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Le Hobbit, retour sur un départ
un article signé Itikar


J’écris ces lignes sur un petit fichier rouge tout en écoutant Neil Finn. Et si le cinéma était pour moi un vecteur, un passage vers l’ailleurs comme le montre le tableau océan de L’odyssée du Passeur d’Aurore, dans cette autre adaptation fantastique de ce qui reste pour moi un chef d’œuvre de la fantasy :Les Chroniques de Narnia de CS Lewis, meilleur ami de JRR Tolkien … Et si une part de moi – la plus onirique et la plus profonde- avait le pouvoir de rester de l’autre côté de l’écran ? C’est en tout cas ce que j’ai ressenti, en ces quelques avant jours de fin du monde, lorsque mes yeux se sont posés sur Le Hobbit. Evènement tant attendu pour moi et des millions d’autres. Car, lorsque le monde cessera d’exister, cette partie de moi sera encore là-bas, fumant un peu de Vieux Toby ou pêchant dans un recoin du Brandevin non loin du Pays Touque en discutant bonne chère avec quelque bon vieux hobbits des familles … Une renaissance.

de la fidélité au roman…

Le Hobbit – Un voyage inattendu est la première partie de l’adaptation de Peter Jackson, réalisateur inspiré du Seigneur des Anneaux, du deuxième livre best-seller écrit par JRR Tolkien bien avant la parution de Lord of The Rings : The Hobbit. Peter Jackson et son équipe de co-scénaristes (Fran Walsh, Philippa Boyens, et Guillermo Del Toro) , communément abrégé PJ, ont de fait choisi de défendre trois voies créatives : celle de la fidélité dans l’intrigue principale d’abord. Elle est intégralement reprise dans ses grandes lignes, une importante attente de la communauté des fans. Celle de l’incorporation des intrigues qui en découlent logiquement dans Le Seigneur des Anneaux. A ce sujet, PJ tient particulièrement à apporter une cohérence, tant d’un point de vue artistique que scénaristique. Il en résulte au final l’intégration du Conseil Blanc (Galadriel et Saroumane), du Nécromancien (Sauron), d’un Nazgul (Le Roi Sorcier), et de nombreuses anecdotes connexes. Dans le même ordre d’idée, PJ tient à présenter des échos du passé, tel qu’il est narré dans le Quenta Silmarillion. Ainsi, les araignées de Mirkwood deviennent des rejetons d’Ungoliant. Erebor est une forteresse Naine semblant surgir du Premier Age, égal de Belegost. Quant à Thranduil et son armée, on a presque l’impression de revoir un contingent de la Dernière Alliance ou du siège d’Angband. L’incorporation de tout cela a obligé très logiquement PJ à innover par rapport au roman. Scénariste doué et généreux (pour les fans en tout cas), il ressent vite que le fil rouge pourrait seul relier de manière logique et cohérente chaque ajout. Ainsi, il noue ses fils de manière tout azimut : Azog surgit de la lointaine bataille d’Azanulbizar dont PJ nous résume l’histoire, si importante pour les Nains, pour s’en prendre à Thorin. Le film commence par un flashback depuis les quelques heures précédant le début du Seigneur des Anneaux mettant en scène Frodon et Bilbon tel qu’on les connaissait à l’époque. Enfin, à l’image d’Azog réssuscité pour intervenir dans ce qu’on commence à nommer en termes d’histoire « l’arc de Thorin », ou de Radagast pilote de lapins géants de compétitions, PJ a décidé d’innover. C’est une perspective d’autant plus intéressante que cela permet d’instiller du suspense où il ne devrait pas y en avoir (pour les lecteurs du roman). Ainsi, même les plus passionnés peuvent s’exciter en estimant, à tort ou à raison, que PJ va les surprendre. Et plus d’une fois, comme en témoigne cette scène que personne n’attendait où Radagast pénètre dans Dol Guldur, par exemple, et tombe nez à nez avec un Mal des plus anciens.

Le Hobbit © Peter JacksonPar cette longue introduction, je veux exprimer ma pensée comme quoi PJ a pensé plutôt finement ses intrigues grâce à plusieurs ficelles cinématographiques. Ainsi il a je crois fait exprès de mettre de très nombreuses références au Seigneur des Anneaux, afin de permettre aux fans de ne pas être dépaysés, et surtout d’entrer de nouveau dans les Terres du Milieu par cette petite porte ronde et verte qui leur est désormais toute familière. Et aussi par un arc scénaristique à peu près idoine – tout en portant les germes de la différenciation qui fera que La Desolation de Smaug sera radicalement différente des Deux Tours – puisque après le prologue qui lui a pour rôle de relier l’intrigue avec le fourmillant passé créé par Tolkien, les deux intrigues commencent à la Comté., les deux vont croiser les 3 trolls – la première – celle du Hobbit - les croise vivants la deuxième – celle du Seigneur des Anneaux - les croise statufiée -

