Après le Décalogue, Quintett est la nouvelle saga de Frank Giroud. Là encore, chaque tome est illustré par un dessinateur différent, mais contrairement au décalogue où il s'agissait de gagner du temps pour la parution des différents volumes, c'est ici un choix délibéré de Giroud, dans l'intérêt de la série.

En effet, rappelons le principe de Quintett. L'action se déroule à Pavlos durant la première guerre mondiale, cette zone étant gérée par les forces françaises. Dans les quatre premiers volumes, Giroud nous narre l'histoire de quatre personnages présents dans la zone mais de conditions différentes, ce qui les rapproche étant leur appartenance à un quintett musical (d'où le titre), le cinquième membre étant volontairement inconnu.

Chacun de ces quatre premiers tomes raconte donc les évènements vus par un seul de ces personnages, c'est pourquoi le fait que chaque regard soit le fruit d'un dessin différent est une bonne idée. Le cinquième tome se déroule quelques années après et les protagonistes apprennent qu'ils ont été manipulés, par le pianistes justement. Cette série crée un grand suspense jusqu'à son dénouement, qui est tout à fait satisfaisant et cohérent. De plus, bien que parfois redondants, les quatre premiers tomes sont captivant, et ne provoquent aucune lassitude chez le lecteur. A coup sur une oeuvre majeure du neuvième art.

par Bruno

Fort du succés, amplement mérité, du Décalogue, Franck Giroud récidive et nous propose à nouveau une histoire qui ‘annonce magistrale. Composée en cinq mouvements, qui seront autant de points de vue sur des faits. Chaque point de vue sera objectif puisqu’il sera narré à travers la vision d’un des cinq personnage formant le Quintett de jazz destiné à améliorer le moral des troupes. Interprété plus que joué d’ailleurs puisque comme le souligne le scénariste, chacun joue son passage, sans savoir qu’il appartient à une partition commune.

Chaque tome sera dessiné par un dessinateur différent : Cyril Bonin, Paul Gilon, Steve Cuzor, jean-Charles Krahen et Giulo de Vita. Ainsi entre la publication des deux premiers tomes et celle de la chute, seuls un an et demi se sera écoulé…

Le premier tome de cette série ambitieuse se propose de narrer l’histoire de la belle et talentueuse Dora Mars, chanteuse de cabaret à la recherche de l’Amour. Dessiné par Cyril Bonin dont certain ont déjà pu apercevoir le talent dans l’excellente série Fog, scénarisé par Roger Seiter, ce premier tome est une réussite graphique incontestable. Les pinceaux de Cyril Bonin font une nouvelle fois merveille et parviennent impeccablement à camper l’atmosphère paisible et romantique de ce premier tome… Je reste encore et toujours en admiration devant les planches de ce dessinateur au style si particulier et envoûtant.

La structure narrative de ce premier tome est impeccable et le récit semble solidement charpenté. Ca et là, d’insignifiants détails semble baliser les récits à suivre et prendront sans nul doute toute leur importance lors des mouvements futurs… Exercice de style périlleux que celui d’offrir au lecteur des tomes apparemment indépendant mais dont la richesse vient des éléments qui les relient les uns aux autres pour transformer chacun des récits… Exercice périlleux dont Frank Giroud, formidable conteur et faiseur d’histoire, se sort à merveille… L’histoire de Dora Mars est en fait un récit dans le récit, récit dont la dernière page fait planer de gros doute quand à la vision qu’en a eu l’héroïne.
Et si l’histoire que ce propose de raconter ce premier tome peut paraître à la fois simple et fleur bleue, quoi de plus normal puisque ce premier mouvement est interprété par la charmante Dora Mars, artiste de musichall à la recherche du Prince Charmant?

Ce premier tome démarre une série captivante dont on attend avec impatience la conclusion qui sera semble-t-il la clef de voûte qui éclairera d’un jour nouveau chacun des récits.