









Publié en 2005 par Ystari,
Caylus fait partie de ces jeux qui ont durablement marqué les joueurs pour son originalité, sa richesse et sa profondeur… Quatorze ans après, plutôt que de rééditer le jeu, son auteur, William Attia, a décidé de le revisiter, d’épurer ses mécanismes sans rien perdre de sa richesse… L’occasion pour les jeunes joueurs de découvrir ce chef d’œuvre ludique…
Dans
Caylus 1303, les joueurs incarnent des Maître de Guilde qui vont s’efforcer de développer la cité de Caylus et de renforcer les défenses du château bâti sur la frontière séparant le Royaume de France de la Guyenne…

Règles et matériel

Après avoir travaillé notamment sur la quatrième édition de
Citadelle ou sur
The River, Andrew Bosley signe les illustrations de cette nouvelle mouture de Caylus. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est bougrement talentueux ! Que ce soit la magnifique illustration de la boîte, l’imposant plateau de jeu ou les tuiles personnages, le matériel donne d’emblée furieusement envie de jouer…
Les joueurs du Caylus originel seront surpris de constater l’absence de cubes en bois… J’en vois déjà qui frissonnent d’horreur ! Si l’un des jeux de référence des amateurs de « cubes en bois » s’en voit dépouillé, où va-t-on ma pauvre dame? Rassurez-vous, ils n’ont pas vraiment disparu, ils ont été transformés en meeples représentant les ressources : nourriture, bois, pierre, tissus et or… Et c’est beau ! Autre changement : la monnaie sonnante et trébuchante de la première mouture a (réellement !) disparue… Une autre surprise de taille attend les joueurs de
Caylus : l’apparition d’intrigantes (mais magnifiques) tuiles Personnage…

Le livret de règles (12 pages dont 4 détaillant Personnages et Bâtiments et 1, fort bien conçues, synthétisant les règles) s’avère bien plus aéré que ne l’était celui de la première édition du jeu. Les différentes phases de jeu y sont exposées avec clarté et des exemples bien sentis viennent judicieusement lever toute ambiguïté…
Contenu de la boîte : 1 plateau de jeu, 90 jetons ressource (Nourriture, Bois, Pierre, Tissu et Or), 34 tuiles Bâtiment (Bâtiment de Départ, Bois et Pierre), 7 cartes Monuments, 12 tuiles Personnage, 1 pion Prévôt, 1 jeton Compte-tours, 1 tuile Premier Joueur, 120 jetons Points de Prestige (de valeur 1,3,5 et 10) et, pour chacun des 5 joueurs : 15 pions Ouvrier et 10 pions Maison de sa couleur.

Déroulement d’une partie
Mise en place
La mise en place s’avère relativement courte et plutôt fluide, grandement facilité par le schéma et explications contenues dans les règles.
Déroulement
Une partie de Caylus se déroule en 9 tours divisés en 4 phases :
1
Planification durant laquelle les joueurs vont, à tour de rôle soit placer 1 Ouvrier sur un bâtiment libre de la Route (en payant éventuellement 1 Point de Prestige à son propriétaire), soit Placer 1 Ouvrier sur un chantier, soit passer (dès qu’un joueur a passé, ses adversaires doivent dépenser 1 ouvrier supplémentaire pour effectuer une action!).
2
Activation: les Bâtiments sont activés l’un après l’autre, de la Porte de Caylus jusqu’au pion Prévôt. Un joueur possédant un ouvrier sur un Bâtiment activé peut en appliquer l’effet.
3
Livraison au Chantier: Les joueurs ayant placé un ouvrier sur le Chantier peuvent, dans l’ordre de placement, livrer un ou plusieurs lots de Ressource de type différents contenant au moins 1 Nourriture. Chaque lot livré lui rapporte 5 PP. A l’issue de cette phase, le joueur ayant livré le plus de lots gagne une Faveur lui permettant soit de prendre un Personnage à un autre joueur soit de bénéficier de l’effet d’un des 3 Bâtiments placés sur le Chantier avant de prendre un Personnage du plateau au choix.
4
Intendance: les tuiles de Départ où sont posées une maison sont retournées face Résidence. Si leur propriétaire le souhaite, les tuiles Résidence peuvent être remplacées par un Monument, en s’acquittant de son coût. Chaque joueur reçoit ensuite 3 Ouvriers. Le Prévôt est placé avant le dernier Bâtiment construit et le compte tour est avancé d’une case.
Fin de partie
La partie s’achève à l’issue du 9e tour. Les joueurs ajoutent 2 PP pour chaque Or en leur possession. Le joueur le plus prestigieux remporte la partie.