Je ne pense pas qu’il faille nécessairement reprocher cette tendance vers le mimétisme, dont témoigne également la reprise presque à l’identique des musiques du Seigneur des Anneaux d’ailleurs. En effet Tolkien a fait de même dans les romans. Et de même au sein du Hobbit ! Ainsi, appelons les événements du début du Hobbit A – Préparatifs à Cul-de-Sac , B-Capturé par les Trolls, C-Repos à Fondcombe, D-Capturé à Goblinville, E-Enigmes dans le Noir, F-Attaqué par les wargs et G-Sauvé par les Aigles. Et les événements de la deuxième partie du roman A-Préparatif chez Beorn, B-Capturé par les Araignées, D-Capturé par Thranduil, C-Repos à Esgaroth, E-Enigmes dans l’antre de Smaug, F-Attaqué par 5 armées et G-Sauvés par les Aigles. C’est une structure en miroir initiatique car Bilbon progresse en maturité et atteint chaque nouvelle lettre similaire fort de l’expérience vécue lors de l’expérience précédente de même lettre, puisque les événements sont similaires. On n’a bizarrement qu’une seule inversion dans la deuxième partie, celle du Palais de Thranduil et d’Esgaroth. Bref, dans de telles conditions philologiques (Tolkien a déduit les événements deThe Hobbit en décryptant philologiquement la phrase « Dans un orifice dans le sol vivait un bâtisseur d’orifice », c’est en tout cas la thèse passionnante que développe David Day dans « Bréviaire du Hobbit »), je ne me vois pas reprocher à Peter Jackson de coller un peu trop au Seigneur des Anneaux… D’autant plus que PJ a on l’a vu créé des arcs secondaires d’intrigues pour justement sortir de ce carcan initiatique qui nous aura fait prendre conscience que La Desolation de Smaug raconte la même chose qu’Un voyage Inattendu. Ce qui je pense passerait moins bien au cinéma qu’en roman.
C’est aussi pour cette raison, bien que je comprenne d’avance la déception des puristes, que pour moi PJ a eu raison de multiplier les arcs narratifs secondaires, même non canons à l’œuvre.


du traitement des personnages…

Le Hobbit © Peter JacksonJe trouve globalement le scénario de PJ très bon car il s’agit de la même intrigue, certes embellie, que celle de Tolkien, nonobstant donc le rajout de nombreux événements et intrigues secondaires. En ce qui concerne les Nains, ils ne sont pas assez développés à mon gout, certains nains étant sous exploités (en vrac Ori Nori Dori Bifur, Bombur, Oin, Gloin ayant pour moi des rôles bien moins développés que ceux de Thorin, Balin, Dwalin, Bofur, Kili et Fili)…mais il reste deux films pour y pourvoir et respecter la promesse faite de donner une intrigue et un arc narratif à chaque Nain. Ainsi qu’un caractère, et sur ce point j’ai le sentiment que PJ et ses acteurs font un sans-faute. Par exemple Thorin est fier et courageux, et Richard Armitage livre une prestation – en VO la VF étant d’après moi insuffisamment fidèle à la VO- remarquable de maitrise, quasiment shakespearienne. Balin nous est quant à lui montré comme un vieux sage pessimiste et nostlagique. Dwalin un impressionnant guerrier – là encore l’acteur fait des merveilles – et Kili et Fili deux jeunes Nains agiles et avides d’aventures et de revanche. Etc…

Les Nains ont beaux être excellents en VO et très bon en VF, ce n’est pas eux qui m’ont le plus impressionnées en matière d’interprétation. C’est en VO Sir Ian Mc Kellen (Gandalf) , Sylvester Mc Coy (Radagast), Hugo Weaving (Elrond), Cate Blanchet (Galadriel), et Christopher Lee (Saroumane). Mais Martin Freeman avant tout au moins en VO car son doublage a été massacré en VF semblant être celui d’un enfant complètement paumé et dépassé, là où en VO Martin Freeman parvient à livrer toute une palette d’émotions très nuancées. Rien que de ce fait là, la vision en VO semble celle à privilégier. Pour d’autres raisons d’ailleurs en sus : en VF certains dialogues sont détournés (phrase non prononcée par le bon acteur) ou déplacées momentanément voire purement et simplement supprimés.

Le Hobbit © Peter JacksonEn fait, j’aurais aimé personnellement un film bien plus long pour mieux détailler des événements comme ceux de Dale, d’Erebor, d’Azanulbizar, mais aussi plus de scènes personnalisées dans les relations des Nains et plus de densité dans le Conseil Blanc. Par contre, je veux tout ça en plus sans que rien du reste ne soit retiré ! De fait, je ne peux absolument pas partager une partie du ressenti général des critiques de presse et des spectateurs estimant qu’il ne fallait que faire deux films. Trois films ne seront d’après moi et pour les arguments que j’ai mis en avant pas de trop pour dépatouiller toutes ces intrigues.

En fouillant (j'ai vu au moment où je finis cette critique trois fois le hobbit, deux fois en 3d 24 fps VO, et une fois en 3d 48 fps VF) , je me suis rendu compte que certains événements paraissent incohérents. Mais j’aime à croire personnellement que tout ce qui ne nous apparait pas cohérent, va nous révéler sa cohérence dans les prochains opus. Je ne pense pas que les orcs et leurs wargs attaquent par hasard la compagnie. Je pense qu’on apprendra dans les prochains films l’origine de la traque d’Azog. De même, Galadriel et Saroumane semblent arriver instantanément au Conseil Blanc. Là aussi, je pense qu’il y a une explication logique à cela. Pour moi, PJ est un renard subtile et il nous donnera plus tard les explications qui nous manquent. Mon pronostic : Azog est à la solde de Saroumane, et lui et Galadriel peuvent se téléporter à Fondcombe pour participer au conseil blanc. Idem pour l’entrée secrête vers la vallée de Fondcombe. Il s'agit d'une vallée très encaissée, conduisant à Fondcombe et qu’Elrond appelle « le col caché » et qui est difficile à découvrir si l'on n'en connaît pas le chemin. C’est bien sûr par-là qu’arrive dans la place Thorin et compagnie.

