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Entetien avec Trickytophe
Interview accordé aux SdI en mars 2019


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Bonjour. Merci surtout à toi de ton intérêt.

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ?
Non, je ne suis pas opposé au tutoiement. Il n’y a pas de problème.

Merci à toi ! Je me permets de « tuteoisier » les questions dès lors…
Peux-tu te présenter en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans?)

Je m’appelle Christophe. Trickytophe est mon nom d’auteur. J’ai 43 ans. J’ai fait des études d’histoire avant de me réorienter vers le secteur social. Je travaille aujourd’hui dans le domaine de l’enfance. Malgré que j’habite sur la Côte d’Azur, je n’ai pas de compte en Suisse ou aux îles Caïmans, désolé.
J’aime lire et écrire. J’y passe beaucoup de mon temps. Jouer est aussi ma grande passion. Comme beaucoup, je pratique pas mal de jeux : de plateau, de cartes, etc. J’aime le catch aussi. Ce sport spectacle m’a toujours intéressé tant en termes de prouesse athlétique que de construction de personnage et d’histoires.

Nautilus, le livre de base, couverture Hetzel  © Dead Crows StudioEnfant, quel joueur étais-tu ? Quel était alors ton jeu de chevet ?
J’ai toujours été un enfant rêveur et joueur. J’imaginais en permanence des histoires, un cadre fantaisiste, pour nos jeux de gosses. Je me suis vite mis aux jeux de société : Risk, Labyrinthe, puis Heroquest, etc.

Comment es-tu tombé dans la marmite du Jeu de Rôle ?
Au collège, j’ai découvert les livres dont vous êtes le héros grâce à un camarade. Je reste aujourd’hui encore un fan de Loup solitaire. Au lycée, dès le début de la seconde, j’ai intégré le club de JdR de mon établissement. Pour la petite histoire, j’ai découvert le jdr en cherchant un endroit pour bouquiner en attendant mon train car un prof était absent. Je suis rentré dans une salle où un groupe était rassemblé. J’ai écouté ce qu’il faisait. Cela avait l’air génial ! Surtout, ils parlaient des Jeunes Royaumes de Moorcock. J’avais déjà lu une partie du cycle d’Elric. Je me suis rapproché et je suis tombé dedans. C’était il y a 28 ans…

Si tu devais expliquer ce qu’est le JdR à ma grand-mère, comment t’y prendrais-tu?
Je commencerais par lui dire que c’est un loisir fantastique qui rapproche les gens ! Puis, je me baserais sur la définition de la FFJdR. J’expliquerais simplement à ta grand-mère qu’il s’agit d’un jeu de société coopératif où les joueurs interprètent un personnage fictif et où l’on construit tous ensemble une histoire.
Un joueur particulier, nommé meneur de jeu, guide les autres participants dans une aventure plus ou moins improvisée. La plupart du temps, des règles basées sur des lancers de dés permettent de savoir si les actions entreprises par les personnages sont réussies ou non. L’imagination, le dialogue et la narration tiennent une grande place dans le jdr.

Nautilus, le livre de base, couverture signée par le talentueux Didier Graffet © Dead Crows StudioQuels est ton meilleur et ton pire souvenir de jeu de rôle ?
Difficile comme question car je t’avoue qu’après tant d’années de jeu, aussi bien en tant que meneur que joueur, des souvenirs, j’en ai des tonnes ! Deux anecdotes me reviennent là en tête.

Le jour où après quelques maîtrises « expérimentales » à Cyberpunk (mon premier jdr en tant que MJ au lycée), mes joueurs m’ont félicité en me disant que mon scénar était top. J’ai senti que lors de cette sombre aventure à Night City, j’avais touché à quelque chose de subtile, ce bon équilibre entre improvisation et script.

Un souvenir moins plaisant… Lors d’une convention il y a déjà un certain temps où un MJ a passé des plombes à s’écouter parler et à nous présenter son jeu et son univers pour finalement nous sortir des tables et des tables de création de persos (très inspirées de Rolemaster). Cela s’est éternisé. On a commencé à jouer très tard pour que nos personnages finissent écrabouiller par une sorte de troll mutant une heure plus tard ! Horrible ! J’ai détesté mais j’ai aussi appris.

