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Entretien avec Yannick Mescam
Interview accordée aux SdI en Décembre 2011


Bonjour et merci de te prêter au petit jeu de l’interview  !
Avec plaisir, ce n'est pas un exercice dont j'ai l'habitude, mais lançons-nous...

Peux-tu nous en dire un peu plus sur toi  ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)
Je viens de la région parisienne, dont je n'ai eu de cesse de m'éloigner au cours de mes études pour finalement atterrir à Toulouse depuis plus de 8 ans. J'ai suivi les études que l'on m'a dit de suivre pour faire un boulot qui ne m'intéresse pas, mais qui me laisse suffisamment de temps pour m'occuper de pas mal d'activités à côté. J'achète et je lis des BD depuis une vingtaine d'années, et je suis tombé dans les jeux de société à mon arrivé à Toulouse, en visitant le festival Alchimie du Jeu. Depuis je participe activement à l'organisation de ce festival, m'occupe d'une association ludique (Joc'Ere) et je vais régulièrement dans les autres associations locales. Mon numéro de comptes aux îles Caîman est le ©|-|0©0£47.

D’où viens cet étrange pseudo  avec lequel tu hantes les forums  ?
La partie WhyMe vient des mes initiales. Pour la partie Judge, cela date de l'époque où j'arbitrais des parties de Netrunner lors du World Domination (championnat du monde) sur IRC.

Quel joueur étais-tu enfant?
Je me rappelle de parties de Monopoly dominicales, puis des soirées tarot du samedi en famille, l'enfer; beaucoup de parties de nain jaune (pendant lesquelles je trichais éhontément), de 421 ou de 10 000 avec mes grands-parents. L'adolescence a été marqué par les jeux vidéos, sur Amstrad notamment. Puis j'ai découvert le jeu de cartes à collectionner pendant mes études: Magic bien sûr, mais aussi beaucoup Netrunner et 7th Sea, jeux que j'ai essayé de faire vivre sur Paris au travers de tournois et animations avec des amis.

©Neriac / YstariN’as-tu jamais cessé de jouer ou un jeu en particulier t’a-t-il fait rebasculer dans le jeu de société «  pour grands  »?
Comme je le disais plus haut, je n'ai découvert le jeu de société qu'au début-milieu des années 2000. Il n'y a pas un jeu qui m'a fait basculer en particulier, mais un enchaînement: le festival Alchimie de Toulouse, un week-end jeu organisé par Drax alias Alain, puis des soirées régulières à l'association. Mais il m'a fallu du temps pour baigner vraiment dans le jeu de société. La première année que je suis allé au salon d'Essen, je n'y suis resté qu'une journée, pour une rencontre organisé par l'éditeur Wizkids (j'étais à l'époque en plein dans une période Heroclix), et malgré les conseils des cadors de l'asso, je ne leur ai ramené qu'une boîte de Scotland Yard, incapable que j'étais de distinguer un bon jeu d'un mauvais jeu.

En tant que joueur, comment as-tu découvert Sherlock Holmes Detective Conseil?
Il y a environ 3-4 ans, eu cours de vacances avec des amis. C'était le dernier jeu de la semaine que nous avions consacré aux plaisirs ludiques et balnéaires. Cyril était d'ailleurs présent, et c'est à l'issue de cette partie qu'il a décidé de le re-éditer. De mon côté, j'ai fouillé les sites d'enchères à la recherche de ce jeu, de ses extensions, et j'ai du enchaîner les parties, le faisant découvrir à tout mon entourage, et faire tous les scénarios en quelques mois.