Le Hobbit © Peter Jackson Dans le film, on remarquera que, contrairement au Seigneur des Anneaux, on frôle le Monty Hall, cette tendance à créer des héros de fantaisie surpuissants, voire gros bill, et qui vont vivre des événements à la mesure de leur puissance. Ainsi, là où Tolkien mettait Thorin et compagnie en présence d’une cinquantaine de gobelin, PJ nous peuple Goblinville de centaines d’entre eux, s’amoncelant et grouillant. Dans cette scène, à plusieurs reprises, les héros font des chutes et des glissades aussi impressionnantes que mortelles … pour s’en tirer sans une égratignure. Je ne vais pas nier que cela soit donc là un traitement du réalisme aux antipodes de celui du Seigneur des Anneaux. Mais là encore, je cherche une explication. J’hésite entre plusieurs. La première, rebondissant sur les propres propos de PJ, serait pour moi de rappeler que l’adaptation se veut plus légère, et ciblant des enfants. Mais cette explication ne me convainc pas vraiment, car le film présente des éviscérations, des empalements, des décapitations et des incinérations (tout comme ce qu’il y a de promis dans le contrat de Bilbon). Une autre explication s’inscrit dans le principe du voyage initiatique : c’est l’évolution personnelle qui prévaut, pas les péripéties elles-mêmes, qui rendront l’initiation d’autant plus profitable que le danger apparait grand. Autre possibilité, assez complexe à expliquer, susceptible d’être retenue si le film que l’on voit est l’adaptation tirée du livre rouge que Bilbon vieux écrit au début. Dans ce cas, alors Bilbon a pu être tentée – comme Gandalf le lui dit 60 ans auparavant –d’embellir son récit. Il l’a d’ailleurs déjà fait dans les récits de Tolkien (deux versions du livre rouge ayant été écrites). Pour toutes les raisons que je viens de donner, je reste très confiant dans le fait qu’on aura ultérieurement les explications voulues de tout cela – et d’autres incohérences cessant alors à mes yeux de l’être -

Le Hobbit © Peter Jackson Radagast est manifestement un personnage unique, et doté d’un rôle assez ingrat tout de même. J’ai tout de suite beaucoup aimé le personnage, cette fois-ci quasiment une création jacksonnienne et non pas tolkiennienne.Il est loufoque, excentrique, porté sur les drogues et facilement distrait.Je ne me l’étais pas imaginé comme cela, certes, mais avec du recul je trouve que c’est tant mieux, car c’est une description tout à fait possible pour ce personnage, que Tolkien dépeint déjà comme un solitaire un peu fou préférant partager la vie des animaux et vivre en pleine nature. L’ajout le plus énorme reste non pas ses charmants hérissons mais ses nombreux lapins géants supersoniques. J’aime beaucoup en ce qui me concerne, car je trouve cela très fun et léger à voir à l’écran. Et offrant de plus une belle course poursuite entre le traineau de Radagast et la cavalerie warg.J’ai adoré également de voir la maitrise d’arme dont l’istari fait preuve lorsqu’il doit se défendre contre un Nazgul. Bref, pour moi Radagast est encore un sans-faute de PJ et ce même si il a fait couler beaucoup d’encre. On dit parfois de lui que c’est un personnage loufoque, voire ridicule, et existant juste pour la note d’humour – un reproche parfois adressé à Bombur également –Dans ce dernier cas, et si PJ a bien fait son travail, nous aurons dans la suite la preuve, amorcée lors des escarmouches à Goblinville, qu’il n’est pas qu’un Nain comique. Tout comme Radagast, dont la maitrise du combat – faculté qu’il a en commun avec Gandalf d’ailleurs – à Dol Guldur prouve en tout cas à mes yeux qu’il n’est absolument pas un magicien de pacotille. Excentrique, oui, certes. Et très sale, sans pourtant être asocial. Une sorte de joyeux anachorète en somme. Bien entendu grâce à l’adaptation qu’en fait Sylvester Mc Coy, c’est aussi un personnage très touchant, lorsqu’il tente de sauver la vie de son compagnon Sebastian (Sebastien en VF), et très humain lorsqu’il se drogue au vieux Toby. On a au passage – sans doute encore par démarche volontaire – une succession de plans empruntés à la fuite d’Arwen poursuivie par les Nazguls lorsqu’elle file comme le vent sur sa monture avec Frodon dans ses bras.. Radagast distance les wargs de la même manière, hormis qu’il est tiré par ses lapins supersoniques bien sûr.


