Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Bonjour, merci à vous pour votre temps !
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Oups, je veux bien, il va juste falloir remplacer la première phrase alors !
(Avec plaisir, of course)
Merci bien
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
Je suis Morvan, pas encore 30 ans et je suis graphiste-illustrateur sur Rouen (76). J’ai plusieurs cordes à mon arc : je travaille dans une agence de com' ou j’officie comme graphiste print et un peu de web.
Je fais pas mal d’illustrations personnelles avec des thématiques liées à l’onirisme, ou encore la mythologie.
J’ai une petite marque de tee-shirt indépendante, "Black Bones Clothing" où je m’occupe de tout seul. La marque évolue tous les ans par le biais de nouvelle collection. Pour ce faire, chaque article vendu me permet de tous réintégrer dans cette marque pour la faire évoluer et perdurer.
Le dernier challenge que j’ai eu est cette bande-dessinée que tu as lu. Faire une bande-dessinée était quelque chose que j’avais en tête depuis pas mal de temps. Lorsque ma copine m’a annoncé qu’elle devait préparer ses dernières années en architecture, je me suis dit que c’était le moment de pas trop l’emmerder. Du coup, je me suis donné les moyens de faire ma propre BD.
Je suis vraiment passionnée par l’illustration, certaines cultures (mythologie grec, pour le moment, bien entendu), l’animation, l’univers du tatouage… Bref beaucoup de choses visuelles.
À côté de tout ça, j’aime et pratique une activité sportive (pour le Summer body, le dépassement de soi et tous le blabla). Sans oublier ma passion pour le graphisme, mon métier.
Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ? Quels étaient alors tes auteurs de chevet ?
Enfant, j’adorais les bande-dessinée, mais j’étais encore plus captivé à jouer aux "lego" ou à imaginer des scénarios de dingue ou j’étais un chevalier !
Pour revenir à la BD, mon père, en plus de son travail était artiste peintre et nous faisais des planches de BD à ma sœur et moi. Il avait même commencé à en créer une ou les personnages principaux étaient… Ma sœur et moi
.
Plus jeune je lisais quand même « Rahan », du dessinateur André Chéret, pour qui, pourquoi ? Je ne sais vraiment pas, j’aimais. Une autre série que j’ai lue et relu est sans Contest : DBZ !Quel enfant des années 80 - 90 n’a pas accroché à cette série ?
A quel moment l’idée de devenir auteur de BD a-t-elle germée ? Un auteur en particulier a-t-il suscité votre vocation ?
L’idée de devenir auteur de Bd est venue très tardivement, car j’ai du mal à l’imaginer comme un métier. Non pas parce que faire des dessins et des histoires n’est pas un métier, mais parce qu’il n'y’ a pas de règles dans ce métier. C’est vraiment borderline comme milieu, si un mec est hyper talentueux, mais lent, il ne signera pas, ou alors il ne sera jamais rentable et ne vivra pas décemment. Sans réseau, sans confiance de l’éditeur, sans production, on ne peut pas faire grand chose. Aujourd’hui beaucoup de jeune auteur sont noyer dans la masse et n’émergent pas. Je trouve ça un peu trop casse-gueule de parier sa carrière sur cette profession, même si elle est très stimulante.
Des auteurs talentueux il y en a énormément, récemment ma copine m’a offert « Clinton Road » de Vincenzo Balzano, c’est beau, poétique et pleins de métaphores. Son tracé est sensible et il y a une rupture avec la bande dessinée traditionnelle dans la mise en page. Une bande dessinée qui ne laisse pas indifférent. J’imagine qu’avec l’émergence d'éditeurs, nous apprenons et observons d'autres styles graphiques, en dehors de nos frontières. Je pense notamment à la maison d’édition « Les Aventuriers de l’Etrange », qui nous fait découvrir des talents comme Rune Rybergs, un illustrateur danois très doué.
Son tracé est décomplexé et vraiment dynamique, terriblement efficace. Ce sont tous ces artistes, auteurs qui me stimulent à faire des trucs avec passion et d’aller jusqu’au bout.
Le travail de Rune Rybergs est effectivement impressionnant... C’est une des grandes forces de ce jeune éditeur que de nous permettre de découvrir des auteurs injustement méconnus !
Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ? Comment définirais-tu ton métier ?
Pour le moment, j’ai la chance d’avoir un travail que j’aime et qui est créatif.
Par contre, pour répondre à cette question, je peux dire que j’en ai bavé puisque justement, j’ai un travail à côté.
Pour réaliser ce roman graphique, il m’a fallu deux ans à travailler le soir après mon boulot en agence. Les grandes joies sont que chaque page terminée est un jour de fête, mais que chaque page blanche est un nouveau challenge.
