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La liberté guidant le peuple vandalisée à Lens
un message sybillin


Une déséquilibrée ou une obsédée du 11 septembre : les enquêteurs cherchaient vendredi à éclaircir les motivations d'une femme gardée à vue pour avoir écrit au feutre un mystérieux AE911 sur le tableau de Delacroix "La Liberté guidant le peuple" au Louvre-Lens.

Cette inscription au feutre noir de 30 centimètres de long sur six centimètres de haut, le premier incident depuis l'ouverture du Louvre-Lens, ne semblait pas devoir mettre en péril le chef-d'oeuvre de Delacroix, selon les premières constatations effectuées par le musée du Louvre.

"Est-ce qu?il s?agit d?une personne qui a agi sous l'emprise d?un délire quelconque ou est-ce qu?il s'agit d?une revendication quelconque ?", s?est interrogé le procureur de Béthune, Philippe Peyroux à propos de cette femme de 28 ans domiciliée dans le Pas-de-Calais, inconnue de la justice jusqu'à jeudi soir.

Il n'était pas encore 18h00, jeudi, lorsque cette visiteuse, appréhendée par un agent de surveillance, aidé d'un visiteur, a été interpellée, avant d'être placée en garde à vue au commissariat de Lens.

Elle y était toujours interrogée vendredi matin par les enquêteurs de la sûreté départementale du Pas-de-Calais.

"Il convient", a souligné le procureur, "de rechercher quelle peut être la signification pour elle de ce type d'inscription".

L'inscription AE911 renvoie sur internet vers un site faisant écho aux thèses conspirationnistes sur les attentats du 11 septembre, et comportant une pétition "exigeant du Congrès américain une enquête véritablement indépendante" sur ces attentats.

"Ce n'est pas le geste d'une personne équilibrée", a estimé par ailleurs le procureur, précisant avoir demandé que la jeune femme soit examinée par un psychiatre.

La direction du musée se voulait elle rassurante après les premiers examens du tableau.

"Ce qui a été marqué semble pouvoir se retirer assez facilement. On va pouvoir revenir sur les dégradations", a ainsi déclaré à la presse le directeur du Louvre-Lens Xavier Dectot.

"L'inscription est difficilement lisible", a-t-il précisé par ailleurs à propos du AE911. Selon lui, cette inscription "n'est pas lisible sans l'aide des déclarations de la personne qui l'a commise".

Selon le directeur du département peinture du Louvre Vincent Pomarède, qui a procédé vendredi matin à l'examen du tableau, "le vernis très épais a joué son rôle, je suis rassuré" et "on peut faire une intervention sans décrocher l'oeuvre", a-t-il ajouté. La restauration sera conduite sans décrocher le tableau.

Le tableau était protégé, avant l'incident, par une barrière de mise à distance, soit le même dispositif que celui mis en place lorsqu'il était exposé au Louvre, à Paris.

La galerie du Temps du Louvre-Lens où se trouve le Delacroix a été fermée au public, vendredi. "Du coup, on ouvre gratuitement l'exposition temporaire", a indiqué à l'AFP un porte-parole du musée.

Elle devrait être néanmoins rouverte dès samedi, a indiqué Xavier Dectot, précisant que la sécurité allait être renforcée.

"A partir du moment où on expose des oeuvres au public, où que ce soit, on prend le risque d'avoir à faire à des déséquilibrés", a estimé le responsable du musée.

"Cela s'est produit de façon très rapide, en une poignée de secondes", a poursuivi M. Dectot, qui s'est félicité de la "réaction immédiate" des personnels du musée.

Vendredi, devant le bâtiment de verre ouvert au public depuis le 12 décembre, quelques touristes belges fatalistes gardaient leur sens de l'humour.

"On vient de Belgique, cela fait un long déplacement pour ne rien voir", a ainsi déclaré Jean-Pierre Vandermeulen, Bruxellois, venu avec une dizaine d'amis du Rotary Club. "On va aller voir l'exposition sur la Renaissance, boire un coup et on reviendra au printemps", a-t-il ajouté.

"On voudrait aussi savoir s'ils remboursent les billets gratuits", a ajouté pince-sans-rire un de ses amis.

Depuis son ouverture officielle, le Louvre-Lens a accueilli plus de 205.000 visiteurs.

D'autres incidents de ce type ont touché d'illustres musées, comme le grand frère parisien du Louvre-Lens, où la Joconde de Vinci, avait été la cible d'un jet de tasse de thé en 2009, heureusement sans conséquence.
Le Korrigan