30 octobre 1938. Sur les ondes de C.B.S., le jeune Orson Welles diffuse une version modernisée de la Guerre des Mondes de H.G. Wells. Jouant avec les codes naissants de la radio, il raconte avec la conviction d’un journaliste l’implacable enchaînement des événements déclenchés par l’attaque extra-terrestre…
Le lendemain, les journaux du pays relate de tragiques faits survenus dans le pays : scène de panique, suicide, meurtres… Inquiets de ces rumeurs, la station dépêche un ancien journaliste pour enquêter sur la mort d’un homme qui aurait abattu sa femme et son fils avant de se donner la mort pour ne pas tomber entre les mains des martiens… Si les faits sont avérés, c’en est fait de la jeune radio…
L’histoire est bien connue : une drama radiophonique dirigée par Orson prise pour argent comptant par les auditeurs a fait souffler un vent de panique et provoqué des hystéries collectives dans tous les Etats-Unis… L’histoire a été répétée, amplifiée et déformée pour prendre corps et devenir pour beaucoup une réalité… En vérité, ce sont surtout les gros titres des journaux, sans doute inquiets de voir les radios prendre leur essor, qui ont lancé la folle rumeur, la faisant enfler jusqu’à devenir la légende urbaine que l’on sait…
Une fake news car d’une part l’émission n’ayant qu’un faible auditoire, elle n’a pas pu toucher qu’un nombre restreint d’américains… D’autre part parce qu’aucun des suicide et meurtres relatés ne semble fondés sur des faits avérés… Mais si les rumeurs n’ont pas attendus les réseaux sociaux pour se propager et devenir pour beaucoup la vérité, ce récit vu par les yeux de nos contemporains prend un relief pour le moins saisissant…
Avec le talent qu’on lui connaît, Laurent Galandon s’invite dans les coulisses de cette histoire qui fait désormais partie du folklore médiatique américain pour tisser un polar envoûtant et au rythme savamment étudié qui brosse avec force le portrait de l’Amérique profonde… Son découpage s’avère remarquable et parfaitement maîtrisé avec ce prologue montrant les acteurs du drame à venir écouter la fameuse émission qui devait assurer la renommée d’Orson Welles et faciliter son projet de
Citizen Ken qui le ferait définitivement passer à la postérité… Par bribes, le scénariste donne des éléments épars, sans liens apparents… Porté par un ancien journaliste désabusé dont il fait l’écrivain du roman dont il s’inspire, par une vertigineuse mise en abîme, le scénario solidement charpenté de Laurent Galandon va assembler avec art chacune des pièces du puzzle pour former un tout parfaitement cohérent et tragiquement glaçant…
Le trait réaliste de Jean-Denis Pendanx, auteur du saisissant
Au bout du fleuve et dessinateur (entre autre !) du bouleversant
Tsunami de Stéphane Piatzszek, immerge d’emblée les lecteurs au crépuscule les années 1930.
Soignant tout particulièrement les ambiances grâce à une colorisation somptueuse, l’artiste fait montre d’un sens aiguisé de la narration, usant avec art d’un découpage redoutablement efficace et de cadrages subtils qui viennent dynamiser l’action et accentuer la dramaturgie du récit.
Laurent Galandon s’inspire d’un mythe radiophonique pour écrire un polar envoûtant qui entraîne le lecteur dans l’Amérique profonde des années 30…
La une des journaux du pays dénonçant vertement l’émission durant laquelle Orson Welles proposait une adaptation moderne de la Guerre des Mondes de H.G. Wells, C.B.S. dépêche un ex-journaliste désabusé pour enquêter sur un triple meurtre imputé à l’émission…
Solidement charpenté et superbement mis en image par l’impressionnant Jean-Denis Pendanx, A fake story est un album captivant censément inspiré du roman éponyme d’un ancien journaliste, Douglas Burroughs… A moins que tout ne soit que fiction .
- Ah… L’épée de Damoclès est donc suspendue au dessus de la tête de C.B.S.
- Exactement. Pour le moment ; les journaux ne sont pas au courant.
- […] Et supposons que l’enquête confirme la responsabilité de C.B.S ?
- Je suis venu chercher Douglas Burroughs pour sa probité. Toi tu n’y crois plus mais tu sais l’idée que je me fais du journalisme. Alors si C.B.S. est responsable, nous assumerons. dialogue entre Douglas Burroughs et le vice-président de C.B.S.