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Entretien avec Franck Viale
Interview accordée aux SdI en février 2013


Bonjour et merci de vous prêter au jeu de l'interview...Question préliminaire : êtes-vous farouchement opposée au tutoiement?
Pas encore... mais dans quelques années oui.

Alors profitons-en... Merci smiley
Peux-tu en quelques mots nous parler de toi(parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)?

Si j'avais le droit à un joker, c'est la question à laquelle je ne répondrais pas. Pas par snobisme, ou humilité, simplement parce que ma situation n'est pas très satisfaisante... Pour faire simple j'ai 36 ans, et je vis à Fréjus où je suis né. Ma scolarité a été contrariée par une forme d'acédie sévère, d'où de pseudo-études dans l'audiovisuel à Nice. Ma seule véritable passion est d'ailleurs le cinéma américain des années 40 et 50. Ma principale activité, malgré moi, consiste à lire des essais... mais pas que des bons. Les romans m'ennuient en général, et je préfère qu'on me raconte des histoires dans les films où les bandes-dessinées.

Enfant, quel lecteur étais-tu? La BD occupait-elle déjà une place de choix? Quels étais vos auteurs de prédilection?
Je n'ai jamais été bédévore. C'est le cinéma qui a presque toujours occupé une place de choix. Par contre je dessinais quand j'étais petit. Avec Sylvain, qui est un ami d'enfance, nous avons fait nos premières BD sur des cahiers en CE2 ou CM1. Sinon, j'ai surtout lu Hugo Pratt, mais aujourd'hui je préfère Blake et Mortimer... J'aime en général les choses un peu naïves, les histoires de scouts.

Recherche sur le personnage de DarchevilleDevenir auteur de BD, était-ce un rêve de gosse ?
Certainement en revanche... j'ai dû en rêver à un moment donné. Mais mon principal rêve de gosse - avant de vouloir être le plus grand cinéaste de tous les temps - était de devenir chasseur de fauves. j'étais né trop tard pour être mousquetaire ou cowboy, et trop tôt pour être chevalier de l'Espace. Le film Hatari avait été une véritable révélation.

En mars 2012 paraissait le premier tome des Promeneurs du Temps. Comment a germé l’idée des Promeneurs du Temps et comment as-tu rencontré Sylvain Dorange qui a si joliment mis l’album en image?
Sylvain, je le connaissais depuis l'école primaire... L'idée a germé dans un bistrot à Fréjus. Comme je l'ai déjà expliqué, j'avais lu une critique du film de Steven Spielberg, Minority Report. L'auteur s’interrogeait sur la légitimité d'arrêter un assassin avant qu'il ne commette un crime... j'ai alors imaginé ce qui se passerait si un tueur voyageait dans le temps... Pourrions-nous, par exemple, l'arrêter au berceau ? Sylvain a été emballé par l'idée, et m'a proposé d'écrire un scénario pour lui.

Comment avez-vous rencontré Benoit Houbart, le sympathique fondateur des Editions Poivre & Sel?
Sylvain le connaissait déjà, je ne sais plus par quel intermédiaire. Il était à l'époque à la recherche de mini-séries, pour lancer sa nouvelle maison d'éditions. Nous lui avons proposé une version courte des Promeneurs du temps. Puis Benoît a finalement abandonné son idée initiale. Nous lui avons alors proposé la version actuelle, qui était en fait la version d'origine.

Recherche sur le personnage d'Akim à Constantinople Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier?
Avec ma petite expérience, je dirais que ma grande joie est de voir mes idées réinterprétées par Sylvain, c'est chaque fois une bonne surprise. La grande difficulté, c'est de tirer notre épingle du jeu. avec le grand nombre d'albums publiés chaque année, c'est très difficile de sortir de la confidentialité. J'ai en plus l'impression que le niveau est relevé.

Remontons un peu le temps... Dans quel étant d'esprit étais-tu le 8 mars 2012, jour de parution de ton premier album?
Je crois que j'évitais à tout prix d'avoir un état d'esprit, pour ne pas avoir à y penser. Savoir que mon nom figure sur un album me fait souci. J'ai très peur d'être jugé, comme disent les petites filles. Je tente pourtant de me convaincre, que mon opinion vaut celle des autres. En vain. Mais pour l'instant le cercle de nos lecteurs est restreint. Je n'ai pas encore eu à subir de trop vilaines critiques, ou railleries... ça ne serait tarder.

