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Entretien avec Benoît Blary
Interview accordée aux SdI en mai 2013


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’interview…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?

Je préfère le vouvoiement.

Pouvez-vous en quelques mots nous parler de vous (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse…)?
Rien de très original. Je dessine depuis que je suis tout petit et n’ai jamais arrêté. J’ai passé un Bac Arts Appliqués à Reims puis suis allé à l’Institut St-Luc à Bruxelles, en section BD.
J’ai fait un peu d’illustration et de storyboard, puis les membres de l’Atelier 510ttc à Reims, à qui je venais montrer mon travail régulièrement, m’ont gentiment proposé de venir les rejoindre. J’y suis encore à ce jour.

Enfant, quel lecteur étiez-vous? Quels étaient alors vos livres de chevet?
Même si je lisais des BDs comme de nombreux enfants, j’étais surtout un lecteur de romans (jeunesse, pour la plupart, bien entendu) la passion pour la BD étant venue peu après suite à la découverte des tuniques bleues. Je suis passé par les classiques, Gaston Lagaffe, Astérix, Tintin, etc, avant de m’intéresser aux BDs plus adultes de la bibliothèque de mes parents telles que les Druillet et Victor De La Fuente. J’ai aussi écumé les bibliothèques de la ville et les fréquente toujours régulièrement.

rough des crouvertures ©Benoît Blary Devenir auteur de BD était-il un rêve de gosse ?
Oui, même si je voulais aussi être archéologue.

Comment avez-vous rencontré Hervé Loiselet, scénariste de Sigurd & Vigdis, mais aussi de 20 ans de guerre ?
Mon premier album avec Hervé, « 20 ans de guerre », s’est fait grâce à mes collègues de l’atelier 510ttc qui lui avaient montré l’un de mes carnets de croquis. Ce dernier lui a visiblement plu car il m’a contacté pour travailler avec lui. Nous nous demandions quoi faire après ce premier album avant de nous découvrir une passion commune pour les vikings.


recherche pour Sigurd©Benoît Blary Qu’est-ce qui vous attire dans la société viking?
Cela a commencé avec les lectures de jeunesse et les clichés allant avec, les fiers guerriers et pillards fendant les flots sur leurs navires à tête de dragon. Le souffle de l’aventure, en fait. Au fil des ans mes lectures sont devenues plus « sérieuses », notamment des livres d’historiens et j’ai découvert un univers passionnant, riche et évolué, loin des images de barbares iconoclastes que l’on a généralement à l’esprit. Ce n’étaient pas des enfants de chœur pour autant.

Recherche pour Vigdis ©Benoît Blary Si Sigurd & Vigdis prend pour cadre des faits historiques contestés (l’existence des Jomsviking), le souffle et la fureur des sagas nordiques baignent la série de façon saisissante. Comment aborde-t-on le travail graphique d’une série à ancrée dans l’histoire?
J’aborde une BD ancrée dans le passé, l’Histoire, comme n’importe quel autre sujet. Je vais faire des recherches documentaires afin d’être cohérent par rapport au thème concerné. L’idée est de rendre l’atmosphère crédible par les vêtements, les objets, l’architecture, etc, mais pas de faire un compte-rendu historique rigoureux. L’intention n’est pas de faire un livre d’historien sur les vikings.

Comment s’est organisé votre travail avec Hervé Loiselet sur cet album ? Du scénario à la planche finalisée, quels furent les différentes étapes de votre travail ? Serait-il possible, pour une planche donnée, de visualiser ces différentes étapes?
Tout comme pour « 20 ans de guerre », Hervé me transmet son découpage écrit, parfois accompagné d’un complément de documentation. A partir de celui-ci je dessine le storyboard et une fois que ce dernier est validé par nous deux et l’éditeur je m’occupe de la version finalisée de la planche. Je fais le dessin au stylo bille noir et je pose ensuite l’aquarelle dessus. Dans mon esprit, je ne sépare pas réellement ces deux dernières étapes, trait et couleurs étant vraiment liés pour moi.

Le Père de Sigurd ©Benoît Blary
Quelle étape vous procure le plus de plaisir?
J’aime beaucoup le storyboard, mais je trouve mon compte dans chaque étape.

Comment s’est fait le choix de l’aquarelle pour la colorisation de l’album?
C’est la technique picturale avec laquelle je me sens le plus à l’aise en ce moment. Peut-être cela changera-t-il à l’avenir.

un vicking ©Benoît BlaryA partir de quelle matière avez-vous élaboré l’apparence de vos personnages? Sigurd et Yigdis ont-ils toujours eu l’apparence qu’on leur connaît ou sont-ils passés par différentes étapes ?
Je suis arrivé assez rapidement à leur apparence actuelle. La coupe de cheveux de Sigurd avec son chignon me fut inspirée par le personnage principal de « Valhalla Rising/Le guerrier silencieux ». Sinon, je n’avais pas de source d’inspiration précise quand à leur aspect. Un lecteur m’a dit que le Sigurd de la couverture lui faisait penser à Kirk Douglas. Pour leurs vêtements et armes, etc, je me suis bien entendu référé à ma documentation.



Storyboard de la planche 7 du tome 1©Benoît Blary Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier de dessinateur?
Il y aura autant de réponses que de dessinateurs…

Mais quelles sont-elles pour vous ?
Se mettre dans la peau de toutes sortes de personnages à des époques diverses et variées. Le manque de sommeil, pour répondre à la deuxième partie de la question.

Pouvez-vous nous parler de Virginia, une nouvelle série scénarisée par Severine Gauthier à paraître le mois prochain chez Casterman ?
C’est un triptyque contant le parcours d’un ex-soldat confédéré luttant contre ses démons, sur fond de guerre de sécession. Le tout très bien raconté et dialogué par Séverine, qui sait faire plonger dans son récit. C’est vraiment plaisant de travailler avec elle, et je vous invite à lire ses autres ouvrages.

Tous médias confondus, quels sont vos derniers coups de cœur?
La réédition Deluxe de l’album « Above », de Mad Season.

Planche 7 du tome 1, version couleur ©Benoît Blary Y-a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez néanmoins répond ?
Pas spécialement.

Pour finir et afin de mieux vous connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…


un personnage de BD: Blueberry.
un personnage biblique: Rien que ça. Cela me paraît un rien présomptueux !
un personnage de roman: Sherlock Holmes.
une chanson: Cela change selon l’humeur du jour.
un instrument de musique: La basse.
un jeu de société: Je n’ai jamais été amateur de jeux de société.
une recette culinaire: Cela dépend du moment de la journée.
une pâtisserie: Je n’en raffole pas.
une ville: La campagne.
une qualité : Les gens me connaissant sont sûrement mieux placés que moi pour y répondre.
un défaut: Idem.
un monument: Sans doute une cathédrale gothique.
une boisson: Un whisky. Sans glace
un proverbe: Je ne suis pas très fort en proverbes.


Un grand merci pour le temps que vous nous avez accordé !
Vicking & drakkars ©Benoît Blary

Le Korrigan