du grand spectacle…

Ayant lu Bilbo le Hobbit, je sais que PJ a volontairement rendu bien plus spectaculaires les péripéties bien connues que rencontrent et surpassent Bilbo, Gandalf et les Nains . Nullement agacé de cela, j’ai trouvé de nombreux traitements – comme Goblinville et d’autres que je pourrais détailler en long en large et en travers- absolument jouissifs, avec bien entendu celles des scènes ajoutés d’Erebor, et d’Azanulbizar.
Bien sûr j’applaudis le département artistique et conceptuel, mais aussi les équipes d’infographie et les costumiers. C’est de leur synergie à tous devant le chef d’orchestre Peter que dépend la réussite et donc l’immersion de ces scènes. J’ai été personnellement bluffé par la qualité d’ensemble ! Les environnements que je trouve pour le moment vraiment réussis –ainsi que les péripéties des protagonistes s’y trouvant – sont pour moi Dale, Erebor, La Comté, La grotte de Gollum, La corniche des géants, le pic des pins solitaires, et le Carrock. J’ai été par contre peu charmé par Fondcombe, déjà bien connu, même si certaines pièces dévoilées telles le cloître du Conseil Blanc sont très chouettes.

Le Hobbit © Peter Jackson C'est le bon moment pour évoquer la technologie que que PJ a décidé de mettre en avant : la 3d en 48 images par secondes abrégés 48 fps HFR pour High Frame Rate. Les critiques ont dit tout et n'importe quoi sur le résultat. Je préfère m'en tenir à mon expérience pourtant un peu sabordée par le fait que cette vision était en VF pour dire que le rendu en 48fps est sublime. L'image n'a jamais été aussi belle, les détails - magnifiques sur les costumes des protagonistes - jamais aussi visibles, les couleurs sont extrêmement bien rendus, et surtout la 3d (qui au passage perd son défaut de double profondeur) ne souffre d'aucun flou, même dans les actions les plus rapides - combats notamment -, chaque mouvement se décomposant précisément, pour le bonheur de nos pupilles grandes ouvertes ! Jouissif ! D'ailleurs, lors de l'avant-première à Wellington, un certain James Cameron était là. Il a décidé d'adopter la technologie et tourne en ce moment Avatar 2 en 3d 48 fps. Ce qui, pour moi, apparait comme un gage de succès pour le choix de PJ. D'accord, il faut quelques minutes pour s'habituer à cet hyper rendu de l'image, d'une fluidité impeccable, mais une fois chose faite il y a vraiment très peu d'accrocs : j'en ai vu deux personnellement : les faux pieds de Frodon deviennent visibles car on voit bien sur sa peau une démarcation entre ses faux pieds et le reste de ses jambes. Et le moment où Radagast fuit Rhosgobel, par une porte qu'il ne parviendra jamais à ouvrir je crois puisqu'elle est peinte sur le mur on dirait ! A part ces deux moments là, je n'ai pas vu d'autres trucages trahis de ce fait. Même le feu, que j'avais lu devenir irréaliste en 48 fps, m'a paru tout à fait bien rendu. Donc bon, vous ne serez guère étonné par le fait que comme PJ je vous conseille de loin de le voir en HFR. Attendez vous en tout cas à une expérience totalement différente. Et je pense, bien plus plaisante, car deux jours après l'avoir vu en 48 fps, je suis retourné le voir en 24 fps, et j'étais attristé de constater de façon vraiment flagrante dans ce sens, la perte d'image et de photographie qu'on s'infligeait alors. A chacun de voir bien sûr. On est tous différents, que ce soit dans notre physiologie et dans nos goûts et nos couleurs. En tout cas, en 48 fps, la fuite au ralenti à dos d'aigle au crépuscule, est encore plus magique à contempler.

J’adore de plus la bande musicale du film, que cela soit la bande d’Howard Shore, ou les chants de Neil Finn ou des acteurs Nains eux-mêmes. Je trouve qu’à de nombreux moments la musique colle fort bien aux événements. Par exemple, lorsque Bilbon épargne Gollum, la musique est celle du moment où Gandalf parle de la pitié de Bilbon à Frodon dans la Moria. J’ai trouvé cela très bien vu. Et un moment très émouvant.
Le Seigneur des Anneaux est riche en phrase culte, c’est bien connu. Mais ce Hobbit là en a également ! Lorsque Bilbon réapparait devant les Nains et répond à Thorin sur sa motivation à l‘accompagner, par exemple ; ou lorsque Gandalf insiste sur l’acte courageux qu’il y a à épargner une vie, même ennemie ; et bien avant, j’ai aimé aussi la remarque de Bilbon sur son amour des visites ; et lorsque Gandalf gagne son pari au tout début de leur voyage inattendu. Plus d’autres … Bref, je suis très satisfait des dialogues en tout cas en VO.


