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Entretien avec Nicolas Sato
interview accordée aux SdI en février 2016


Bonjour et tout d’abord merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?

Non, non, pas de soucis. Je préfère.

Tant mieux, moi aussi smiley
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)

Bonjour. Je m'appelle Nicolas Sato, j’ai 35 ans et je vis à Épinal. J'étais éducateur sportif pendant dix ans, j'enseignais la capoeira. Mais j’ai dû reprendre mon premier métier de développeur informatique suite à une blessure. Pour les passions, j'en ai beaucoup, même de trop. Je n'ai jamais le temps de faire tout ce que je veux. Pour n'en citer que quelques-unes : Jeux de société, MMORPG, capoeira, manga, guitare…

Enfant, quel joueur étais-tu?
Pendant longtemps je ne jouais qu'aux échecs, et durant le collège j'ai découvert les jeux de rôles et les wargames. J'ai passé toutes mon enfance sur des jeux comme : Warhammer, Donjon & Dragon, Shadowrun, Epic 40 000, Warhammer 40 000 et Blood Bowl.

Lutèce, crayonné d'un druide mycophile © Superlude / BibounSi tu devais expliquer le JdR à ma grand-mère, que lui dirais-tu?
Je parlerais très fort smiley

Je pense que je commencerais comme ça:
- Vous êtes la plus grande actrice de tous les temps et vous arrivez dans le studio de votre prochain film. Un homme tout de noir vêtue s'approche de vous et ouvre ses mains. Dans l'une, une pilule bleu, dans l'autre une pilule rouge. Que faites-vous ?
- Le jeu de rôle c'est ça, du théâtre d'improvisation assis autour d'une table mais avec des brouettes de dé.

N’as-tu jamais cessé de jouer ou un jeu en particulier t’a-t-il fait basculer dans le jeu de société «moderne» ?
Non j'ai eu des coupures. Notamment lorsque je préparais mes diplômes d'éducateur sportif. Je n'ai découvert le jeu de société moderne que très tardivement. Lors d'un centre de loisir, on m'a fait jouer à citadelle de Bruno Faidutti. C'est ce jeu qui m'a donné envie d'en découvrir d'autre.

Lutèce, crayonné d'un valeureux forgeron © Superlude / BibounQu’est ce qui t’a séduit dans ce jeu par ailleurs excellent?
Les règles sont simples et efficaces, tout est centré sur la partie guessing du jeu. Réussir à lire le jeu des adversaires et les contrer sans qu'ils le voient venir et pour moi tout simplement jubilatoire. Les jeux à base de guessing sont clairement mon style de jeu préféré. Cela doit se voir dans mes créations.

De joueur à acteur du monde ludique, comment as-tu sauté le pas?
En fait j'ai pas sauté on m'a poussé smiley. J’avais créé des jeux pour un groupe d'enfants dont je m'occupais. Et lors de la première édition du festival « Jeux & Cies » d’Épinal, on m'a inscrit pour les présenter sans me laisser le choix. Je me souviens que si ma femme n'avait pas été là, je serais reparti avec mes bouts de carton en moins de 5 minutes. Et finalement ça à bien marché et je me suis dit : pourquoi pas...

Quelles sont les grandes joies et les grandes difficultés du métier?
Voir son nom sur une boite ou sur un article fait toujours énormément plaisir. Mais les rencontres de professionnels et de joueurs que j’ai fait au fur et à mesure des festivals est pour moi le point le plus agréable. A l'approche d'un festival, c'est toujours une grande joie de savoir que je vais revoir et passer de bons moments avec des gens trop cool « dixit Théo Rivière ».

Je dirais que la première difficulté vient de soi. Il ne faut surtout pas penser que ce que l'on vient de créer est exceptionnel et va révolutionner le monde du jeu. Toujours se dire que l'on peut mieux faire et accepter les retours que l'on peut avoir. Ensuite, il faut réussir à proposer ses prototypes. Les éditeurs sont tellement sollicités qu'ils leurs est tout simplement impossible de pourvoir regarder tous les mails qu'ils reçoivent. Et pour ça, il n'y a rien de mieux que les concours.

