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Entretien avec Franck Biancarelli
interview accordée aux SdI en mars 2022


Bonjour et merci de vous prêter au petit jeu de l’entretien…

Question liminaire : êtes-vous farouchement opposé au tutoiement ? Si oui, je me ferais violence mais je sais qu’un « tu » risque tôt ou tard de partir tout seul pendant que je nettoierai mon clavier…

No problemo

Merci à… toi.

Peux-tu nous parler de toi en quelques mots ? (parcours, études, âge et qualités, passions, numéro de carte bleue ou de comptes numérotés en Suisse ou aux Îles Caïmans ?)

Je suis né en 1967, j’ai fait des études qui n’ont rien à voir (Mathématiques).

Je passe le plus clair de mon temps à dessiner ou lire. J’écoute aussi beaucoup de musique.

Es-tu autodidacte ou as-tu suivi un cursus artistique après tes études de maths ?
Autodidacte avec quand même quelques séquences de plusieurs jours durant quelques années chez le père Rossi. (Mais je le dis un peu plus bas).

Karmela Krimm, recherche de personnages : Tadj et Karmela Krimm © BiancarelliEnfant, quel lecteur étais-tu et quels étaient vos livres de chevet ? La BD a-t-elle toujours occupée une place de choix ?
Jeune, j’ai lu principalement de la bande dessinée de super héros.

Je n’ai vraiment commencé à lire des vrais livres qu’à 17 ans et je n’ai plus vraiment arrêté depuis. Le premier qui a compté fut « L’Amérique » de Kafka même si peu de temps avant j’avais lu La Métamorphose.

A peu près au même âge j’ai découvert que cette BD Américaine qui me passionnait était bien autre chose que des Bds de Super-héros et là, j’ai su qu’en fait ces derniers m’intéressaient peu.

Je suis devenu un fan inconditionnel de Toth, Caniff, Sickles ou même Eisner.

A quel moment l’idée de devenir dessinateur de BD a-t-elle germée ? Un auteur en particulier a-t-il suscité ta vocation ?
Je crois de tout temps (du plus loin que je me souvienne en tout cas).

Non, aucun auteur même si mes deux influences les plus grandes restent Jose Luis Garcia Lopez et Alex Toth et mon professeur fut Christian Rossi.

Quelles sont pour toi les grandes joies et les grandes difficultés du métier ? Comment définiriais-tu le métier de dessinateur ?
Joies : Raconter des histoires, être son propre patron, écouter ma musique.
Difficultés : Remettre son titre en jeu à chaque album.

Le métier… J’en sais rien, raconteur d’histoires, metteur en scène d’histoire, créateur d’univers graphiques..

Comment as-tu rencontré Lewis Trondheim qui signe le scénario de la série Karmela Krimm ?
Je ne sais plus vraiment. Bien avant d’avoir travaillé avec lui en tout cas.

Karmela Krimm, recherche de personnages : Tadj et Karmela Krimm © BiancarelliQu’est-ce qui t a séduit dans ce personnage d’enquêtrice un brin désabusée ?
Ce qui me séduit c’est le ton très un pas de côté de Lewis Trondheim. Pour le signifier il appelle ça du polar blanc avec de l’humour noir. Je trouve la formule très juste.

Quelles sont tes références en matière de polars ?
Mes références étaient bien plus restreintes que ça.

Je me suis dit « Si on devait créer en 2022 une série qui serait l’équivalent de ce qu’à été Jérôme K ; Jérôme Bloche dans les années 80, que ferait-on ?

A partir de quelle « matière » as-tu composé l’apparence de Karmela ? Est-elle passée par différents stades avant de revêtir celle que l’on sait ?
J’avais Camélia Jordana à l’esprit, pour les sourcils. Aurélie Casse, aussi, pour la coiffure. Voilà.

Comment s’est organisé votre travail à quatre mains sur l’album ? Du synopsis aux planches finalisées, quelles furent les différentes étapes de sa réalisation ?
Que du très classique.

Lewis me fournit les pages au brouillon avec des bonhommes patates et les dialogues.
Je fais des brouillons détaillés pour vérifier que je ne rate aucune intention.
Puis je mets tout ça au propre.
Work in Progress
Karmela Krimm, storyboard par Lewis Trondheim © Trondheim Karmela Krimm, storyboard par Franck Biancarelli © Biancarelli / Trondheim
Karmela Krimm, storyboard par Lewis Trondheim © Trondheim Karmela Krimm, storyboard par Franck Biancarelli © Biancarelli / Trondheim

Utilises-tu des outils classiques ou numériques ?
Les deux indifféremment ou presque même si le numérique est pour moi ennuyeux à pratiquer.
C’est la page ou le projet qui décide.

Sur quel format travailles-tu et combien de temps en moyenne te prend la réalisation d’une planche ?
Variable mais plutôt grand car avec l’âge je deviens presbyte.

Quelle étape te procure le plus de plaisir ?
Toutes ou aucune suivant les moments.

Karmela Krimm, recherche de personnage : Karmela Krimm © BiancarelliTa bibliographie s’avère pour le moins éclectique : on y trouve de l’anticipation, de l’heroic-fantasy, des récits intimistes, des histoires à grands spectacle, des chroniques sociales ou judiciaires ou des polars… Qu’est ce qui oriente tes choix de scénario ?

Avec le temps on est normalement plus apte à choisir ses collaborations et le genre dans lequel on souhaite s’exprimer.

Plus apte car on a plus de poids face aux éditeurs et plus de réseaux mais aussi parce qu’on se connait mieux. Je sais que je souhaite de plus en plus m’éloigner de l’heroic-fantasy et des histoires à grand spectacle.

Dans quel environnement sonore travailles-tu généralement ? Silence monacal ? Radio ? Musique de circonstance ?
Ça dépend. Un peu tout ça.

Peux-tu en quelques mots nous parler de tes projets présents et à venir ?
Non, je ne peux pas mais il y en a. Notamment un autre projet toujours avec Lewis et toujours pour Le Lombard.

Tous médias confondus, quels sont tes derniers coups de cœur ?
J’ai peu de temps pour moi en ce moment, quelques séries, Space Force par exemple.
Paul McCartney, les chansons de A à Z. Très intéressant si on est un geek de Macca et des Beatles.
En BD, Franklin de Michel Durand.
Karmela Krimm, recherche de personnages : Tadj et Karmela Krimm © Biancarelli
Pour finir et afin de mieux te connaître, un petit portrait chinois à la sauce imaginaire…

Si tu étais…

un personnage de BD : Jesse Bravo, Bravo pour l’Aventure, d’Alex Toth.
un personnage historique : Alex Toth.
un personnage de roman : Karl Rossmann, le protagoniste de L’Amérique de Kafka, livre qui m’ouvre à la littérature.
une chanson : Junk de Paul McCartney
une découverte scientifique : Le générateur de van de graaff
une recette culinaire : Les haricots en sauce de ma mère
une ville : Marseille
une qualité : Flexible
un défaut : Flemmard
un monument : La Bonne Mère.
une boisson : L’eau.
un proverbe : Chacun veut passer pour meilleur qu'il n'est

Un dernier mot pour la postérité ?
Au revoir.

Un grand merci pour le temps que tu nous as accordé !
Le Korrigan