de la nostalgie rôlistique…

Le Hobbit © Peter Jackson Il y a une autre raison, bien plus personnel et dont j’assume totalement la subjectivité, qui a fait du Hobbit un fantastique moment pour moi.
Il y a de cela bien longtemps, j’ai tourné les pages d’un petit livre de poche qui commençait par « dans un trou dans le sol vivait un hobbit… » … Je fus alors comme frappé par une logique qui ne cessa jamais depuis. Quelques années plus tard, cette logique me fit acheter une boîte toute rouge titrée Donjon et Dragon. Je savais que j’allais pouvoir ainsi devenir le héros que je rêvais en moi depuis ma lecture de Bilbo le Hobbit puis du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion, entre autres. Dans cette boîte, j’appris qu’en incarnant un homme, un nain, un elfe ou un hobbit, on pouvait devenir un guerrier, un voleur, un prêtre ou un mage et vivre de fabuleuses aventures … sans cesse rappelant celle de ce hobbit suivant un magicien et treize nains à la reconquête d’un royaume perdu. Et pour cause, puisqu’un dénommé Gary Gygax s’est basé sur les écrits de Tolkien pour créer ce jeu de rôle qui bientôt fit le tour du monde, emmenant des milliers de passionnés comme moi combattre des loups géants, des trolls et des gobelins. Quant à moi, je passais quinze ans totalement avalé dans ces mondes, dont la découverte passait avant toute autre chose. Bien plus tard, après avoir relu entre autres, car Tolkien fit des centaines d’émules, plusieurs fois le Seigneur des Anneaux, je suis allé voir ce qu’en avait adapté Peter Jackson. J’ai adoré, comme le monde entier. Mais là, en découvrant dix ans après son tout nouveau Hobbit, dont je suivis la gestation pendant plus de deux ans, je ne faisais pas que revenir en Terre du Milieu, réactivant toute cette passion de Tolkien qui m’anime. Je voyais prendre vie, je vois prendre vie à l’écran cette fameuse bande d’aventurier uni par la complicité et la résistance à l’adversité : treize nains, plus ou moins guerriers et intendants, un magicien et un hobbit cambrioleur. Ils allaient m’emmener avec eux, immergé dans un monde en 3d cette fois, dans leurs aventures extraordinaires : trois trolls formidables, un palais elfe, deux géants de pierre monstrueux, une ville de gobelin, et plus encore. Je ne pouvais pas ne pas aimer ce voyage doublement nostalgique resurgi de ma mémoire. Tolkien et Donjon et Dragon ensemble à l’écran, le père et le fils qui m’ont tant accompagné dans la vie. Ainsi, Le Hobbit version Peter Jackson est construit comme une savoureuse partie de Donjon : une bande d’aventurier soudé rencontre et triomphe les uns après les autres des obstacles rencontrés. Ce n’est pas comme dans Le Seigneur des Anneaux où le groupe est presque accidentel, et surtout bien vite divisé par la nécessité, cassant le modèle d’équipe habituel. Là, chaque membre a choisi de partir à l’aventure, faisant ce qu’on appelle en terme technique un briefing de début d’aventure dans une auberge- représentée ici par Cul-de-Sac –avant de partir à dos de poney dans l’inconnu de leur objectif : un long voyage semé de découvertes de trésors, obtenus après avoir combattu des monstres et exploré des passages secrets. Le modèle parfait. Voilà pour vous expliquer pourquoi d'après moi tous les rolistes, amoureux des écrits de Tolkien ou non, apprécieront le Hobbit sans même trouver dommage que tel ou tel point ne respecte pas l’œuvre d’origine. Pour nous, habitué à la broderie et à la nouveauté obtenue à partir d’un même substrat de monde, c’est de la transcendance au contraire. Là où le film Donjon et Dragon n’a pas réussi à retrouver l’ambiance – c’est un comble ! – de son paternel, là où aucun film à ce jour n’a réussi à retranscrire ces aventures ayant bercé mon adolescence, Le Hobbit de Peter Jackson l’a fait. Avec brio.


des scènes marquantes…

Le Hobbit © Peter Jackson Il n’a pas que fait cela bien sûr. Son objectif d’adaptation de Tolkien me semble encore une fois bien traité. Thorin est un roi nain en puissance, et toute sa compagnie est fière de lui, de ses exploits, et de sa personnalité fascinante. PJ l’a bien montré après que Balin rappelle les terribles événements de la bataille d’Azanulbizar, en montrant un plan de tous les Nains levés le regard décidé et suiveur vers leur seigneur. En parallèle, Bilbon, comme dans le livre, passe bien de son état de hobbit maladroit à sa nature de cambrihobbit. Il a droit lui-même a son baptême de feu, et finalement à l’étonnement de s’y sentir à l’aise. Au point d’à la fin commencer à convaincre Thorin de son utilité, faisant, comme dans le livre, naitre un début d’amitié, ou tout au moins de respect, entre eux. Et à la fin du Hobbit, le monologue de Thorin, où il fait croire à Bilbo qu’il va être vitupéré alors qu’il va en fait le congratuler donc tout le contraire. C’est très bien amené je trouve, et très fidèle au livre tout en étant complètement différent. C’est juste un exemple qui pour moi prouve la fidélité et même le respect énorme de PJ envers l’œuvre.Même si beaucoup estimeront que c'est bien le package minimum qui pouvait être attendu, certes.

