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Sciences et vie fabrique un faux suaire
plus faux que le vrai?

PARIS (AP) - L'authenticité du Saint-Suaire de Turin est une nouvelle fois remise en cause. Le magazine 'Science et Vie' explique dans son édition de juillet, en kiosque à partir de vendredi, avoir fabriqué un faux du linge censé avoir enveloppé le corps de Jésus-Christ à partir d'une technique médiévale.

Selon des tests au carbone 14, réalisés en 1988, le linceul daterait de 1260 à 1390 après Jésus-Christ, avec un taux de certitude de 95%. Mais ces résultats sont régulièrement contestés par les 'sindonologues', partisans de l'authenticité du Saint-Suaire. Ils affirment que la relique est impossible à reproduire.

Le magazine a demandé au Dr Jacques di Costanzo, du centre hospitalier universitaire de Marseille, de fabriquer un suaire à partir d'un tissu appliqué sur un bas-relief en recourant aux techniques d'un faussaire médiéval. Et ce médecin passionné par les énigmes historiques a réalisé un faux 'convaincant', précise 'Science et Vie'.

Dans les années 1980, le chimiste Walter McCrone, aujourd'hui décédé, a fait des analyses sur le suaire pour savoir ce que contenaient les fibres de lin colorées. Il a découvert des particules d'oxyde de fer et du vermillon. Du collagène, un liant utilisé sous forme de gélatine animale pour fixer les couleurs, avait également été identifié.

Reproduire un suaire 'n'est pas compliqué', selon l'historien Paul-Eric Blanrue. 'Il suffit de refaire un suaire avec les composants qu'a retrouvé le Dr McCrone', a-t-il expliqué mardi matin sur Europe-1. 'Pour la technique, on a utilisé un bas-relief qu'on a recouvert d'un drap de lin humidifié. on l'a fait sécher et on a tapoté tout doucement dessus avec de l'oxyde de fer, c'est-à-dire de la rouille'. La couleur a ensuite été fixée avec de la gélatine.

Le tissu ainsi obtenu a résisté au lavage, au chauffage à 250 degrés. Il a également été trempé dans de l'acide citrique, de l'acide acétique et du bisulfite, avant d'être immergé pendant 24 heures dans de l'acide oxalique, un décapant antirouille. Mais, malgré ce traitement de choc, 'l'image n'a pas été altérée', précise 'Science et Vie'.

'C'est exactement la même chose', a précisé M. Blanrue. 'Il est 100% identique à l'original, c'est-à-dire que vous avez également l'effet trois dimensions, l'effet de relief. On a véritablement l'impression qu'il y a un corps qui a séjourné dans le lin'.

D'autre part, un drap de lin appliqué pendant 36 heures sur la sculpture a été soumis à la vaporographie, une technique reproduisant les effets d'une réaction chimique sur le corps d'un supplicié. Or, aucune impression n'a été obtenue par ce procédé, souligne le magazine, observant que cette absence de résultat 'fournit ainsi une preuve par défaut'. AP
Le Korrigan