Lutèce, crayonné d'un serveur de cervoise (tiède?) © Superlude / BibounLutèce, ton second jeu, vient de paraître sur les étals… Comment est né le concept de ce jeu subtil et original?
Quand je réfléchis sur un jeu, je fais souvent le tour des magasins. Je regarde chaque pièce dans les étales en me demandant comment je pourrais l'utiliser. Pour Lutèce, c'était le jour des soldes, et dans un magasin de vêtement j’ai vu deux femmes tirer sur le même pull. Je me suis dit : si elle avait été seul, elle l'aurait eu. Mais à deux dessus, il va se déchirer. Tout est parti de là, et après tout s'est enchaîné dans la foulée. Comment départager les égalités, pourquoi récupérer des cartes, comment les joueurs peuvent avoir des indices sur les choix de leurs adversaires, comment injecter de l'or pour éviter les blocages ? Les questions sont arrivées très vite avec leurs réponses, tout semblait naturel et logique.

La thématique s’est-elle d’emblée imposée a-t-elle été élaborée une fois le corpus des règles établi?
Le premier thème était différent. On devait faire des collections de vêtements pour habiller des étudiantes japonaises. Mais avant d'avoir fini la mise en page des différentes cartes du premier prototype, j’ai tout changé. Ça ne me faisait pas rêver de jouer avec des habits. C'est un ami qui m'a donné l'idée des gaulois et des romains. Après j'ai adapté quelques cartes en fonction du thème mais toute la mécanique était déjà là.

Lutèce, crayonné du moulin © Superlude / BibounA-t-il été difficile de régler l’équilibre des cartes et la façon dont elles permettent de scorer?
Oui, on a passé un long moment avec Superlude et Origames à travailler dessus. On a essayé de nombreux pouvoirs et scoring différents. Et l’équilibrage suivant le nombre de joueurs a été un vrai casse-tête aussi.

Comment as-tu rencontré l’équipe de Superlude qui édite Lutèce?
Grâce à un ami, Matthieu Lanvin. Son jeu venait d'être primé au concours de Boulogne Billancourt, et Superlude l'avait contacté. Mais comme il avait déjà signé ses prototypes, il a parlé de moi et présenté mes jeux.

Biboun a fait un formidable travail avec des illustrations pour le moins magnifiques… L’idée de proposer des illustrations délicieusement cartoonnesques s’est-elle d’emblée imposée?
Oui, Biboun a fait un travail magnifique, je suis définitivement fan. Je crois l'idée est arrivé tout naturellement pour donner un coté léger au jeu, mais il faudrait poser la question à Antoine Davrou pour avoir plus d'informations.

Lutèce, illustration du moulin © Superlude / BibounTous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Time Stories et Blood Ball 2 (PC), ces deux jeux me rappellent les soirées de mes 15 ans.

Peux-tu nous parler de ton prochain jeu ?
Oui, ce sera Tiki qui sera édité par IFAssociation. Il sortira en projet participatif et la campagne aura lieu début juin 2016. Les bénéfices du projet seront reversé à l'association « Alé'Vosges ». C'est une association qui œuvre dans l'accompagnement aux loisirs pour les personnes en situation de handicap. Les fonds pourront aider à l'achat de matériel spécialisé à la pratique sportive.

Nous suivrons cela de près…

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…

Lutèce, l'auguste statue d'Auguste © Sperlude / Bibounun personnage de BD: Diabolo
un personnage de roman: Gimli
un personnage de cinéma: William Wallace.
une chanson: nothing else matters
un instrument de musique: un berimbau
un mécanisme de jeu de société: le guessing
un jeu de société: Taggle
une découverte scientifique: les extraterrestres de Roswell
une recette culinaire: le cabillaud à la bahianaise
une pâtisserie: nama yatsuhashi
une boisson: coca vanille
une ville: Epinal
une qualité: droit
un défaut: timide
un monument: Le temple de Kiyomizu
un proverbe : « homme qui pisse contre le vent se retrouve avec les pieds mouillés »


Un dernier mot pour la postérité ?
Chaussettes !!!!

Un grand merci! Tant pour le temps que tu nous a accordé que pour ce jeu vraiment enthousiasmant qu’est Lutèce!
Le Korrigan