Il y a beaucoup de passage dans le Hobbit que j'ai adoré : par exemple, cette scène où Gandalf révêle son pouvoir à Bilbo, très étonné, qu'on met alors en rapport avec une scène antérieure où Bilbo fait comprendre à Gandalf - incapable d'arrêter la pluie - qu'il ne doit pas être un très bon magicien. C'est une scène truculente. Il y a bien sûr toutes les scènes où Thorin jauge devant lui de la capacité de Bilbo à les suivre dans leurs aventure sou non, arc se concluant magistralement par l'accolade final de Thorin, que Bilbo vient de sauver.Il y a bien entendu l'introduction à Dale et Erebor, où j'aime particulièrement le récit qui est fait de la puissance des Nains, au point où les Elfes - comme Thranduil - viennent leur rendre hommage, avant de se détourner d'eux dès que Smaug les a spolié de leur royaume. Ou j'aime aussi tous les ravages causés par le dragon, que PJ introduit vraiment bien, lui donnant quasiment une aura divine et terrible. Je pense que Tolkien, n'ayant pas détaillé ce passage à ma connaissance, voyait cela exactement comme ça. J'adore aussi les différentes entrées des Nains à cul-de-sac et la réaction de Bilbo en VO (en VF, il semble stupide et apathique, quasiment nigaud, et particulièrement dans ces scènes, là où en VO il est déjà empli de combattivité qu'il retient à grand peine). Puis j'aime beaucoup le pari que Gandalf gagne. J'aime bien aussi le moment où Gandalf est excédé par Thorin. Je trouve la scène où Balin introduit la bravoure de Thorin lors de la bataille d'Azanulbizar absolument magnifique. Encore un moment absent du livre et pourtant si beau et si gratifiant pour Thorin. Ce personnage - tout le monde le dit je crois - mérite dans le film la stature qui est la sienne, sans démonstration aucune, dans le livre. En ce sens, PJ élabore devant nous l'image particulière de Thorin auprès de ses frères.Et c'est vraiment superbe à voir. Ensuite, j'aime bien la résurrection opéré par Radagast, puis la façon dont il occupe les wargs. On se demande juste un peu après où il est passé mais bon ... on peut imaginer que revenant sur ses pas, il n'a pas retrouvé la compagnie et est reparti dans ses pénates, fier du devoir (avertir Gandalf) accompli. Ou alors il est parti faire toute autre chose, que PJ nous fera un plaisir de nous montrer dans un an.Puis, j'ai adoré le moment où la compagnie, désormais à pied, comprend qu'ils cheminent sur un géant de pierre. Plus je vois les combats à Goblinville, et plus je les apprécie. PJ a donné effectivement une tonalité très jeu vidéo à es passages, mais de façon - notamment en 48 fps - très fluide. Chaque péripétie se suit, dans des plans de caméra de folie comme PJ en a le secret, avec gourmandise et se paie en prime le luxe de conserver les moments clés du livre (bascule de Bilbo, Capture des Nains, Delivrance par un tour de magie de Gandalf, Fuite de la compagnie), mais dans un décor très différent et ponctué de moments de bravoures et d'héroïsme ou d'actions pétaradantes telles des chutes vertigineuses. Bien sûr, j'adore les énigmes dans le noir, passage qu'on ne présente plus où Bilbo rencontre Gollum et s'empare de l'Anneau Unique.Et au sein de ce passage, un de mes moments préférés et des plus émouvants (j'en pleure à chaque fois) du film lorsque Bilbon épargne Gollum. LE plan est là encore superbement bien filmé par PJ, je trouve, avec l'air hagard de la créature qui donne pitié. A noter - comme vous le remarquerez de vous-mêmes - que de nombreux plans sont filmés depuis les yeux de Bilbon eux-même, regardant Gollum. Ainsi, c'est nous-mêmes qui le regardons alors, nous posant comme Bilbon la même question "est-ce que je l'épargne ou pas?". PJ, en bon moralisateur, voulait certainement nous faire à cet instant précis acteur du récit. Une très belle scène, peut-être destinée à devenir anthologique. Un peu après, le sauvetage des Aigles est pour moi désormais la plus belle scène qui m'a été donné à voir au cinéma. C'est pour dire comment elle est belle, surtout je l'ai dit déjà, en 48 fps. Chaque sauvetage de Nain est montré, à vitesse ralentie, les uns après les autres, dans un ballet aérien sidérant.


