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Le Petit Frère
Le Petit Frère



Fiche descriptive

Roman Graphique

Jean-Louis Tripp

Jean-Louis Tripp

Jean-Louis Tripp

Casterman

11 mai 2022


28€

9782203228641

Chronique
Le Petit Frère
Sortir de l’abyme

Un soir d'août 1976. JeanLouis a 18 ans. C'est le temps des vacances en famille, des grandes chaleurs et de l’insouciance... Mais un événement brutal va tout interrompre : Gilles, le frère de JeanLouis, est fauché par une voiture. Transporté à l'hôpital, le garçon succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Pour JeanLouis, hanté par la culpabilité, un difficile parcours de deuil commence...

45 ans plus tard, l'auteur choisit de revenir sur cet épisode et de retraverser chaque moment du drame. Avec franchise et sensibilité, il sonde sa mémoire et celle de ses proches pour raconter les suites immédiates et plus lointaines de l'accident, luttant pour dessiner la perte tragique d'un petit frère de 11 ans qui continue d'exister dans l'histoire familiale...
un chef d'oeuvre!


Sortir de l’abyme
le Petit Frère, planche de l'album © Casterman / TrippDans un style sobre, tout en retenue, la couverture du Petit Frère nous chamboule d’emblée, pour peu que l’on connaisse le propos douloureusement mélancolique de l’album… On y voit l’auteur, jeter une poignée de fleurs sur l’asphalte de la route où son petit frère est mort, âgé d’à peine 12 ans… La narration est en tout point bouleversante et l’album s’annonce dès les premières pages comme l’un des plus marquant de cette année…

Jean-Louis Tripp a puisé dans des souvenirs douloureux pour écrire ce roman graphique de plus de 300 pages qui nous parle de la mort de son petit frère, sur une route des monts d’Arrée que sa famille et lui traversaient alors à bord d’une roulotte. Il aura fallu près d’un demi-siècle avant que l’auteur d’Extases ou de Magasin Général n’accouche de cet album tournant autour du souvenir de cette perte. Le récit est remarquablement bien construit, avec ce motif récurent qui rythme l’album : la main de l’auteur qui lâche celle de son frère qui est descendu du mauvais côté de la route avant d’être fauché par un chauffard roulant à trop vive allure…

un album bouleversant de justesse et de sincérité
le Petit Frère, planche de l'album © Casterman / TrippAvec pudeur et retenue, l’auteur nous parle de ce sentiment de culpabilité qui fut sien mais aussi celui de ses proches, de celui de sa mère à celui de son autre petit frère, sans oublier sa demi-sœur qui a grandi dans l’ombre de ce défunt qu’elle n’a jamais connu. Rarement le deuil et la résilience n’auront été abordé avec tant de sincérité et de finesse que dans cet album intimiste à la portée universelle… Avec des mots simples, l’auteur nous parle de cette douleur inimaginable pour ceux qui n’ont pas traversé cette tragique épreuve, nous livrant ses souvenirs parcellaires, complétés par ses échanges avec ses proches, reconstituant pages après pages, le déroulé de cette funeste journée d’août 1976…

Les dialogues et les récitatifs sont d’une justesse confondante, donnant à comprendre les tourments des différents protagonistes, de l’impuissance ressentie face à la mort, de la culpabilité qui ronge, de la colère qui s’empare de l’auteur, jusqu’au long chemin de l’acceptation et du pardon…

le Petit Frère, planche de l'album © Casterman / TrippSi l’auteur s’excuse de n’avoir pas su donner à ses proches l’apparence qui fut la leur, force est de reconnaître que l’artiste parvient, avec une désarmante facilité sans doute apparente, à mettre en scène la violence des sentiments qui les transpercent et la douleur qui est leur. Chaque scène s’avère chargée en émotion, de l’insouciance estivale des premières pages au drame qui vient briser leur vie, de la veillée du corps, tout juste bouleversante, à la séquence du cimetière, retranscrite de façon poignante et sensible… Comment n’être pas bouleversé par la façon dont Jean-Louis Tripp dessine ses regards qui en disent bien plus que bien des mots et dépeigne avec force le ressenti de chacun des personnages. Leur tristesse et leur douleur se fait chair et entre en écho avec la douleur de nos propres deuils. Texte et dessin se répondent et s’enrichissent l’un l’autre, faisant de ce Petit Frère un de ces petits bijou dont seul le neuvième art a le secret…

Mettant en scène des personnages fait de chair, de larmes et de sang, chacun des protagonistes de l’album s’avère crédible et cohérent, rendant le récit de ce drame et de cette résilience plus bouleversante encore. Jouant avec la temporalité de son récit qui se déroule sur plusieurs décennies, l’auteur dépeint des sentiments qui évoluent subtilement avec le temps, des blessures qui cicatrisent, sans jamais guérir entièrement, ces montagnes russes émotionnelles qui sont le lot des survivants et qui entraînent les personnages sur les sinueux chemin de la reconstruction…

le Petit Frère, planche de l'album © Casterman / TrippLe Petit Frère de Jean-Louis Tripp fait partie de ces albums intimiste, bouleversant de sincérité et de justesse dont la portée est pourtant universelle.

Avec ce récit intimiste, l’auteur de Magasin Général ou d’Extases revient sur l’un des éléments douloureux de sa vie : la mort de son petit frère, fauché par un chauffard un beau jour d’été… Un drame qui le hantera toute sa vie durant… Mais, si ce récit intimiste s’avère bouleversant, si vivre sans ce frère qu’il aimait est une douleur que Jean-Louis Tripp garde chevillée au corps, l’album n’en reste pas moins porteur d’espoir pour ceux qui traversent une période de deuil. Car la vie continue, envers et contre tous, malgré la culpabilité, la souffrance et les larmes…

La dernière séquence de l’album est une petite merveille de beauté mélancolique, montrant le chemin parcouru par Jean-Louis, sa sœur et son frère depuis cette tragédie, à bord de cette roulotte…

Je pourrais dire que le Petit Frère est un chef d’œuvre, car s’en est un… Mais le mieux est encore de le lire…


J'ai le sentiment que le deuil d'un enfant ne peut se partager qu'avec quelqu'un ayant vécu le même drame. On peut se projeter, imaginer et faire preuve de toute l'empathie de la terre, mais l'expérience de cette épouvantable douleur, la douleur de la perte contre-nature, l'amputation violente de la chair de sa chair... non, on ne peut pas savoir.Jan-Louis Tripp

Le Korrigan




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