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La "croûte" oubliée était un chef-d'oeuvre
Revue de Presse Occulte

NEW YORK - Un tableau poussiéreux découvert il y a deux ans par un écolier du Connecticut s'est avéré être un chef d'oeuvre de l'époque victorienne, qui pourrait atteindre un million de dollars lors d'une vente aux enchères organisée par Christie's, à Londres, le 12 juin.
Bingham Bryant, alors âgé de 10 ans, était tombé en admiration devant la toile représentant une scène de la mythologie grecque, oubliée depuis près de 70 ans derrière le bureau du responsable de la bibliothèque de son école.
Le gamin, intrigué, décida un jour d'en parler à son père, antiquaire, qui après quelques recherches et un dépoussiérage plus que nécessaire du tableau, constata qu'il s'agissait d'une oeuvre de Walter Crane, un auteur- illustrateur anglais du XIXe siècle considéré comme l'un des maîtres du Mouvement des Esthètes.
L'oeuvre, qui date de 1878, est intitulée "Le destin de Perséphone", du nom de la majestueuse reine des Ombres, fille de Déméter et de Zeus que ce dernier promit à son frère Hadès. Le tableau représente la scène où Pluto, le seigneur des Enfers et ses deux étalons noirs, sortent des entrailles de la terre pour ravir la jeune fille au moment où celle- ci cueille une nymphe.
La légende veut en fait que Perséphone ait été enlevée par Hadès, qui devint du coup le nom du fleuve des Enfers.
"Je m'y connais un peu en art et je m'intéresse à la mythologie grecque et à la peinture classique", explique Bingham Bryant, aujourd'hui âgé de 12 ans.
"J'étais sûr qu'il (le tableau) était ancien mais je ne savais pas s'il avait ou non de la valeur. Alors, j'en ai parlé à papa". Lequel s'aperçut rapidement qu'il s'agissait de quelque chose de "vraiment spécial et de vraiment magnifique".
La découverte de cette oeuvre est "extraordinaire, vraiment extraordinaire", s'exclame Jonathan Horwich, directeur international de l'art britannique chez Christie's, qui ne tarit pas d'éloges à l'égard du jeune garçon. "Qu'un jeune homme comme Bingham repère (la toile), c'est incroyable. Il y a des gens doués et Bingham en est certainement un."
Le père de l'écolier a remonté la trace du tableau. Il avait été acquis en 1923 par un professeur de Yale, Brian Hooker, qui l'avait prêté à la Old Lyme School où étudie Bingham, en 1935. Il ne l'avait jamais réclamé.
L'antiquaire a aussi retrouvé les héritières du professeur, ses filles aujourd'hui octogénaires, qui ont décidé de vendre l'oeuvre aux enchères. Les Bryant n'ont voulu donné aucune indication sur un éventuel arrangement financier.
L'évaluation de la toile a en tout cas passionné Bingham. "C'était vraiment excitant. Elle était très sombre, terne et pleine de poussière. Elle était pourtant déjà magnifique comme cela, elle l'est encore plus aujourd'hui", dit- il.
Cette découverte a aussi renforcé le sentiment de l'expert de chez Christie's que les oeuvres peintes "ont leur existence propre", bien qu'ils s'agissent d'objets inanimés.
"Je pense que d'une façon ou d'une autre, il y avait une volonté d'exister dans ce tableau qui rayonnait depuis la petite place qu'il occupait dans la bibliothèque, et Bingham s'en est aperçu", dit Jonathan Horwich.
Le Korrigan