Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…
Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…
Aucun souci avec ça tant que c'est demandé gentiment :)
Merci… ça me simplifiera grandement la tâche…
Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)
-parcours et études : Licence en Arts Plastiques.
-âge : je parais éternellement 25 ans.
-qualités : plein et bonnes.
-passions : plein et bonnes.
-n°CB : oui, j'en ai un.
-comptes en Suisse etc. : euh...je te rappelle que je suis auteur...
Enfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient tes livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ?
Je lisais bien sûr énormément « Tintin » ou « Astérix » puis ensuite, grâce à mon grand frère, j'ai plongé dans les Spiderman, X-Men, Conan etc. avec les Strange, Nova, Titans...J'avais aussi un oncle qui était fan de Gotlib et Goscinny aussi j'ai eu accès aux « DingoDossiers » et « Rubriques-à-Brac »... Et donc, par conséquent, la BD a eu beaucoup de place...
A quel moment l’idée de devenir auteur de BD a-t-elle germée ? Un auteur en particulier a-t-il suscité ta vocation ? Cela a-t-il relevé du parcours du combattant ?
L'idée était surtout de dessiner. Pas forcément de faire des bandes dessinées ni d'en faire mon métier... Et cette idée est devenue omniprésente en lisant « Athanagor Wurlitzer » et les premières histoires de « Marie-Thérèse des Batignoles » de Maëster...
C'est à ce moment que je me suis mis plus sérieusement au dessin, recopiant les cases, les personnages...Puis j'ai découvert Vatine avec le premier « Aquablue » qui a été une grosse calque...Ce qui a entraîné l'achat de tous ses précédents albums et le griffonnage de plusieurs autres feuilles de papier...Et pour finir ma Sainte Trinité de cette époque, je tombe sur le « Glamour Book Internationale », le bouquin rétrospective de l'œuvre de Liberatore...
Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ? Comment définirais-tu le métier de dessinateur ?
Il y a plein de joies...Dessiner déjà...parce que c'est mon truc, j'aime ça.
Bien sûr, terminer un album et le sentiment de libération qui l'accompagne après tant de temps passer à travailler dessus...et la joie de voir cet album sortir...En particulier le premier tome de « Robilar... » qui était terminé un an et demi avant sa sortie en librairie...
Avoir pu bosser avec d'excellents auteurs, scénaristes et coloristes qui sont devenus des amis, avoir pu travailler sur des projets avec des potes...
Avoir rencontrer des gens de la BD que j'admire et même avoir des propositions de projets par certaines de mes idoles afin de bosser avec eux (dans ces cas-là, je dépasse la stratosphère...).
En ce qui concerne les difficultés : savoir et arriver à avancer, à se remettre en cause, à sortir de sa zone de confort, continuer à apprendre. Savoir tricher aussi, pour masquer certaines faiblesses du dessin et renforcer celui-ci ou cacher que certains jours, on n'est pas forcément au top...
Et pour répondre à ta dernière question, pour pouvoir donner une définition, il faudrait déjà que dessinateur soit considéré comme un métier...(sifflote sifflote).
Robilar ou le Maistre Chat vient de paraître sur les étals… Qu’est-ce qui t’a séduit dans le scénario de David Chauvel ?
Sa relecture du conte initial tout d'abord...Ensuite sa façon de raconter son histoire qui m'a mis plein d'images en tête dès la première lecture. Plein d'idées graphiques aussi concernant les personnages, la mise en scène, les décors...Le fait aussi, même si mettre du Chauvel en images n'est pas simple au final, d'être tout de même très à l'aise dans la réalisation de l'album et ça, c'est bien la première fois que ça m'arrive...
Comment avez-vous composé l’apparence de vos personnages ? Robilar est-il passé par plusieurs étapes avant de revêtir l’apparence que l’on connaît ? Quel personnage vous ’a-t-il donné le plus de fil à retordre ?
Robilar passe déjà lui-même par plusieurs étapes physiques lors de l'album... Il a donc fallu créer ses étapes...le faire passer de la station quadrupède à la station bipède notamment.
Ensuite, l'apparence des différents personnages vient d'idées de David très précises pour certains (le Chambellan par exemple...) ou bien de ma propre culture littéraire, cinématographique, artistique...