Nautilus, le logo du jeu © Dead Crows StudioDe joueur à auteur, qu’est-ce qui t’a donné envie de sauter le pas ?
En fait, j’ai toujours écrit : scénarios, aides de jeu, sur des forums, des petites nouvelles pour moi-même, etc. Par exemple, il y a bien longtemps, à la fac, Julien Blondel (Vermine, Prophécy…) avec qui se jouait de temps en temps m’avait déjà fait rédiger un article pour Backstab. Après, devenir un modeste auteur qui publie, c’est venu suite à ma rencontre avec Batronoban. On s’est super entendu ! Cela m’a motivé. De fil en aiguille, des projets ont vu le jour : Héroïques, Colonial Gothic... Pour moi, c’est une question de rencontre donc. Une question de moment aussi car j’étais plus dispo.

Comment est née l’idée de Nautilus dont le financement participatif vient d’être lancé sur Game on Tabletop ?
Au sein des Deadcrows, on avait envie de rendre hommage à ce maître de l’aventure et de l’écriture qu’est Jules Verne. Qui ne le connait pas ? 20000 Lieues sous les mers est un de ses romans phares. L’idée de jouer des personnages liés au légendaire Nemo et au Nautilus nous a paru géniale ! On a tous été de suite très motivés par ce projet.

Nautilus, le livre de base et son fourreau © Dead Crows StudioPourquoi avoir opté pour un financement participatif plutôt que pour une édition « classique » ?
En tant qu’auteur, je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question. Je pense qu’il s’agit d’une question de gestion et d’édition.

Peux-tu en quelques mots nous faire le pitch de ce jeu d’inspiration vernien ? Quels types de personnage incarneront les joueurs ?
Les joueurs incarnent les héritiers du capitaine Nemo. Celui-ci est mort et a laissé un testament où il lègue entre autres le Nautilus aux personnages, des membres d’équipage émérites, avec l’idée de poursuivre l’aventure et de construire leur propre utopie. L’action se déroule dans un XIXème siècle vernien, une époque de lutte et d’espoir où diverses merveilles voient le jour.

Dans Nautilus, nous avons imaginé qu'à la fin de sa vie, Nemo, marqué par sa rencontre avec Aronnax et ses amis, change petit a petit de mentalité et offre a ses héritiers une sorte de nouvelle voie, plus humaniste et plus optimiste

Peux-tu nous présenter l’équipage d’auteur et d’illustrateur qui ont embarqué pour cette aventure éditoriale ?
L’équipe d’auteurs se compose de Batro, Pierre Coppet, Pelagius et moi-même. On a tous déjà travaillé sur divers projets et jeux. On aime Jules Verne. On forme selon moi une équipe solide et efficace. Travailler ensemble est agréable.

Didier Graffet est aux illustrations. C’est un dessinateur extrêmement talentueux reconnu comme un artiste d’exception. Je suis fier d’écrire dans un bouquin qu’il illustre !
Nautilus, vue de coupe du Nautilus © Dead Crows Studio
S’inspirant des éditions Hetzel qui éditèrent l’œuvre de Jules Verne, la couverture du bouquin est tout juste somptueuse… et force est de reconnaître que le fait que Didier Graffet en signe les illustrations rend l’objet plus attractif encore !

Comment le célèbre Tristant Lhomme a-t-il rejoint l’aventure ?

L’équipe des Deadcrows l’a contacté. Tristan aime aussi Jules Verne. Cela s’est fait naturellement. L’idée d’écrire un scénario pour le jeu lui a plu.

Et quid du moteur qui propulsera Nautilus ?
Avec Batro nous nous sommes basé sur le Corpus Mécanica d’Yno. Néanmoins, on l’a beaucoup revisité afin de créer un système adapté à Nautilus et avec une identité propre. Le jeu utilise des D10. Son moteur est axé sur des Aptitudes (nombre de dés à lancer) et des Spécialités (éventuelles relances).
La difficulté des actions s’exprime avec des dés retirés de la poignée lancée. Le seuil de réussite à égaliser ou dépasser sur les dés dépend de la Pression en cours, c'est-à-dire de l’intensité dramatique atteinte. C’est un système simple et souple. Il offre un cadre solide tout en restant accessible et rapide à prendre en main. Il a largement été playtesté.

