Le tumulte des combats s’estompe peu à peu… Sur le champ de bataille jonché de cadavres, certains achèvent les blessés avant de piller leur dépouille encore tiède… Au milieu de ces corps sanguinolant, un jeune guerrier semble perdu après avoir montré une ardeur peu commune au combat…

Que fait ce jeune noble au milieu de ce ramassis de canailles et de tueurs de la pire espèce ? En rupture de ban avec sa famille, il va rejoint la troupe des Sans-Âme, des mercenaires cruels et violents… Mais bon sang ne saurait mentir et il aura bien du mal à s’adapter à leurs mœurs dépravés…

Superbement composée, la couverture de Sans-Âme est de celle qui attire l’œil avec ce guerrier au premier plan au milieu d’un champ de bataille dans lequel on distingue en arrière-plan des silhouettes lourdement armées… L’absence singulière de de couleur rend l’illustration plus puissante encore…

S’inscrivant dans une veine classique, le trait acéré de Mario Alberti, révélé par Morgana (scénarisé avec Luca Enoch) est d’autant plus efficace qu’il est rehaussé par une mise en couleur subtile qui joue avec les contrastes pour mettre en scène des personnages aussi charismatiques qu’inquiétants… Mais si ses planches ont un tel impact, c’est que son découpage nerveux et cinématographique accentue avec force la dramaturgie de chaque scène, de même que ses décors parfois fuligineux qui contribuent à poser cette atmosphère violente qui baigne l’album…

Ecrit à quatre mains, le scénario s’avère pour l’heure assez minimaliste mais puise sa richesse et sa force dans la formidable galerie de personnages peu recommandables qui constituent la sinistre bande de mercenaire. En quelques cases et en quelques mots, les auteurs parviennent à dresser un portrait saisissant de chacun d’entre eux… et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils constituent une sacrée bande de salopards ! S‘ils sont unis au cœur des batailles, il ne fait pas bon les fréquenter lorsque le fracas des armes s’est tut… Entre le malsain Cannibale, le terrifiant Sans-Visage ou la bien-nommée Charogne (pour ne citer qu’eux !), notre jeune chevalier va avoir fort à faire pour garde son âme dans cette vallée de larmes et de sang… Le quotidien des Sans-Âme est décrit de façon sombrement immersive, imprimant une atmosphère dense et poisseuse à l’ensemble…

Difficile de savoir vers quels sombres horizons nous conduisent Stefano Vietti et Luca Enoch, scénariste de cette série pleine de fureur, de violence et de sang… Mais le fait est que ce premier opus pose de solides bases sur lesquelles les auteurs pourront développer un récit épique et sanglant…

Le travail graphique réalisé par Mario Alberti s’inscrit dans une veine très cinématographique et, doté de trognes cabossées, les mercenaires de la troupe de Sans-Âme qu’il met en scène s’avère particulièrement inquiétants, distillant une ambiance oppressante et rendant le personnage du noble plus singulier encore…

Sans-Âme pose les bases d’un récit d’heroic-fantasy bougrement intrigant dont il nous tarde de lire la suite…

Comment ai-je pu finir dans cet enfer ? Qu’est ce qui m’a conduit chez les sans-âmes ?le jeune noble