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Entretien avec Lionel Borg
interview accordée aux SdI en nomvembre 2011


Tout d'abord, un immense merci de te prêter au petit jeu de l'interview...
De rien, merci à toi de proposer ce jeu smiley

Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)
Et bien, d’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours été un touche à tout.
Je suis né à Nice, où j’ai toujours vécu, en 1974. J’ai fait des études pas forcément brillantes mais sans vraiment forcer. Après mon Bac, je fais un BTS Conception de Produits Industriels et je me réoriente vers des études d’Histoire afin de devenir Professeur des Ecoles. Une fois mon concours en poche, je choisis l’éducation spécialisé avec des élèves difficiles (très difficiles), domaine dans lequel je travaille toujours aujourd’hui.
A part ça, je suis marié avec 2 enfants de 3 et 6 ans, j’aime jouer à peu près à tout, j’aime les chiens et j’ai pratiqué les arts martiaux pendant une vingtaine d’années.
Pour les comptes en Suisse, je vais y penser, mais je préfère investir dans le diamant smiley

Enfant, quel joueur étais-tu? Quels étaient alors tes jeux de société préférés?
Enfant, j’aimais jouer mais j’étais plutôt d’un naturel solitaire. Du coup, j’ai surtout pratiqué les jeux traditionnels : dames, échecs, belotte, scopa, puissance 4 avec ma mère et ma famille. Je n’ai par exemple jamais joué au Monopoly. Je me suis aussi rapidement orienté vers des jeux de « grands » et surtout le jeu de rôle que j’ai découvert dès 11 ans. Je crois que le jeu que j’ai le plus pratiqué dans ma vie est quand même la contrée (belotte avec annonces).

Si tu devais en quelques mots expliquer ce qu’est le jeu de rôle à ma grand-mère, que lui dirais-tu ?
Bonjour madame (parce que je suis un mec poli smiley, le jeu de Rôle est un jeu dans lequel un des joueur va faire vivre l’univers dans lequel les autres joueurs vont incarner des personnages à qui il va arriver de nombreuses aventures.

N'as-tu jamais cessé de jouer ou un jeu particulier t'a-t-il fait (re)basculer dans le jeu de société pour grands?
En fait, je n’ai jamais cessé de jouer, mais j’ai recommencé à jouer aux jeux de société assez tard. Du jeu de rôle sur table, je suis passé aux jeux vidéos, d’autant plus que cela convenait bien à mon caractère solitaire. J’ai recommencé le jeu de rôle il y a une dizaine d’années (après une pause de 15 ans) et c’est part ce biais que j’ai redécouvert les jeux de société et que j’ai découvert le jeu de société moderne il y a 4 ou 5 ans.

Quels sont tes JdR de prédiléction?
Si je devais établir un top 3 de mes JdR favoris, je mettrais en première place COPS parce que je l’ai masteurisé toutes les semaines pendant 2 ans et que j’ai pris un pied incroyable à voir mes joueurs résoudre des enquêtes, vivre des dilemmes et autres cas de conscience. En seconde place DD3.5 pour son côté épique et boîte à outil, mais aussi parce que c’est le système de Pestilence. En troisième position viendrait L’appel de Chtulhu pour la simplicité du système d100 et l’univers de Lovecraft.

Quels sont en ce moment tes jeux de chevet?
En jeux, je ne suis pas d’un naturel fidèle et je préfère papillonner et découvrir de nouvelles choses, même si j’apprécie également rejouer à un jeu afin d’approfondir la question.