Nautilus, un somptueux visuel © Dead Crows StudioQue fournira le livre de base comme « matériel » ? Quelles furent, à part les romans de Verne, vos principales sources de documentation pour décrire la cadre du jeu ?
Nautilus contiendra le système de jeu avec toutes les règles nécessaires. Il fournira aussi un guide du XIXème siècle vernien et de l’œuvre de Jules Verne. Il contiendra 6 scénarii et un prologue. Bref, il y aura de la matière et largement de quoi jouer !

Nos sources documentaires ont été diverses et variées. Les romans, bien sûr mais aussi divers ouvrages littéraires ou historiques. Écrire un tel jdr, c’est aussi un travail de patience et de recherche.

Comment avez-vous construit la campagne qui permettra aux joueurs de se lancer dans l’aventure et d’incarner les dignes successeurs du Capitane Nemo ?
Tu comprendras que je ne peux pas trop t’en dévoiler afin de garder la surprise pour les futurs MJ et joueurs. L’idée était de changer légèrement les circonstances de la disparition de Nemo avec la rédaction d’un testament où il désignait ses héritiers parmi son fidèle équipage (notre twist). Ensuite, nous avons construit des aventures autour de romans sélectionnés avec un double fil rouge : la construction d’une utopie propre aux joueurs et la menace de Robur, un autre personnage emblématique de Jules Verne. Notre but était de faire voyager les personnages et que les joueurs s’approprient leur Nautilus et construisent leur propre légende des mers.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur?
En jdr, assurément Mindjammer de Sarah Newton. Ce jeu de SF est juste génial et Sarah est une femme formidable !
En manga, My Home Hero de Yamakawa et Asaki, un thriller haletant.
En roman, la trilogie Blood Song de Ryan, un très bon univers dark méd-fan.
En jeu, Keyforge de FFG, un jeu de cartes intelligent.
Nautilus, aperçu du matériel de la campagne © Dead Crows Studio
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Comment j’ai vécu le fait que nous ayons remporté le GRAAL d’or de la création française au FIJ de Cannes avec Colonial Gothic ?

Ce fut une sacrée expérience ! Colonial Gothic nous a demandé beaucoup de travail. Nous étions déjà contents qu’il plaise au public. Le fait de remporter cette récompense a été magique. Toute l’équipe est fière (Emmanuel Roudier, Akae, Batro…). On est surtout heureux que le Jdr ait enfin des récompenses attitrées au sein du FIJ et du paysage ludique. Le jdr a le vent en poupe et c’est super !

Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…

un personnage de BD : Nao dans Aquablue (le courage, la spiritualité, l’intelligence, le respect de soi et des autres…)
un personnage de roman: Conan de Howard (un personnage épique et unique)
un personnage de cinéma: Jack Burton dans les Griffes du Mandarin (un film qui a marqué ma jeunesse !)
un personnage de JdR: Léodagan de Nantor, mon premier perso à Stormbringer (merci à Ronaldo mon premier MJ au lycée pour ce fabuleux prétiré que j’ai incarné pendant de nombreuses sagas)
une chanson: L’Aigle Noir de Barbara (que dire ?)
un instrument de musique: une guitare (je ne suis pas musicien, je le regrette)
un jeu de société: Labyrinthe (de sacrés souvenirs avec mon petit frère et ma petite sœur)
une découverte scientifique: l’écriture (évidemment !)
une recette culinaire: la pizza (je suis un vrai amateur de vraie pizza)
une pâtisserie: le baba au rhum (ou la noix du japon, ou une forêt noire… j’adore la bonne pâtisserie !)
une boisson: le whisky (la bière aussi mais comme pour la pizza pas les produits bas de gamme)
une ville: San Francisco (cette ville m’a marqué !)
une qualité: la gentillesse
un défaut: la naïveté
un monument: la statue de la liberté (un autre moment intense)
un proverbe: « Tout ça, ça ne nous rendra pas Mick Brant ! » smiley


Un dernier mot pour la postérité?
Dicepower !!!

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé…
Merci à toi.

Le Korrigan