A partir de quelle « matière » Sylvain Dorange a-t-il imaginé les décors et personnages de l'histoire ?
D'abord de sa matière grise, et de sa propre imagination. Nos personnages n'évoluent pas dans un monde naturaliste, ça laisse beaucoup de liberté. Par exemple dans le premier tome, avec Sylvain nous avons convenu d'imaginer un futur à l'image du passé, comme s'il était sorti de du cerveau d'Ambroise Clé, le plus parfait d'Europe. Certains personnages en revanche ont réellement existé... Mais je ne dirai pas lesquelles. Certains événements sont aussi authentiques :  iI neigeait le premier janvier 1901 et Le bateau de l'Arcane sans nom est bien parti à la date indiquée... il est dessiné à l'identique.

La lecture de L'équation interdite s'avère particulièrement ludique, avec ces paradoxes temporels que René Barjavel n'aurait pas renié. Peux-tu en quelques mots nous présenter L’Arcane sans nom, second tome des Promeneurs du Temps qui vient tout juste de paraître sur les étals?
J'ai voulu dans ce second tome, m'écarter le plus possible de l'univers du tome 1, sans trahir l'esprit. J'avais besoin de prendre un peu l'air, d'être moins retors, d'écrire une histoire à la hauteur d'un conte pour enfant. Il y a quelques années j''ai lu un livre merveilleux, du mythomane gourou, George Ivanovich Gurdjieff, Rencontre avec des hommes remarquables...et ce livre a été une source d'inspiration. J'avais déjà écrit le synopsis de l'album, quant en lisant un ouvrage sur des lamas tibétains, j'ai appris que par une coïncidence extraordinaire, Gurdjieff, était venu au Tibet en 1901. Ça tombait bien puisque c'était aussi le cas dans mon scénario.

Crayonné de la page 46 Quels sont tes projets en cours ou à venir ?
Terminer le tome 3 des Promeneurs du temps dans l'immédiat. Puis me consacrer à l'écriture d'un western pour la bande-dessinée. J'ai d'autres projets mais il me semble farfelu d'en parler maintenant.

Quels sont tes derniers coup de cœur, tous médias confondus ? (bd, ciné, romans, jeux, musique...)
Je suis un peu embêté avec cette question, parce que je crois que tous mes coups de cœur datent un peu... Pour moi, la sortie blu-ray de l'Aventurier du Rio Grande est un événement plus considérable que la sortie du dernier Michael Haneke. J'ai aimé l'avant dernier album de Benjamin Biolay, qui est un must, mais ça date déjà peu. Je lis rarement des romans contemporains, alors je conseillerais l'essai vertigineux, Nazisme et Révolution de Fabrice Bouthillon, qui m'a particulièrement emballé... On est pas obligé d’adhérer à la thèse de l'auteur, mais c'est brillant. Mais là encore le livre date de quelques années, alors je crains de ne pouvoir correctement répondre à cette question. Beaucoup de chose me plaisent aujourd'hui, les films de Christopher Nolan, par donner un exemple, mais ce ne sont pas de véritables coups de cœur.

Y a-t-il une question que je n'ai pas posé et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
En effet... Je suis assez déçu par la démission de Benoît XVI

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
 
Recherche pour les personnages de Gardner et Serpollet Si tu étais…

 
un personnage de BD : Schtroumpf Grognon
un personnage biblique : Jonas, sans hésiter
un personnage de roman : Geoffrey Firmin (Au dessous-du volcan)...c'est toujours ce qu'il faut répondre à cette question
une chanson : Una storia importante, pour le côté pathétique
un instrument de musique : Une guimbarde
un jeu de société : Le nain jaune
une recette culinaire : la potée
une pâtisserie : Le Paris-Brest
une ville : Innisfree, mais ne cherchez pas sur une carte
une qualité : La maladresse
un défaut : La curiosité
un monument : L'horloge astronomique de Strasbourg, parce que je suis très ponctuel
une boisson : La tisane
un proverbe : « Pour vivre heureux vivons cachés »

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Le Korrigan