Lionel Borg jouant à Diam’sA quel moment l'envie de créer un jeu t'a-t-elle titillée?
J’ai depuis toujours aimé modifier, transformer, créer. Cela dit, il y a un évènement qui m’a vraiment fait basculer dans la création de jeux de société. Comme je l’ai déjà dit, j’ai eu une grosse période « jeux de rôles » dans laquelle j’ai souvent été maître du jeu, ce qui m’a conduit a écrire des scénarii et même à préparer des parties plus conséquentes, entre autre, pour le Festival International des Jeux de Cannes (seul ou a plusieurs). Ayant commencé à faire jouer la campagne Pestilence pour DD 3.5 publiée chez Matagot, j’ai contacté l’éditeur à la fin du tome 2 pour savoir quand sortirait le tome 3. Et là, après une rencontre à Cannes, je me suis retrouvé à écrire le tome 3 que l’auteur initial n’avait plus le temps de faire (le tome 3 est sorti et les 4 et 5 ne devraient pas tarder à paraitre après une longue attente). Je me retrouvais propulsé dans le monde de l’édition, comme ça, sans m’y être préparé, ni même l’avoir cherché.
Ca m’a donné des ailes et j’ai commencé en parallèle à l’écriture de la suite de Pestilence à réfléchir à des jeux de société, que j’étais en train de découvrir à cette même période.
Autant dire que les premiers essais n’étaient pas brillants smiley

Faire éditer ton premier jeu a-t-il relevé du parcours du combattant?
Avant qu’il ne soit édité j’aurais été tenté de dire oui (l’impatience de la jeunesse smiley), maintenant je pense plutôt que non. Disons que j’ai eu de la chance, j’ai contacté les XII singes au moment où ils étaient à la recherche de petits jeux de cartes, on a signé Coconuts et un second jeu assez rapidement.
Je suis dans le jeu de société de façon vraiment active depuis 3 ans et j’ai déjà plusieurs jeux édités et d’autres qui arrivent bientôt, je ne pense pas avoir le droit de me plaindre de ce côté-là.


Diam's, brillante variation autour de la scopa, vient de paraître sur les étals... Comment est né ce jeu? La thématique des diamantaires s'est elle imposée d'emblée?
Je me la pète si ce je dis que ce jeu est né dans mon jacuzzi ? :p
En fait, tout est parti d’une discussion sur Tric Trac à propos des variations sur les jeux traditionnels. Je me suis renseigné et rien n’avait été fait sur la scopa. J’avais des souvenirs de parties dans mon enfance, j’ai repris les règles en détail et j’ai commencé à réfléchir.
Je me suis rappelé que ce qui me plaisait dans ce jeu, c’était le système de prises de cartes au centre, j’ai donc décidé de garder ce point et d’essayer de construire quelque chose de simple et de cohérent autour. A partir de là, il m’est apparu qu’il était important de confronter les joueurs à des dilemmes, d’où la nécessité de sécuriser les cartes par brelan minimum et aussi d’avoir au maximum 5 cartes en main à la fin de son tour. Ca a fonctionné quasiment tout de suite, même si il y a eu pas mal de réglages avant et après que les XII singes ne le signent, d’ailleurs et je les en remercie !
Concernant le thème des diamants, il est présent depuis le début et vient d’une rime à propos du premier nom du jeu, qui était « L’enfer d’Anvers ».

Serait-il possible de savoir sur quel point ont porté les principaux réglages et ajustements?
En fait, je pense que l’on peut distinguer 2 étapes dans ce processus : la simplification du fonctionnement du marché, où l’on a supprimé certaines contraintes de la scopa comme le fait de devoir prendre les cartes de même valeur si elles sont présentes plutôt que d’acheter par somme. Ou encore le fait de lever la limite de cartes de valeurs 8, 9 et 10 au marché.
Dans un second temps, les ajustements ont porté sur la répartition des points en fin de manche et aussi sur l’ensemble de la partie.

Entre la première présentation du projet et l'édition du jeu, combien de temps s'est-il écoulé?
De mémoire, la signature du contrat a été rapide (quelques mois seulement). Après, il s’est écoulé plusieurs mois avant qu’il n’arrive en magasin mais c’est une question de planning de sorties pour l’éditeur.