©Neriac / YstariIl existe une filiation évidente entre Sherlock Holmes Detective Conseil et le jeu de rôle… Le JdR fait-il partie de tes expériences ludiques  ?
J'ai fait quelque parties, dans divers univers et avec différents meneurs de jeu, mais je n'ai jamais vraiment accroché.
Comment présenterais-tu en quelques mots ce jeu à quelqu’un ne le connaissant pas?
C'est un jeu d'enquête, coopératif (il existe des règles où les joueurs sont en concurrence, mais je n'ai jamais joué avec), où le but est de trouver la solution à une affaire donnée en début de partie: un meurtre à été commis, des joyaux ont étés volés...
Les joueurs forment la bande des Francs-Tireurs de Baker Street, des enfants servant d'indics à Sherlock Holmes, qui ont aujourd'hui grandi et qui secondent le maître dans ses enquêtes. L'enquête se présente sous la forme d'un livret contenant plusieurs paragraphes numérotés, chacun décrivant le résultat des investigations des Francs-Tireurs à un lieu donnée.
A partir du texte d'introduction qui définit le sujet de l'enquête et les protagonistes, les joueurs doivent choisir à quel lieu se rendre, et donc quel paragraphe lire. Chaque nouveau paragraphe leur donnant des indices (ou pas) qui les mèneront vers un ou plusieurs autre paragraphes. Les joueurs ont également pour s'aider le journal du jour, qui contient des articles divers et variés, naissances, décès, publicités, des tas de choses qui n'ont aucun rapport avec l'enquête, mais qui contiennent quelque fois un indice capital. Ils ont également un annuaire de Londres, ainsi qu'une carte qui permet de visualiser les différents endroits importants de l'enquête et d'établir des conclusions sur les allées et venues des suspects. Enfin, ils ont une liste de contacts (médecin légiste, avocat, journalistes, indics...) que l'on retrouve dans chaque enquête. Les joueurs décident ensemble de la fin du jeu, quand ils estiment avoir assez d'éléments pour reconstituer l'histoire. Ils vont alors à un paragraphe spécial où on leur pose des questions sur l'histoire: qui a tué untel, est-ce que tel autre était complice, où sont cachés les joyaux... Chaque question rapporte des points, ce qui permet d'établir un score que l'on peut comparer à celui qu'aurait Holmes en résolvant l'enquête.
L'ambiance autour d'une partie de Détective Conseil s'apparente à l'ambiance d'une salle d'enquête, avec des notes sur feuilles volantes reprenant les témoignages des gens interrogés, des gens qui se triturent le cerveau en se prenant la tête à deux mains, des discussions enflammées sur la logique des hypothèses de chacun...

©Arnaud Demaegd / YstariComment t’es tu retrouvé à travailler sur la réécriture des enquêtes à l’occasion de la réédition du jeu?
Comme j'étais présent lors de la décision de rééditer le jeu, que j'avais complètement accroché au jeu et que je croise régulièrement Cyril au cours des salons et autres festivals, on a discuté des idées à appliquer pour améliorer le jeu, du fait qu'il fallait absolument retravailler certaines enquêtes qui contenait des erreurs (de traduction ou même de logique dans l'enquête). Je lui ai proposé mon aide pour faire ce travail de test et de réécriture, et il a accepté.

Quels furent les principales difficultés rencontrées lors de la réécriture  ?
Le travail sur une enquête est simple, mais fastidieux. En premier, faire jouer l'enquête originale, et prendre des notes au fur et à mesure pour voir comment les joueurs enchaînent les pistes, et recueillir à la fin leurs impressions sur l'enquête, la logique de l'histoire, les justifications données par Holmes... A partir de là, modifier l'histoire si nécessaire, corriger les paragraphes erronés, modifier des paragraphes si l'histoire le demande...Il a fallu aussi établir l'arbre des paragraphes, c'est à dire déterminer, pour chaque paragraphe, quels sont les paragraphes vers lesquels les joueurs ont envie d'aller, afin de vérifier qu'il ne manquait pas de paragraphes, mais surtout que les joueurs ne se retrouvent pas par hasard sur un paragraphe leur apprenant plus de choses qu'ils ne sont censées savoir. Une fois les paragraphes modifiés, on refait tester à une nouvelle équipe, puisque chaque enquête a une solution unique et ne peut donc être jouée qu'une fois. Heureusement que le monde associatif toulousain est très actif et que les joueurs ne manquent pas. Et heureusement également qu'Aëlwyn, une trictracienne, m'a rejoint en cours d'écriture pour me donner un coup de main.