Et bien évidemment, c'est Robilar, notre héros, qui a été le plus complexe à trouver...Il doit être fun à dessiner, être crédible (ben oui, un chat en bottes qui parle...tssss...), garder son aspect de chat malgré des expressions bien humaines...D'ailleurs, je le cherche encore
Concrètement, comment s’est organisé votre travail sur l’album ? Dus scénario à la planche finalisée, quelles furent les différentes étapes de sa réalisation ? Quels outils avez-vous utilisé ?
Sur ce tome, tout s'est passé de façon très traditionnelle...
Je fais une première lecture du scénario pour avoir une idée générale , puis lors des lectures suivantes, une première prise de notes en ce qui concerne des idées graphiques, des éléments les plus importants ou encore des références ou de la documentation à rechercher.
Ensuite, je démarre le storyboard. Tout en relisant encore le scénario une nouvelle fois, je fais des croquis planche par planche de tout l'album... ces storyboards ont été réalisés sur des Post-it qui sont ensuite numérisés pour pouvoir placer le texte et les bulles.
J'obtiens donc tout l'album en croquis lisibles qui sont soumis au scénariste qui peut ainsi voir ce qui fonctionne ou non narrativement et apporter toutes les modifications nécessaires.
Le storyboard validé et certains décors modélisés en 3D, je réalise les pages définitives sur feuille en réalisant le crayonné d'après les croquis imprimés puis, après un nouveau scan, « encrage » à l'aide d'un crayon de couleur noir sur des impressions de couleur bleue ( couleur qui disparaît lors du scan final des dessins définitifs ). Ces derniers dessins numérisés remplacent alors les storyboards sur le fichier numérique afin de garder les textes et les bulles...
J'ai procédé de cette façon sur les deux premiers tomes de la série puis, à partir du troisième, j'ai tout réalisé sur ordinateur (à part les recherches préparatoires de personnages et de décors...).
Le fichier est alors envoyé à Lou qui sort son pinceau magique et met le tout en couleurs et en ambiance.
À partir de quelles indications Lou a-t-il réalisé sa somptueuse mise en couleurs ?
Pas mal d'infos apparaissent dès le scénario, ensuite David et moi (mais surtout David qui a une meilleure vision de ce qu'il veut ) précisons certains éléments ou certaines ambiances...
Mais vu le niveau démentiel que possède Lou, je suis plutôt partisan de lui laisser le maximum de liberté.
Tu avais déjà travaillé avec lui sur Miss Crumble - Le Monstre Botté, spin off de l’album Sept Détectives… D’où vous vient cette obsession pour les bottes ?
Ça, ça vient des scénaristes... Il faut plutôt leur demander.
Mais le fétichisme serait très répandu parmi leur caste...Je dis ça, hein...
Parmi les différentes étapes, laquelle vous procure le plus de plaisir ?
C'est toute la phase de croquis et de storyboard que je préfère... Chercher, modeler, donner des caractères, une histoire aux personnages et aux décors, les mettre en scène, trouver des solutions à certaines problèmes narratifs c'est vraiment ce qui m'intéresse le plus.
En combien de tomes ce récit est-il prévu ?
Alors, comme tu as pu le lire dans le premier tome, même si on a une fin ouverte, l'histoire se suffit en elle-même... Et c'est ce qui va se produire à chaque album de « ROBILAR ou le Maistre Chat » : chaque tome aura une histoire complète.
Donc, pas un nombre de tome défini... Tant que « ROBILAR » aura des lecteurs, les lecteurs auront des « ROBILAR ».
Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
« Les Contes de la Pieuvre » de Gess.
Tu as bon goût
Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ?
Oui, une seule : « Y a-t-il une question que je n’ai pas posée et à laquelle tu souhaiterais néanmoins répondre ? »...ah, ben si, tu l'as posée...merde...
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…
Si tu étais…
un personnage de BD : The Angriest Dog.
un personnage mythologique : Alan Smithee.
un personnage de roman : Paul Atréides.
une chanson : « Falling » de Julee Cruise.
un instrument de musique : David Bowie.
un jeu de société : le chamboul'tout.
une découverte scientifique : le café soluble.
une recette culinaire : la bûche.
une pâtisserie : La tarte à la cerise.
une ville : North Bend.
une qualité : sociopathe.
un défaut : gentil.
un monument : les chutes de Snoqualmie.
une boisson : café.
un proverbe : « les hiboux ne sont pas ce que l'on pense ».
Un dernier mot pour la postérité ?
AAAAAAAARGH !
Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !