Avant d'écrire pour la BD, vous avez travaillé pour le jeu vidéo et la télévision. D'où vous vient cette passion pour l'écriture?
Depuis que je suis môme, j’adore la lecture, le cinéma, la musique et certaines séries TV. Pour être plus clair je vais vous citer quelques titres qui pour moi resteront à tout jamais des références absolues.
Pour la musique : Elvis, Otis Reading, Beatles, Sonics, Gene Vincent, Ramones, Stones, Beach Boys, Kings, Sam cooke, Clash, Jerry Lee Lewis ect…
Pour la lecture : Tintin, Bob Morane, Blueberry, Bleck le rock, et puis Dumas (pas Mireille), Hugo, Stephen King…
Pour le cinéma : Les disparus de St Agil, les trois lanciers du Bengale, Robin des Bois et tous les western qui passaient les dimanches après-midi à la TV.
Pour les séries TV : Au nom de la loi, Thierry la Fronde, les serials de Sherlock Holmes avec Basil Ratbhone, les envahisseurs, amicalement votre et autres chapeau melon….
Bien évidemment ceci est juste un exemple car au fil des années j’ai découvert plein de choses qui m’ont collé le palpitant sur Mars. si je listais tout ce que j’aime, il me faudrait prendre un mois de vacances et en ce moment c’est pas recommandé.
Sur quels jeux vidéo avez-vous travaillé? Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience?
J’ai bossé sur prisoner of ice, une nuit en enfer, Astérix et sur pleins de projets qui n’ont jamais vu le jour, dont une adaptation de Blake et Mortimer et une relecture des Misérables en chambara (ndlr : au japon, le film de sabre, contraction des onomatopées chan-chan bara-bara, bruit supposé d'un sabre tranchant la chair)
Le milieu du jeu ne m’a jamais beaucoup branché, mais j’ai pu y faire mes premiers pas dans l’écriture et de plus je crache rarement dans la soupe.
Une relecture des Misérables en chambara… C’est pour le moins surprenant !
Pas du tout, il suffit de bien connaître l’original, de l’adorer et d’essayer de l’adapter le mieux possible. En écriture tout est possible quand on le fait avec passion et respect.
J’ai lu dans votre bio que vous avez écrit un scénario pour Annie Girardot et Michel Serrault. Pouvez-vous nous parler de votre métier de scénariste de télévision et de cinéma?
Annie avait récité sur le site infonie une histoire de truands que j’avais écrite avec Hubert Chardot et nous avons travaillé ensemble pendant une semaine. De fil en aiguille j’en suis venu à lui écrire un polar qu’elle aurait voulue jouer avec Serrault, malheureusement ce ne fut qu’un beau rêve. Pour le reste aucun de mes projets n’a jamais abouti. Pour l’instant seul la Bd est à l’ordre du jour.
En 2002 sort votre première bande dessinée, illustrée par Philippe Castaza, et dont le scénario et les dialogues font immanquablement penser aux films de Georges Lautner. Comment est né ce projet?
D’une rencontre surprise un soir de grande tempête dans les alpes et d’une passion commune pour le cinéma de genre et la détestation du con. C’est surtout une belle histoire d’amitié, et une grosse envie de déconner ensemble. Phil est bourré de talent et j’adore bosser avec ce troll Landais.
Une suite est-elle prévue?
Le 4 en juin 2005. Nous avons pleins de projets avec phil, dont une nouvelle bd avec Georges Lautner et un one shot fantastique. Si tout va bien je pense que notre collaboration risque de durer encore un bon bout de temps.
On ne peux que s’en réjouir! Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre projet de one shot fantastique ?
L’histoire se passerait vers 1900 dans un hameau noyé et isolé sous la neige, où rôdent des loups affamés, un monstre et un tueur psychopathe. On va surtout baser notre histoire sur l’ambiance et le suspens plutôt que sur le gore, même si tout ça risque quand même de pas mal déménager.
Comment travaillez-vous avec Philippe Castaza? Du synopsis à la planche finale, comment est organisé votre travail?
J’écris le synopsis (assez court) puis après quelques conversations téléphoniques avec phil sur l’histoire, j’attaque le découpage page par page et je lui communique au fur et à mesure. Après c’est à lui de jouer, je dois dire qu’à 99% cela fonctionne parfaitement. Phil est un vrai artiste qui ne passe pas ses journées à se regarder le nombril où à refaire le monde le nez dans un verre d’alcool, ce qui est reposant pour moi.
Serait-il possible de voir le synopsis du troisième opus des Teigneux et, pourquoi pas, découpage, afin de mieux comprendre votre travail de scénariste et les différentes étapes de création d’une BD?
Je ne peux vous montrer le synopsis des teigneux car il est disséminé sur plein de feuilles volantes, par contre quelques pages de découpage de différentes BD…
Thomas Silane T1 Planche 4
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Les Teigneux T1 planche 11
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En 2004 vous poursuivez votre croisade anti-cons avec la sortie de « On achève bien les cons », toujours illustrée par Castaza et mis en couleur par Nadine Thomas. Comment s’est passée la collaboration avec Georges Lautner, monument du cinéma français?
Parfaitement bien, c’est devenu notre ami et on l’adore. C’est une sorte de grand frère pour nous. En travaillant avec lui, l’air de rien, il m’a appris quelques trucs. C’est un bonheur de rencontrer et de collaborer avec une de ses idoles, surtout quand on s’aperçoit que l’homme est à l’image d’une grosse partie de sa carrière MAGNIFIQUE !!!! Je tiens aussi à dire que Laurent Gerra a fait la préface des teigneux 3 et que là aussi la rencontre fut superbe, LAURENT est un grand monsieur humain et très généreux.
En Mars 2003 est paru « Complot à Daguelloz », premier tome de la série Spiritus & Sancti, illustrée par Koriakine, qui signe là sa première bande dessinée. On change d’époque pour celle du règne de Louis XIII, du Cardinal Richelieu et des Mousquetaires du roi. Quel a été le point de départ de cette série?
Là encore une belle histoire d’amitié avec mon co-scénariste Patrice Buendia. C’est un fondu de cinoche, il voit en salles deux ou trois films par semaine. Nous adorons tous les deux les romans et films de capes et d épées, bon point de départ pour commencer une nouvelle histoire. Je veux revenir sur Pat, un garçon bourré de talent et qui lui aussi est relativement facile dans le travail. Nous avons d’ailleurs une autre série qui fonctionne très bien THOMAS SILANE et nous en préparons une autre qui devrait s’appeler SOUL POLICE.
Comment organisez-vous votre travail avec Patrice Buendia? Comment construisez-vous une histoire à deux mains (ou plus si vous êtes ambidextre
)?
Nous nous réunissons environ une fois par mois, autrement nous travaillons par téléphone à peu près deux fois par semaine, nous construisons nos histoires et découpages ainsi et en même temps Patrice tape sur son ordinateur car il est plus rapide que moi
Utiliser l’Histoire comme toile de fond d’une bande dessinée a-t-il nécessité des recherches documentaires poussées?
Pas pour celle là car nous avions en k7 ou dvd tous nos films chéris et différents livres sur le cinéma, plus nos mémoires éléphantesques.
Dans Complot à Daguelloz, vous prenez le contre pied de Dumas puisque Richelieu n’y endosse pas son costume de Grand-Méchant…
Nous n’avions pas envie que pour la 7553 fois le cardinal soit le méchant, on a préféré en inventer d’autres c’était plus marrant et intéressant pour ceux qui liraient notre bd. Malgré tout Richelieu dans notre histoire ne donne pas des mâtinées enfantines et fait quand même assassiner des gens.
Dans cet album, les héros sont bien loin de ceux qu’on rencontre habituellement dans les romans de cape & d’épées. Comment sont nés ces deux personnages?
De l’esprit tortueux de Patrice qui se shoote au flamby et qui a des hallucinations assez sévères. Plus sérieusement on voulait des personnages pas forcément formatés héros habituels du genre. On les voulait ambigus et pleins de contradictions. Mais attention pas de philosophie à trois balles, nous ne sommes pas les BHL de la BD.
Avec Thomas Silane, vous entamez une série contemporaine teintée de fantastique. Dans ce premier album, Thomas Silaine est un journaliste baroudeur dont le travail et la vie vont être bouleversé par un étrange cadeau : un admirateur anonyme lui offre un appareil photo doté de l’étrange capacité de photographier le meurtre lui même lorsqu’il photographie la scène de crime. Doté de cet appareil, il va tenter d’élucider la disparition de la fille du Préfet et de comprendre son propre passé, terni par la disparition mystérieuse de ses parents. Quel a été le point de départ de cette série intrigante?
Une discussion entre Patrice et moi un jour de liesse où nous fêtions le début de l’hiver. D’ailleurs le même jour nous avons mis au point spiritus et sanci, c’est vous dire si notre équipe est vachement balèze !!!
Chaque tome de Thomas Silaine proposera-t-il une histoire indépendante reliée aux précédents par le fil rouge du trouble passé de Thomas ? Combien de tome sont-ils prévus ?
Pour avoir des histoires bien construites, les enquêtes policières seront dorénavant ( sauf exception ) en deux tomes. Quand à la longévité de notre histoire rien n’est établi pour l’instant.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Soul Police?
Ça va être un hommage au polar des années 70 et au fantastique. Comme si Bullit bossait avec shaft pour se battre contre l’exorciste et la malédiction tout en flinguant du truand.
Pour quand est-ce prévu ?
Fin 2005 début 2006 si tout va bien.
Y-a-t-il une question que je n’ai pas posé et à laquelle vous aimeriez néanmoins répondre ?
OUI !
Aimez-vous sincèrement ce que vous faîtes ?
OUI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Pour finir, comme le veut la tradition et afin de mieux vous connaître, une petit portrait chinois à la sauce chrysopééenne…
Si vous étiez…
une créature mythologique : Hercule
un personnage de cinéma : Indiana Jones
un personnage biblique : Don Camillo
un personnage de roman : un des trois gamins des Disparus de Saint Agil
un personnage historique : Jean Moulin
un personnage de BD : Blueberry
un personnage de théâtre : moi-même
une œuvre humaine : Notre Dame de Paris