De la subtilité narrative induite ou l'art de conter sans raconter

Le Hobbit © Peter Jackson PJ est ce que j’appelle un renard subtile. Rusé, il sait particulièrement bien utiliser son art pour garder le spectateur en haleine. Ainsi, on le voit il fait du Hobbit, archi mondialement connu, une œuvre surprenante sur de nombreux axes : comme on l’a vu il nous surprend sur l’axe adaptatif. Déjà on se triture les méninges pour savoir ce qui sera gardé tel quel dans le film suivant, ce qui sera enlevé, et ce qui sera augmenté ou transfiguré. Ensuite, on se demande ce qui va être rajouté, tant en nouveauté qu’en développement des arcs qu’il suggère dans le premier film. En ce dernier sens, alors que JRR Tolkien se considérait comme un sous-créateur (il créait des sous parties d’un monde total comme s’il n’était là que pour révéler son existence), PJ serait un sur créateur.
Mais à l’instar de plusieurs cinéastes de génie (George Lucas dans Star Wars avec la scène culte de C3po reconnaissant son créateur dans la cité des Nuages, Zack Snyder dans Sucker Punch avec son héroine jamais dévoilée durant tout le film, onirique à plusieurs tiroirs de bout en bout, Paul Verhoeven dans Starship Troopers), PJ est capable de créer du sens sans développement. Exactement comme ces géniaux romanciers, dont Tolkien du reste, ou bien Victor Hugo, capables de catapulter dans l’ensemble de leurs récits la conséquence parfois béatifiante d’un non-dit. Il en est ainsi de l’acte de charité de Monseigneur Miriel transformant jusqu’à la moindre parcelle de son être, l’amertume désabusée et déshumanisée du bagnard Jean-Valjean en modèle absolue d’inaltérable altruisme. Bien plus tard, l’acte donnera une vie plus juste à Cosette … et fera des Misérables et à jamais le livre universellement humain toute culture réunie. Tout ça en donnant à un pauvre hère les chandeliers qu’il vient de lui voler, lui rachetant ce faisant tout le noir de son âme. Il n’y a rien de plus sublime en ce monde ou en l’esprit. Quant à Tolkien, il transforme dans son Hobbit la découverte d’un Anneau qui rend invisible en ange gardien/némésis de toute la Terre du Milieu : l’avénement de l’Anneau Unique au doigt de son Seigneur entrainera la victoire du Mal absolu. Sa destruction anéantira celui-ci délivrant le Monde de sa quintessentiel noirceur.
PJ lui, va particulièrement s’appliquer à marcher sur les traces du docte professeur – et c’est particulièrement visible dans le Hobbit - c’est à dire à narrer certains événements – parfois ses choix artistiques à lui - sans les raconter. Il y a finalement beaucoup d’exemples de cette véritable « écriture entre les lignes », je vais juste en citer quelques-uns.
Il y a très tôt dans le film une phrase, et juste une phrase, Gandalf demandant à Thorin s’il n’avait pas fait l’erreur de parler de sa quête, qui si elle n’avait pas été là ne nous aurait sans doute même pas fait nous demander si Azog agissait seul ou sur l’impulsion de quelqu’un au courant de l'expédition d'Erebor. Dans le film, PJ ne traite cependant absolument pas cette problématique autrement qu’en nous induisant ce questionnement, grâce à Gandalf comme le faisait Tolkien au moins autant d’ailleurs à travers les prédictions sibyllines de ce personnage.
Un peu plus tard, on risque d’apprendre d’un coup – en même temps que Saroumane en fait – que les Nains ont quitté Fondcombe sans en avertir Elrond. Pourtant, cette bonne blague des Nains nous a été induite – sans être annoncée - juste avant leur arrivée dans sa Maison. Thorin fait en effet comprendre à Gandalf qu’il ne veut pas voir Elrond, car Elrond ne les laissera pas mener à bien leur quête. Gandalf ne nie pas, il dit au contraire que Thorin a raison c’est tout. Ainsi, PJ rend logique le fait que, sans jamais le dire encore une fois, notre esprit imagine facilement que Gandalf et Thorin se soient mis en secret d’accord pour que Thorin et la compagnie s’en aille au moment même où Gandalf était convoqué au conseil Blanc. Ainsi, on apprend en même temps pourquoi Thorin a finalement accepté de donner la carte à lire au seigneur Elfe. On apprend également – toujours sans que PJ ne nous en dise rien – que Balin lui-même n’était pas au courant (puisqu’il tente de dissuader Thorin d’agir ainsi, à moins qu'il ne fasse semblant pour ne pas éveiller la méfiance d'Elrond peut-être). Le génie de PJ – dont Guillermo Del Toro n’est certainement point étranger non plus tel qu’il l’a déjà prouvé dans le double final du labyrinthe de Pan qui était mon plus fabuleux moment au cinéma d’ailleurs avant que je ne découvre cette semaine le sauvetage aquilin concluant le Hobbit - passe également par la maitrise de ces techniques narratives. Cela a deux conséquences … Une bien triste et une exquise. Plions d’abord ce qui fâche. A l’époque de Starship Troopers, la moitié des spectateurs jugèrent le film comme fasciste et militariste, car ils n’avaient tout simplement pas voulu regarder le film entre les lignes. Comme c’est désormais su – le quiproquo a depuis longtemps été dépassé – cette master pièce de Paul Verhoeven est en fait tout le contraire soit un manifeste contre la guerre et l’uniformisation militaire et totalitaire. Là aussi, comme PJ dans le Hobbit, Verhoeven nous l’a dit sans le dire. Un journaliste disait l’espace d’un instant que c’était la Terre qui avait attaqué les aliens les premiers … et soldats et soldates prenaient leur douche nus ensembles sans aucune émotion. Plus des aliens tremblants de peurs et un final humain très fasciste, des publicités mettant des fusils mitrailleurs révolutionnaires dans des mains d’enfants – matérialisant l’idiome « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » - et surtout un retournement onirique du traitement des héros de sitcoms : dans ce film, les trois anti héros lambdas deviennent chacun un des dirigeants terriens les plus importants, l’un pour l’Armée de Terre, l’autre pour l’Armée de l’Air, et le troisième pour le haut commandement et les aptitudes psioniques. Cet irréalisme total est ce que j’appelle une balise semée pour retourner le sens du récit. Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais PJ fait exactement pareil dans le Hobbit, et la question reste donc entière : quel sens PJ cherche à retourner avec ce livre de Tolkien ? Je n’ai pas la réponse, mais il cherche à le faire à mon avis. Comment expliquer sinon que le jeune hobbit Bilbo Sacquet sache manier l’épée comme un vrai bretteur, alors qu’il n’a certainement jamais appris à se battre ? ET, au cas où ce « détail ait échappé à certains, rappelons que Thorin et compagnie se sortent sans une égratignure de nombreuses chutes mortelles … On est dans ce qu’on appelle en terme technique l’irréalisme dans l’irréel ou l’imaginaire. Ou dans le Mounty hall en jargon rolistique. Au passage tout comme lors de la sortie de Starship Troopers PJ perd une bonne partie du public – et des critiques presses ! – au passage… C’est là l’élément qui fâche dont je parlais. Et pourtant, un renard aussi agile que PJ ne peut pas avoir fait d’erreurs aussi grossières je pense. Ce mounty hall, il l’a voulu et il va lui servir à un moment ou à un autre de son récit, dit ou induit. Je vous le prédis et on aura l’occasion d’en reparler avec la suite de cette trilogie. Et pour les derniers sceptiques au fond de la salle, qu’ils prennent en compte que Gandalf voit devant lui Galadriel se téléporter, et promettre de le faire, évidemment sans que PJ ne le dise encore une fois. Tout passe dans l’image … Galadriel prend les mains de Gandalf dans les siennes, ce geste qui a choqué dès les trailers certains puristes prouve en même temps que Galadriel n’est pas une image illusoire qu’elle enverrait d’elle-même au Conseil Blanc pour la représenter (à l’image des généraux jedis dans Star Wars) – Pourtant dès que les mains de la dame quitte celles de Gandalf, l’istari est surpris de ne plus la voir devant lui. Est-elle partie au pas de course ? Si oui, celui-ci lui permettrait alors de rattraper en plein élan un assemblage complet de lapins de Rhosgobel ! L’hypothèse la plus logique serait qu’elle se soit téléportée, ce qui là encore n’est pas très tolkiennien (les lapins supersoniques non plus certes). Blasphème éhonté de la part de PJ, ou bien nouvelle anguille à devoir déterrer de sa roche dès que faire se peut ? Mystère … tout comme pour ceux qui n’ont pas lu le Hobbit, ce que cache la phrase que Gandalf assène à Thorin à un moment « votre orgueil vous mènera à votre perte, Thorin ! »
Quoi qu’il en soit, la technique de la balise narrative est tantôt utilisée par PJ pour renforcer l’histoire et la légende, dans parfois de magnifiques moments comme celui où PJ sans nous le dire là encore nous fait comprendre que Gollum a fini par tuer sa victime gobelin, rien qu’en nous montrant son épée passer de l’état allumée à éteint ; tantôt utilisée pour baliser l’histoire d’une de ses fameuses incohérences riche en sens j’y mettrais ma main à couper. Ainsi, Orcrist et Glamdring, elles-mêmes lames elfiques, ne brillent pas en présence d’ennemis orque ou gobelin … Pourquoi ? Peut-être juste parce que PJ n’a pas fait briller l’épée de Gandalf dans la Moria non plus, certes … Comme l’a parait-il dit Freud à un de ses étudiants le surprenant en train de tirer sur un cigare, il y a parfois des moments où un cigare n’est rien de plus qu’un cigare. Certes.


