De nos jours encore, les historiens sont divisés sur les raisons de l’échec de la quatrième croisade, lancée par le Pape Innocent III quelques mois après son élection et qui s’était donné pour but de délivrer les lieux saints de la chrétienté… On sait qu’il n’en fut rien et qu’elle aboutit à la prise de Constantinople et à la fondation de l’Empire Latin d’Orient…
La Croix Sanglante nous entraîne dans les coulisses de cette guerre qui vit des catholiques en massacrer d’autres… au nom de dieu…
Philippe, fils du seigneur Yves de Crécy, désire répondre à l’appel d’Innocent III et se croiser pour partir délivrer Jérusalem… Son père, considéré par beaucoup comme l’un des grands héros de la troisième croisade, tente de l’en dissuader. Il connaît l’amertume de la guerre et les horreurs que l’homme peut commettre au nom de la foi…
Mais rien n’y fait… Philippe quitte le domaine familial pour gagner Venise où se regroupe l’armée croisée… Sa route sera semée d’embûches mais ni la pluie fine et pénétrante, ni la faim qui le tenaille, ni les rencontres hostiles, ni la maladie qui le ronge ne seront émousser sa foi et sa détermination…
Pourtant, arrivé à Venise, Philippe de Crécy devait encore déchanter… L’armée croisée est parquée sur une île de la lagune, attendant que le Doge accepte de l’embarquer pour la Terre Sainte… Mais les croisés n’ont pu réunir la somme exigée par Venise et se voient proposer un sinistre marché…
S’appuyant sur une solide base historique, le scénario de Marko Stojanovic parvient à retranscrire toute la complexité de l’époque.
Fin politique, le Doge Enrico Dandolo y occupe une place centrale, manœuvrant en coulisse pour servir les intérêts de la Sérénissime : les croisés étant dans l’impossibilité de lui payer la somme due pour la traversée de la Méditerranée, le Doge leur propose de reprendre le port de Zara, anciennement possession de Venise et tombée sous le contrôle du roi chrétien de Hongrie… La tension entre les croisés atteint alors son paroxise : certains sont prêt à accepter l’odieux marché quitte à risquer l’excommunication alors que d’autres refusent de faire couler le sang des chrétiens…
Mêlant personnages historiques et fictionnels (parfois inspirés de personnages historiques, tel Martin de Blois qui semble basé sur le comte Louis de Blois), il tisse un récit entraînant mettant en scène le naïf et idéaliste Philippe, fils du seigneur Yves de Crécy… Pour rendre l’histoire plus romanesque, il lui esquisse une idylle avec une noble grecque qu’on devine liée aux empereurs de Constantinople.
Signée Ianos Dan Catalin, la couverture est de toute beauté et attire immanquablement l’attention du chaland… S’appuyant sur un storyboard signé Drazen Kovacevic, le dessinateur signe des planches puissantes, découpées avec soin et sublimées par la mise en couleur très inspirée de Desko…
Avec Guerre Sainte, Marko Stojanovic et Ianos Dan Catalin amorce une série historique prometteuse qui met en lumière toute la complexité de la quatrième croisade amorcée par Innocent III et qui devait aboutir à la prise de Constantinople…
Basée sur une solide documentation, le scénariste mêle histoire et fiction et nous raconte par le menu cette épopée guerrière et sanglante à travers les yeux d’un jeune noble naïf et idéaliste dont la foi allait être fortement ébranlée par le vent de l’histoire…
Le second et dernier tome du diptyque La Croix Sanglante nous entraînera devant les murailles de Constantinople où se jouera le destin de la croisade… et de Philippe de Crécy…