Et si Pancho Villa paraît comme très charismatique, Ferdinand Tirancourt crève l’écran avec son regard acéré et provocant qui a le don d’exaspérer ses interlocuteurs… même si on sent que derrière sa carapace d’homme cynique et désabusé qui ne se fait plus aucune illusion sur le genre humain se cache une parcelle d’humanité…

Troisième opus d’une série composée de one-shot indépendants mais entrant en résonnance, Pillard de Guerre met en scène un salopard qui ne se fait plus aucune illusion sur le genre humain et nous entraîne au cœur de la révolution mexicaine qui s’étalera de 1910 à 1920…
Après avoir été condamné et enfermé au bagne de Cayenne suite à ses malversations, Ferdinand Tirancourt débarque au Mexique où il monte une petite bande d’apatrides et de pillards de guerre. Sa route va croiser celle de Pancho Villa avec qui il va passer un marché : le révolutionnaire devra l’aider à gagner San Francisco en échange de quoi il l’aidera à s’emparer des lingots de mine de la mine de Palmilla dont Villa a besoin pour entretenir son armée… Mais, ne servant que ses propres intérêts, Tirancourt est-il homme à tenir ses engagements ?
Difficile de ne pas penser au fascinant Il était une fois la révolution de Sergio Leone en se plongeant dans ce récit… Par son contexte tout d’abord, méconnu mais passionnant, et par le discours cynique mais lucide de Ferdinand Tirancourt qui rappelle celui de Juan Miranda lorsqu’il explique à l’idéaliste John Mallory ce qu’est pour lui une révolution… Le scénario de l’éclectique et talentueux Philippe Pelaez est une fois encore brillant, rythmé et solidement charpenté et les compositions graphiques de Francis Porcel lui donne l’ampleur nécessaire pour faire de ce Pillard de Guerre un excellent album… La fin laisse entrevoir un champ des possible vertigineux : ce salopard de Tirancourt ne pourrait-il pas devenir un héros de guerre après avoir été tour à tour un vil profiteur, un bagnard et un pillard san foi ni loi ?
- Un gamin et un français déguisé en mexicain. Tu sais qu’au Mexique on n’aime pas trop les français depuis Maximilien ?
- Maximilien je m’en tape comme de ma première chaussette.
- Alors, tu es ici pour quelle raison ?
- Pour te tuer, Pancho Villa.dialogue entre Pancho Villa et Ferdinand Tirancourt