MONTCUQ (Lot) (AFP) - Planté au coeur du Quercy blanc, au sud-ouest de Cahors, le petit village de Montcuq, 1.400 habitants, pourrait, grâce au zèle des internautes remplacer bientôt la très convoitée rue de la Paix dans l'édition française du jeu du Monopoly.

La composition du nouveau Monopoly Villes de France sera annoncée le 9 novembre.

Depuis que le groupe Hasbro, éditeur du célèbre jeu de société, a lancé le 13 septembre (et jusqu'au 10 octobre) un concours pour remplacer les noms de rues de Paris par des noms de villes français dans les 22 cases de son édition villes de France, Montcuq est très largement en tête.

Le 3 octobre, lorsque le scrutin est devenu secret pour ne pas influencer les votes, la petite commune du Lot caracolait en tête avec 56.412 voix contre 33.150 à Dunkerque et 27.726 à Perpignan.

Pour les habitants de Montcuq, cette notoriété n'est pas soudaine. Ils la doivent à l'animateur Jacques Martin qui, en 1976, pour son émission "Le Petit Rapporteur" avait envoyé dans le petit village l'humoriste Daniel Prévost. Ce dernier qui avait lancé en ouverture du sujet: "Aujourd'hui, pour la première fois à la télévision, je vais vous montrer Montcuq..."

L'émission, véritable festival de jeux de mots grivois à partir du nom du village, est restée dans la mémoire collective des téléspectateurs français.

Repassées en boucle sur les chaînes de télévision après la mort de Jacques Martin, les images de Montcuq ont donné l'idée à des internautes de lancer une campagne pour placer ce village aux pierres blanches, dominé par une tour médiévale de 24 m de haut, en tête des villes candidates au Monopoly.

Utilisant tous les outils à sa disposition (blogs, forums ou mails), Laurent Bazet et un groupe d'amis ont multiplié les messages pour appeler au soutien de la candidature de Montcuq. "On avait vu (avec l'émission de Jacques Martin) ce que l'humour pouvait apporter à un village et on a donc voulu amplifier le phénomène", dit-il en estimant que si Montcuq devait remplacer la rue de la Paix, elle resterait au même prix (40.000 francs).

Maire de Montcuq depuis 1989, Daniel Maury, 61 ans, qui a baptisé la ruelle qui mène à la mairie de "rue du Petit Rapporteur", se félicite de ce regain de publicité qui attire des touristes même si la contrepartie est le vol systématique des plaques indiquant l'entrée du village.

La mise en vente par l'Office du tourisme de plaques de Montcuq "disponibles en deux tailles" n'a pas dissuadé les collectionneurs en quête de l'original. "Pour l'instant j'ai renoncé à les remplacer", dit-il.

"Si ça peut faire venir du monde c'est tant mieux" lance de son côté le patron du "Café du Centre", Christian Adério, 55 ans, qui estime que la notoriété du village a fait grimper les prix de l'immobilier dans une région très convoitée par les Anglais et les Néerlandais.

"En tous cas, samedi, ici, il ne sera pas question de Monopoly", dit-il en référence au match Angleterre-France qui réunira supporteurs des deux camps dans son établissement.

Sur la place du village, l'agitation médiatique ne perturbe en rien les boulistes montcuquois. Pour Franck, pas question d'échanger les boules pour le Monopoly. "Ce sera boules l'après-midi et Monopoly le soir avec les copains", dit-il. "Tout ça, en tous cas, c'est que du bien pour Montcuq, c'est que des bonnes choses", ajoute-t-il.

Et personne ne s'offusque lorsque les animateurs de radio ou de télévision présentent le village de Montcuq en omettant, bien sûr, de prononcer le "q" final.