J’ai le parti-pris d’utiliser de l’aquarelle, pour la partie couleur et du noir et blanc pour une autre partie. Avec du recul, je ne sais pas si je le referais : la technique de l'aquarelle est longue et fastidieuse, mais ça détend bien après une journée. Dans le cas d'une bande-dessinée, avec tous les médiums de colorisation que nous avons aujourd'hui, je ne sais pas si c'était vraiment une bonne idée.
La grande difficulté à été la période de relecture, et de modifications. J’ai un regard très critique sur ma production, et je me suis imposé pas mal de correction visuelle. Le trait et le style ont vite évolué entre le début et la fin du volume. Par conséquent, j’ai beaucoup retravaillé les premières planches. Pour l’orthographe, c’est pareil, nous avons chipoté pendant deux mois en faisant relire deux, trois, huit personnes différentes, ainsi qu’une correctrice. J’étais vraiment en souffrance dès qu'il y'avait une nouvelle correction.
Comment a germée l’intrigue du rêveur de l'Olympe, ton premier album ?
Honnêtement, je ne sais vraiment pas. Une sorte de lubie s'est emparée de moi et pendant deux semaines mon cerveau bouillonnait dans tous les sens. Je mangeais mythologie, je dormais mythologie, je ne pensais qu’à ça, ca m’obsédais vraiment. Je me suis énormément documenté, fais appel à des connaissances qui étudiait ou travaillé dans ce domaine, même mon éditeur à fait de même sur un point ou nous n’étions pas d’accord (rire).
À la fin du premier tome, mon fil conducteur est établi, je sais exactement où je vais, mais il y a toujours des petites parts d’ombres, ça me stimule, car je ne verrouille pas tout le scénario.
Et en même temps, c’est mon tout premier scénario, toute première BD, donc j’espère que je ne me débrouille pas trop mal…
D’où te vient cette passion pour la mythologie ?
Honnêtement, je ne sais pas, j’ai été pris d’un coup, comme fasciné par cet univers et j’ai dû me renseigner pendant plusieurs semaines et accumulé le plus de connais-sance possible.
Pourquoi t’être adressé à Mes Moires pour éditer votre album ?
J’ai suivi un schéma classique pour la « prospection » d’un éditeur. J’ai tout d’abord créé un dossier BD (synopsis, histoires, 3 pages, croquis d’intention, qui je suis, etc.).
J’avais deux touches avec des éditeurs, puis finalement par le biais d’un ami commun, j’ai rencontré Bastien Cressent, des édition "Mes moires".
Il travaillait sur une série ludique jeunesse de la mythologie grecque, « Olympe Académie ». Lorsque je lui ai fait part de mon projet, il a de suite été emballé et notre collaboration à fonctionné de suite.
Peux-tu en quelques lignes nous faire le pitch du Rêveur de l'Olympe ?
Encore et toujours le même cauchemar.
Un homme de l’antiquité grecque semble vouloir se débarrasser de lui !
Pour qui ? Pour quoi ? Il ne sait pas !!! Après tout, il n’a que 13 ans !
Aidé de son amie Nolah, il est prêt à comprendre ses cauchemars et à les vaincre.
Laissez-vous entraîner dans une aventure palpitante, drôle et parfois décalée.
Complété par un petit cahier présentant les différents protagonistes de l’histoire, ton récit apporte de nombreuses connaissances sur la mythologie grecque au jeune lecteur. La volonté d’en faire une série à la fois entraînante et didactique était-elle présente dès le début du projet ?
Sachant que je m’adressais à un style jeunesse par les illustrations que j’avais défini, il fallait que le scénario soit aussi ludique ! Je trouve que le lexique à la fin apporte un petit plus pour ceux/celles qui souhaitent en connaître d’avantage sans en dire trop. Il faut que les informations se digèrent facilement.
Du synopsis à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de ton travail sur l’album ?
Pour commencer, je me suis fixé un chemin de route, qui retrace les grandes étapes de cette bande-dessinée.
Ensuite, je me suis amusé à en créer des chapitres (Des scènes : ref à la mythologie grec et le théâtre).
Une fois que j’ai le scénario global en tête, je commence à faire des croquis des 4 prochaines pages à dessiner.
Je prends un grand format et là, je dessine des décors, des posture en respectant mes croquis de page. C’est la partie où je façonne chaque page.
Une fois que ça me parait bien, je prends un A4, ma planche lumineuse et j’encre ou je colorise directement.
Enfin je scan et je mets en page sur Photoshop.
L’intérêt de cette technique, est que tu n’as pas peur de te tromper, donc tu encres pas comme si ta vie en dépendait.
De plus, tu peux carrément bouger ton décor, couper dedans, ou réutiliser une autre partie. Ce qui est cool aussi, c’est qu’avec photoshop tu as des brush (pinceaux) pour créer des ombres ou de la texture.