Le cours des enquêtes a-t-il été modifié ou la trame générale est-elle la même que celles proposées dans la version originale?
Il n'y a que deux enquêtes dont le scénario a été changé. L'une parce que le coupable et le mobile ne me semblait pas réalistes, et l'autre parce que l'enquête se résumait à deux paragraphes avant de trouver la solution, ce qui était très frustrant.
Il y a aussi eu quelques changements pour certaines enquêtes: les descriptions textuelles ont été remplacées par des illustrations, pour que les joueurs aient à faire leur analyse des indices eux-mêmes plutôt que d'avoir des descriptions parfois trop explicites.
Enfin, chaque enquête dispose d'un paragraphe Sherlock Holmes, où les joueurs peuvent aller demander au maître des conseils si jamais ils sont perdus dans les pistes. Mais Holmes délivre parfois lui-même des indices de façon mystérieuse...

Ce jeu s’annonce pour le moins alléchant  ! Je pense que vous êtes satisfaits du résultat  ! Dans quel état es-tu à quelques jours de sa publication  ?
Impatient de voir le résultat final. Je connais les histoires, mais je n'ai pas vu le matériel, je ne sais pas à quoi ressemble la carte ni l'annuaire ou les journaux....

©Neriac / YstariQue dirais-tu à un joueur indécis au sujet de l’achat de Sherlock Holmes Détective Conseil  ?
Ce jeu ne ressemble à aucun autre. On peut y jouer autant avec des joueurs passionnés qu'avec des débutants, et il est vraiment passionnant. Je me rappelle d'une des dernières parties de test où l'un des joueurs, ne connaissant pas le jeu, demandait si ça ne gênait pas si il partait en cours de jeu, car on commençait vers minuit. Je l'ai regardé avec un sourire en lui disant que ça ne posait pas de soucis. Vers deux heures du matin, alors que les joueurs étaient en plein débat , je lui ai demandé si il comptait toujours quitter la partie. Il m'a répondu «  certainement pas avant de connaître la fin!  ».

Quels sont tes derniers coups de cœur  ? (ciné, bd, jeux, musique & autres…)
En ce moment, je joue beaucoup à Mage Knight, la nouvelle version par Vlaada Chvátil. Mes lectures de prédilection sont Watchmen et 1984. Et récemment, j'ai écouté en boucle les Fatals Picards... Des grands moments de n'importe quoi, surtout sur scène.

Pour finir et afin de mieux te connaître, voici un petit portrait chinois à la sauce imaginaire...
Si tu étais...

un personnage de BD : Flash, le bolide écarlate des comics US
un personnage biblique : Mon pote Jésus
un personnage de roman : Un prince d'Ambre, pour visiter d'autres mondes
un personnage de théâtre : Cyrano de Bergerac, pour avoir sa grandeur d'âme
un personnage de cinéma : Quasimodo d'El Paris, et je saurais quoi demande à sa fée
un personnage de JdR :Un clone de Paranoïa, perdu aux milieu des autres
un instrument de musique : Une batterie, ronde mais qui tient le rythme
un jeu de société : Time's Up!, incompréhensible à la fin si on n'a pas la référence du début
un mécanisme de jeu de société  :Le deckbuilding, ou l'amélioration petit à petit
une recette culinaire : Les pâtes à la carbonara, mon plat favori
une ville : Tokyo, tel qu'on l'imagine au travers de ses représentations
une boisson : Du coca 27, le cocktail le plus improbablement bon (coca et Get 27)
une pâtisserie : Le crumble poire-chocolat, croustillant, fondant et onctueux
un proverbe : Mieux vaut des remords que des regrets, il faut aller au bout de ce qu'on veut, quitte à se ramasser.

Un dernier mot pour la postérité  ?
Meep

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé  !
Avec plaisir. J'espère qu'on se retrouvera pour parler des futures extensions... si Ystari les sort!
Le Korrigan