Quel(s) Conseil(s) donnerais-tu à un auteur en herbe?
De se faire plaisir avant tout.
D’être à l’écoute de son jeu, de ses testeurs, tout en restant le maître à bord.
Et enfin, c’est peut-être ça la chose la plus importante, de ne pas se prendre au sérieux mais de faire un travail sérieux pour être pris au sérieux par les autres 

Venons en à l'habillage du jeu... Comment s'est déroulé le travail avec Franck Plasse et Maxime Plasse?
En fait, j’avais déjà été fait une partie du travail graphique avec les icones loupe et la reprise des points en bas des cartes sur le proto, en collaboration avec Franck Plasse. Mais ce n’était qu’une pâle version pratique mais pas esthétique de ce qu’allait devenir le jeu. Je suis vraiment très content du résultat que je trouve sobre mais qui colle très bien au thème et à la mécanique du jeu.

Sur quel(s) projet(s) travailles-tu en ce moment?
En ce moment je suis entre deux eaux. Je passe pas mal de temps à faire la promotion des jeux déjà sortis où à venir bientôt, je fais quelques petits réglages sur des jeux en test chez des éditeurs et aussi je débute quelques gros projets qui vont me demander pas mal de temps et de travail.

Lionnel Borg et le proto de Color Pop  (sortie début 2012) [ Quel est ton dernier coup de cœur ludique?
Je crains de ne pouvoir répondre à cette question car je ne suis pas vraiment du genre a avoir des coups de cœur, j’ai par exemple énormément aimé Sun Tzu, Cyclades ou encore Mr Jack Pocket, mais aucun qui ne soit capable de me faire oublier tout le reste au point de ne plus jouer qu’à celui-ci.

Tous médias confondus (ciné, bd, romans, jeux vidéos), quels sont tes derniers coups de cœur ?
J’ai de plus en plus de mal avec le cinéma, les films que j’aimerais ayant de plus en plus tendance à ne pas avoir de scénario … Je n’ai jamais été très bd … (je vais vraiment passer pour un mec chiant là smiley) Mon dernier coup de cœur en terme de lecture est certainement la trilogie du magicien noir de Trudi Canavan. En jeu vidéo, ce n’en est pas vraiment un mais je joue beaucoup en ce moment à Ascension: Chronicle of the Godslayer sur imachin, sinon je pourrais également citer Heroes of Might and Magic VI qui est un genre de jeu que j’aime beaucoup.

Pour finir et afin de mieux cerner ta complexe personnalité, voici un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…


un personnage de BD : Garfield, il a tout compris : il ne fait que le minimum, gagne souvent à la fin et adore les lasagnes !
un personnage biblique : David, je n’ai rien contre Goliath mais j’aime me frotter à forte partie.
un personnage de roman : Pug l’apprenti, mais rien ne garantit que je devienne Milamber le mage
un personnage de théâtre : François Pignon, du moins c’est l’image que je dois donner à certains
un personnage de cinéma : Rocky, en s’arrêtant au 3 parce qu’après c’est n’importe quoi
un personnage de JdR : Le lieutenant Tod Hawkins dans COPS pour l’avoir si souvent incarné
un instrument de musique : Le tuba, pour mon côté un peu grande gueule, mais je me soigne
un jeu de société : Metal Adventures, le jeu de cartes, Je sais il n’est pas encore sorti, mais ça arrive smiley
un mécanisme de jeu de jeu de société : La programmation, j’aime bien savoir où je vais et les risques que je prends.
une recette culinaire : Les raviolis niçois, parce que c’est toute mon enfance
une ville : Nice, What else ?
une boisson : Un café serré sans sucre
une pâtisserie : Un cœur fondant au chocolat, parce que sous mes atours d’ours, je suis quelqu’un de sympa en fin de compte
un proverbe : Ce qui ne te tue pas, te rend plus fort. Parce qu’on apprend de ses erreurs pour peu d’avoir envie de progresser.

Un dernier mot pour la postérité?
On refait une partie ?

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !

Le Korrigan