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Vol du Cri
Musée d'Oslo

OSLO (AFP) - Des individus masqués et armés ont dérobé deux chefs d'oeuvre du maître norvégien Edvard Munch, dont "Le Cri", dans un musée d'Oslo dimanche, dix ans après le vol d'un autre exemplaire du célèbre tableau.

Après avoir fait irruption dans le musée Munch peu après l'ouverture de ses portes vers 11H10 (09H10 GMT), deux malfaiteurs ont menacé une employée d'une arme et se sont emparés de deux tableaux, a déclaré Kjell Pedersen, porte-parole de la police d'Oslo. Les deux oeuvres dérobées sont "Le Cri" et "La Madone", les deux oeuvres les plus célèbres de Munch, considéré comme un précurseur de l'expressionnisme.

Selon divers témoignages, le raid a été effectué en moins d'une minute sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré ni qu'aucune alarme ne soit déclenchée. Les individus se sont enfuis dans un véhicule noir, à bord duquel les attendait une autre personne. D'importantes forces de police ont été déployées pour retrouver les malfaiteurs.

Les services de sécurité présents dans les aéroports et aux frontières ont été immédiatement alertés. Des témoins qui ont assisté à l'épisode ont mis en cause l'absence totale de système de sécurité.

"Ce qui est étonnant, c'est que les deux tableaux étaient accrochés par de simples filins dans la première salle, donc la plus proche de la sortie", a indiqué à l'AFP François Castang, producteur de la station de radio française France-Musique, présent au musée Munch au moment des faits. "Il n'y avait pas de fouille, pas de contrôle, pas de système de sécurité, pas d'alarme. Ca donne presque envie de les prendre", a-t-il ajouté.

Les malfaiteurs sont, selon lui, repartis après "pas plus de 40 à 50 secondes". "Nous n'avons entendu aucune alarme et cela a pris un bon moment avant que la police n'arrive", ont pour leur part indiqué deux touristes américaines, Mary Assiliou et sa fille Christina, citées par l'agence norvégienne NTB. La police a retrouvé les restes des cadres des tableaux près de l'endroit où un témoin dit avoir vu une voiture suspecte et, plus tard, le véhicule en question. "C'est effroyable et choquant", a commenté Valgerd Svarstad Haugland, la ministre norvégienne de la Culture. "Nous n'avons pas protégé suffisamment nos trésors culturels. Nous devons en tirer les leçons", a-t-elle dit, citée par NTB.

Mais la police a répondu à la controverse en précisant que les oeuvres volées étaient bel et bien reliées à un système d'alarme "silencieuse", c'est-à-dire qui ne retentit pas dans la pièce où se trouve le tableau. Munch (1863-1944) a peint "Le Cri" en 1893. L'oeuvre expressionniste, considérée comme une représentation de l'angoisse moderne, pourrait valoir jusqu'à 80 millions de dollars selon les médias norvégiens. "Il s'agit d'une oeuvre d'art inestimable", a déclaré à l'AFP Jorunn Christoffersen, porte-parole du musée Munch. Représentant un visage saisi d'épouvante sur un pont sur fond de formes mouvantes et de couleurs criardes, elle traduit les angoisses de l'artiste qui était obsédé par la mort après avoir perdu très tôt sa mère et sa soeur aînée. Cette huile de 91 cm sur 73 cm a été produite à quatre exemplaires. Le musée Munch possède deux exemplaires, un exposé --et dérobé dimanche-- et un autre, moins abouti, dans ses réserves. Un troisième est détenu par un collectionneur privé.

La quatrième version --la plus célèbre--, exposée à la Galerie nationale d'Oslo, avait elle-même été dérobée le 12 février 1994 à l'aide d'une simple échelle quelques heures avant l'ouverture des Jeux Olympiques d'hiver de Lillehammer (sud-est de la Norvège). L'oeuvre avait été retrouvée intacte trois mois plus tard. En août 1997, l'ancien footballeur norvégien Paal Enger a été condamné à six ans de prison pour ce vol. "La Madone" a pour sa part été achevée en 1894. Cette huile de 90 cm sur 68,5 cm met en scène une femme au buste pâle et nu et aux cheveux rouges, symbolisant amour et sang. Il existe également quatre exemplaires de cette oeuvre.
Le Korrigan