Parfois, il m’arrive de me faire un petit plaisir et faire de belle vrai page, encré à la main ! Ca à son charme, mais le rendu n’est pas le même qu’avec la technique que j’ai mise au point.
Quelle étape te procures le plus de plaisir ?
La phase de sketch, ou je cherche les postures des personnages !
Généralement je suis devant un film, une série ou j’écoute un podcast et je fais glisser le crayons sur un A0, histoire de faire pleins de sketch de la futur page en cours.
Peux-tu en quelques mots nous expliquer comment a été pensé ton travail sur la couleur ?
Pour ce qui est du traitement de la couleur, je travaille à l’aquarelle, car je trouve que cette technique permet d’avoir un rendu rapide. Pour certaines parties que je souhaite plus contraster, j’utilise des crayons de couleur afin de rehausser un peu certaines teintes.
Comment as-tu travaillé l’apparence des différents personnages ? Le jeune héros est-il passé par différente étapes avant de revêtir l’apparence que l’on sait ?
Franchement, non (aha)
Les personnages principaux sont arrivés tous seul, je n’avais pas de contrainte avec un éditeur particulier alors ça a été rapide. De plus, comme le cadre spatiaux temporelle se situe de nos jours, c’était assez simple ! Par contre pour les personnages mythologique, j’ai mené plus de recherche de style.
Pour le tome 2, je réfléchis plus sur le chara design. Peut-être parce que je commence à évoluer dans la bande-dessinée et je me prend un peu plus la tête.
Généralement, je suis un peu une tête brûlé en dessin, je me lance et je réfléchis après..
En combien de tomes la série est-elle prévue ? Où en es-tu du tome 2 ?
La série s’arretera à deux tomes ! Je souhaite qu’il y ai une fin et découvrir de nouvelles chose, de nouveau projet et faire évoluer mon graphisme. Je ne souhaite surtout pas sortir une dizaine de tome autour du même sujet. J’adore l’univers et ce que je fais mais j’ai besoin de voir autre chose et de me créer d’autre histoire ! En parlant de ça j’ai commencé à réfléchir et à illustrer les première illustrations pour un livre jeunesse. Je n’en dirais pas plus pour le moment !
Je suis à plus d’une dizaine de planche au moment ou j’écris ses lignes.
Si tu avais une lecture, une série ou un film à conseiller aux jeunes lecteurs actuellement confinés chez eux, quel serait-il ?
Pour les plus jeunes je conseillerais « Fablehaven », une série de romans fantastique écrite par Brandon Mull. Pour les moins jeunes je conseillerai « Clinton Road » de Vincenzo Balzano, que j’ai découvert il y’ a un mois grâce à mon amie ! Sinon une série que j’ai vraiment aimé est « Umbrella Academy », tiré du comics du même nom.
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
Le travail formidable de joe todd stanton, auteur de livres jeunesses, il a un univers très chouette et un style visuelle qui se rapproche de l’animation. Je n’en dis pas plus, je vous laisse découvrir son travail !
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Je pense que nous sommes bon !
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD: le nuage supersonique
un personnage mythologique: Je pense que tu connais la réponse, mais pour les lecteurs de la BD je préfère utiliser le joker.
un personnage de roman : Sherlock Holmes ! (Londres, tout ça, tout ça…)
une chanson: Oulà, ça dépend de beaucoup de chose, là tout de suite j’écoute du Billy Talent - try honesty (ça ne me rajeunit pas) aha
un instrument de musique: basse, on ne m’entend pas forcément (quoi que) mais on sait que je suis là
un jeu de société: Docteur Pilule ( je recommande vivement)
une découverte scientifique : les vampires n’existe pas ! C’est une maladie, sorry les fans de Twilight !
une recette culinaire: les gâteaux apéro ? …
une pâtisserie: les cookies (la légende raconte que j’ai cuisiné mes premiers pendant le confinement) l’oublie de farine, par contre n’est pas une légende...
une ville: mon coup de coeur pour le moment : Londres
une qualité : productif
un défaut: Roussepétard
un monument: Saint Paul Library, bibliothèque de théologie à Londres ( pas encore fait, mais ça à l’air dingue)
une boisson: de l’eau ou de manière beaucoup plus rare : fanta citron
un proverbe : Le talent c’est l’envie (J.Brel)
Un dernier mot pour la postérité ?
J’ai aussi un projet utopique et participatif en tête, j’aimerais créer une bande dessinée avec 10 illustrateurs différents (ou plus) pour que chaque style correspondent à un passage d’une histoire.
Je pense que graphiquement ce serait chouette et finalement très personnel pour chacun des acteurs de ce roman graphique. Je vois l’univers, ce que je veux et j’ai le titre de ce projet, mais je n’ai pas encore de scénario. Ca viendra quand ce sera l’heure :)
Oups, c’était un mot … Cowabunga
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !