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11ième Salon de la BD de Mandelieu
Sous le signe des Trolls


Ayant découvert le festival de Mandelieu par hasard il y a deux ans, j’avais déjà été étonné par le manque criant d’organisation. Imaginez que une salle de dédicaces pleine de tables, où les amateurs de Bd commencent à faire la queue sans qu’il existe le moindre affichage indiquant ou se trouvera tel ou tel auteur et vous aurez une vague idée de ce que pouvait être le dit festival il y a deux ans…

Cette année, je me disais qu’ils pouvaient difficilement faire pire, mais hélas!, je me trompais lourdement…

Après les traditionnels stands de fanzines, exposition de planches, de librairie d’occasion et de neuf et cie que les chasseurs de dédicaces négligent hélas souvent (et c’est d’autant plus dommage que les « auteurs amateurs » étaient très intéressant, l’expo sur Lincoln tout autant, de même que les multiples jeux à destination du jeune public autour du monde de Troy), on arrivait au cœur du festival : la salle de dédicaces… Etrangement coupée du reste du salon par un improbable muret près duquel était placardé une affiche informant que les sacs à dos, sacoches et autre ustensiles de transports étaient proscris du lieu de dédicaces… Renseignement pris, cette intention était louablement dictée par l’idée d’empêcher les personnes peu scrupuleuse de faire faire la queue à plusieurs de leurs sacs, utilisant la technique dit « du jardinier », semant ça et là et ne revenant dans la file que pour récolter…
S’en suivait pourtant un joyeux bordel vu que les sacs contenait parfois les bouteilles d’eau, sandwich, papiers et autres choses utiles à la survie en milieu hostile… Après négociation, on pouvait toutefois garder son sac, à la condition expresse de ne pas le poser par terre, ou en tout cas de ne pas s’en éloigner de plus de 50 centimètres… Un vigile surveillait de près les sacs, respectant scrupuleusement et au pied de la lettre les consignes sans doute reçues par l’organisation… C’est ainsi qu’il a empêché un amateur de BD d’aller remplir sa bouteille sans partir avec ses sacs… Ce qui était d’autant plus absurde que les gens de la file n’y voyait aucune objection… Nous retrouvons ce même vigile un peu plus tard dans une volonté louable de créer un passage entre le muret mitoyen et les stand des libraires … Mais si le fond était compréhensibles, la manière l’était moins et manquait cruellement de la plus élémentaire courtoisie (clients poussés pendant qu’il scandait des « dégagez » peu respectueux)… Le hic c’est que sitôt la file crée, d’autre chalands, peu scrupuleux ou ne se rendant pas compte du fait qu’il existait une file ordonnée se remettaient dans le passage, causant grincement de dents et phrases agacées de ce qui attendaient depuis pas mal de temps déjà…

Ajoutons à cela l’idée étrange mais déjà vue de tirage au sort pour avoir les dédicaces des auteurs les plus courus… Sur le principe, pourquoi pas en définitive : cela permet à des amateurs d’avoir une chance de repartir avec un dessin d’un illustrateur convoité sans avoir à se lever à 6 heures du mat pour faire le pied de grue au milieu d’une foule de chasseurs de dédicaces patentés… Le hic c’est l’idée saugrenue et pour le moins débile de procéder au tirage au sort au moment de se présenter devant l’auteur et on a vu des gens s’étant tapé 3 heures de queues pour repartir finalement bredouille… Quelque peu rageant, notemment pour une famille Toulousaine s’étant déplacés en masse pour une dédicace de Keramidas, ayant attendu patiemment de l’ouverture jusqu’à 14h30 pour repartir avec la dédicace pour échouer à chaque fois lors du tirage au sort par un revers de fortune… Imaginez leur déception, leur amertume et leur écoeurement! Sans compter ceux qui refont la file et à qui la chance sourit deux ou trois fois alors que tant sont repartis bredouilles…

Mais le summum ce fut l’organisation de l’entrée dans la zone dédicace… Seuls les personnes désireuses de se faire dédicacer un album par un auteur présent pouvait y rentrer… Si cela avait le mérite d’avoir une zone calme autour des auteurs pendant quelques instants (le temps d’attendre que les « pointures » telles que Keramidas, Guarnido, Mourier ou Tarquin se pointe), nous arrivions rapidement à la pire absurdité : quel est l’intérêt d’un festival de BD ? repartir avec de jolis dédicaces, certes… Rencontrer les auteurs et pouvoir échanger avec eux autour de leur œuvre, évidemment… Mais aussi découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux albums attirés par de superbes dédicaces… Car si certains auteurs ont déjà acquis une certaine notoriété qui attirent les lecteurs par leur seul nom, d’autres, tout aussi talentueux mais moins connus du public, ont besoin de montrer leur talent pour se faire connaître, et c’est bien là l’intérêt des séances de dédicaces!
Et comme d’une part les organisateurs n’avaient pas cru bon d’afficher les couvertures des albums à côté du nom des auteurs (ça aurait été trop simple! un amateur de BD pouvant apprécier le décalogue sans pour autant savoir que Faure en est l’un des dessinateur par exemple), et que d’autre part seul pouvaient pénétrer dans l’espace dédicace ceux qui voulait se faire dédicacer un album par tel auteur, certains autres ont pu se sentir esseulés… Ainsi Christian Peultier (qui dédicaçait de fort jolie manière « Mirabelle », album jeunesse fort sympathique) ou Michel Alzéal, auteur du touchant « Pantin » et de « Boule de Neige » n’attirait pas les foules… Il a fallut que Michel Alzéal aille squatter le stand d’un libraire pour qu’il enchaîne dédicaces sur dédicaces tant son trait attirait l’œil…

Le plateau réuni cette année pour le 11ième festival de BD de Mandelieu était pour le moins alléchant, mais un manque criant d’organisation, des idées étranges ont quelque peu gâché le plaisir de cette rencontre… Certains se demandaient sarcastiquement comment les organisateurs de ce joyeux bordel pourront s’y prendre pour faire pire l’année prochaine… Ah si, il paraît que l’an prochain il faudra acheter ses BD sur place… C’est déjà un bon début pour aller vers le pire…

Merci en tout cas aux auteurs, qui comme de coutume, ont donné sans compter de leur temps et de leur énergie pour satisfaire les amateurs que nous sommes…
Le Korrigan