l’Avis de la Rédaction

Si Caylus s’est imposé comme l’
une des références incontournables de jeu de
pose d’ouvrier (avec
Agricola), ce n’est pas pour rien ! William Attia (dont nous vous recommandons l’excellent
Spyrium !) avait créé une petite merveille d’orfèvrerie alliant richesse des interactions et profondeur de jeu…
Les Space Cowboys auraient pu rééditer
Caylus tel quel tant le jeu s’avérait excellent… Mais l’auteur a préféré
le revisiter, le remanier, épurer ses mécanismes pour le moderniser… Et le fait est qu’il y a brillamment réussi !

De nombreux éléments ont été modifiés :
l’argent a purement et simplement disparu… La
mécanique alambiquée des Faveurs a été, salutairement, épurée. L’
action « Passer » se trouve subtilement modifiée : en plus de permettre de devenir Premier Joueur lors de la manche suivante, les joueurs restant en lice devront défausser un meeple supplémentaire pour en placer un sur le plateau ! Et c’est loin d’être anecdotique !
Exit aussi la piste de score, remplacée par des jetons de Prestige…

La
fin de partie à l’issue de 9 manches (et non pas à l’arrivée du bailli à la case de décompte), ce qui modifie considérablement la durée des parties qui pouvaient être très courtes ou au contraire trrrrrèèèèèsssss longues (j’ai souvenir d’une partie ayant dépassé 3 heures !). Désormais, 9 manches, point barre… (mais il s’en passe des choses en 9 manches !!!)
Toutes
ces modifications fluidifient indubitablement le jeu, élargissant de façon conséquente le public auquel il est destiné… Même si sa profondeur le réserve à des joueurs réguliers plus à même d’en percevoir et d’en apprécier les finesses et les subtilités…
Les
tuiles Personnage modifient subtilement la physionomie du jeu… Chaque joueur débute la partie avec un Personnage réparti avec un
draft minimaliste… Trois autres (celles qui n’auront pas été choisies par les joueurs) sont disponibles sur le plateau… Mais rien n’est figé, les Faveur permettent justement de s’emparer d’un Personnage, qu’il soit posé sur le plateau ou en possession d’un adversaire! Et au vu des capacités des Personnages, les posséder confère un avantage indéniable !
Autre élément appréciable : alors que dans la première mouture les premiers bâtiments étaient imprimés sur le plateau, dans cette nouvelle version, ils sont tirés aléatoirement lors du setting, assurant
des parties aux physionomies très différentes…

Sorti en 2005, Caylus s’était rapidement imposé comme un monument ludique incontournable…
Quatorze années ont passé et, plutôt que de rééditer le jeu en ne retravaillant que l’habillage, William Attia et les Space Cowboys ont décidé de dépoussiérer le jeu, de revisiter ses mécanismes afin de les épurer et de fluidifier les parties sans pour autant le dénaturer… Le résultat est à la hauteur de nos plus folles espérances tant on retrouve dans cette nouvelle version tout ce qui faisait le charme de Caylus : l’ossature de sa mécanique, sa richesse et sa profondeur…
Caylus 1303 est une petite merveille qui permettra aux jeunes générations de découvrir un chef d’œuvre ludique que les moins de vingt ans pouvaient, jusque-là, ne pas connaître… A découvrir et à jouer sans modération…

On aime...

la profondeur et la richesse du jeu

l’élégance du matériel

les règles épurées assurant des parties plus fluides

les interactions riches et variées

les Personnages et les Bâtiments de base assurant un excellent renouvellement

On n'aime pas...
Caylus et
Caylus 1303 sont deux excellents jeux… je crains qu’il ne faille garder les deux