de la chute épique…

Le Hobbit © Peter Jackson Pour finir, quelques mots sur la scène finale à dos de pin. Dans le livre, Thorin et compagnie, et même Gandalf, reste réfugiés dans ces arbres, face à des orcs et des wargs anonymes, presque par couardise. Afin de donner – comme depuis tout le film – plus de superbe à ses Nains, PJ transforme la scène, tout en la conservant telle quelle d’un point de vue de l’intrigue – les Nains finissent par être sauvés par les Aigles – il décide que c’est la troupe d’Azog, et que c’est donc un bon moment pour alimenter l’arc de Thorin, le faisant ré affronter sa némésis, meurtrier de son père, dans un combat rapide mais intense. Et c’est le hobbit qui au lieu de rester tranquillement à l’abri dans son arbre, va sauver la vie du Nain. Ce sont là des actions totalement absentes du roman, et qui indéniablement pourtant accentuent la tonalité épique de l’histoire, chose obligatoire dans un choix de découpage du livre en 3 films puisqu'on est alors au climax du premier. PJ a choisi de transmuter une compagnie de Nains discrets et prudents, et souvent patauds, en bande d’aventurier capable et impressionnants. C’est un choix qui me semble pour ma part très judicieux. Et qui promet – avec en plus les arcs secondaires notamment ceux de Dol Guldur et de Saroumane si mon hypothèse se maintient - une Désolation de Smaug grandiose !


de la suite à venir…

Dans un an … Le Dragon Père de tous les autres dragons de la fantasy, Smaug le Terrible, va prendre vie, et certainement – j’en gagerais – transformer l’essai déjà marqué dans le prologue du Hobbit. Tout le monde brûle d'excitation à cette idée et attend PJ à ce tournant. Et il le sait bien. Donc, j'ai confiance comme j'ai confiance qu'à son habitude, par son deuxième opus, en développant les différents arcs narratifs, PJ va transcender la force et les qualités de son premier volet. Et bien que beaucoup en doute, je vous le prédis, non sans une certaine et joyeuse malice, bien volontiers.

par Itikar

Le Korrigan